vendredi 31 janvier 2025

NEKROGORE - EXCRETED FROM THE INNARDS OF ROT


Après un album, Tomb of Truth, paru en 2023, Nekrogore nous fait la joie de revenir avec un EP, Excreted from the Innards of Rot, qui vient tout juste de pointer le bout de son nez. Si l'objet ne contient que deux morceaux pour un total de cinq minutes d'écoute, le groupe mexicain n'en demeure pas moins à l'aise dans les ambiances méphitiques dont il s'entoure avec son death old school pestilentiel à souhait, directement en provenance des profondeurs les plus humides et puantes de la terre.

AORTIC RUPTURE - TALES OF THE LIVING DEAD


En provenance des Pays-Bas, Aortic Rupture, projet solo du jeune artiste Kees Eggens, nous la joue horrifique à fond sur son nouvel EP, Tales of the Living Dead. Au programme, du gros death metal de la vieille école bien dégoulinant sur fond de film d'horreur des années 80, le mimétisme allant jusque sur la pochette truffée de références cinématographiques (l'une d'elles étant reconnaissable) dont je laisse le soin aux spécialistes du genre de deviner, sans oublier le titre de l'EP en lui-même. Cerise sur le gâteau, l'intégralité de ce méfait sanglant est en écoute.

DESCARREGO - STARING INTO THE ABYSS


Jeune groupe brésilien basé à Sao Paulo, Descarrego ne s'embarrasse pas de fioritures sur son premier EP, Staring into the Abyss, qui est paru au début du mois. Le quatuor y délivre un bon death old school franc du collier parfois teinté de doom. Il ne vous reste plus qu'à plonger avec eux dans les abysses en écoutant Veils of Death, morceau extrait de ce premier chapitre.

jeudi 30 janvier 2025

VIDÉO : LACERATION - STRANGLED BY HATRED


Fort d'un très bon second album, I Erode, de pur death metal old school sorti l'été dernier chez 20 Buck Spin, Laceration en a remis une couche récemment en dévoilant un clip pour Strangled by Hatred, single extrait du dit opus que Ravage Cérébral n'avait pas hésité une seconde à classer parmi ses trente albums favoris de death metal de l'année 2024.

REEKMIND - CAVERNOUS CREEPER


En provenance d'Australie, Reekmind va dévoiler le 7 mars prochain son premier album studio, Mired in the Reek of Grief, via le label néerlandais Night Terrors Records. Sur Cavernous Creeper, morceau extrait de cet opus, le trio nous fait visiter des bas-fonds poisseux et nauséabonds avec son death/doom massif et délétère.

VIDÉO : CYANIDE GRENADE - V.I.C.T.I.M.


Avec un troisième album en poche, Cannibal Era, qui vient juste de paraître, et plus de dix ans de carrière au compteur, Cyanide Grenade s'affirme comme l'une des valeurs sûres du thrash metal old school. Le groupe originaire de Russie le démontre avec brio dans le clip qu'ils ont tourné récemment pour V.I.C.T.I.M., morceau extrait de cet opus énergique et endiablé rappelant les belles heures du thrash metal.

mercredi 29 janvier 2025

LE CULTE DE L'UNDERGOUND : CES ALBUMS DE DEATH METAL PARMI LES PLUS BRUTAUX ET OUTRAGEANTS DES ANNÉES 90 (PARTIE 1 : 1990-92)


Historiquement, on peut situer la période la plus prolifique du death metal dans les années 90, notamment celle allant de 1990 à 1995 durant laquelle des parutions majeures ont eu lieu. En dresser la liste ici serait beaucoup trop long. Dans le même temps, et même après 1995, des groupes d'une rare brutalité ont fait parler d'eux en sortant des albums dépassant largement les limites de la décence et qui, aujourd'hui, font encore l'objet d'un véritable culte de la part des amateurs de death metal underground. Des disques si dérangeants et outrageants, si violents et si directs dans leur approche musicale que les écouter est une épreuve redoutable même pour des auditeurs habitués au metal dit extrême. Ravage Cérébral propose, dans le cadre de sa rubrique Le culte de l'underground, de vous faire revisiter cette période en dévoilant une liste d'albums de death metal durs, crus et bestiaux parus durant cette période. Ce dossier sera divisé en trois parties :
  1. 1990-92
  2. 1993-95
  3. 1996-99
Nous commençons dès maintenant par la période allant de 1990 à 1992. Soyez donc prêts pour un ramonage en profondeur des conduits auditifs.

Cancer - To the Gory End (Vinyl Solution, 1990) :


Précurseur de la scène metal extrême britannique, le groupe originaire de Telford, qui possédait alors un lineup de folie avec John Walker au chant et à la guitare (toujours présent aujourd'hui), Ian Buchanan à la basse et Carl Stokes à la batterie, s'était alloué les services de Scott Burns qui mixa ce premier opus à la pochette de légende (basée sur une scène du film Dawn of the Dead sorti en 1978) au célèbre Morrisound Studios. Cancer signait un véritable coup de maître avec son death directement alimenté par un thrash très brutal sur lequel le combo allait bâtir sa réputation.

Impetigo - Ultimo Mondo Cannibale (Wild Rags Records, 1990) :


Premier album, premier coup de pied dans les testicules (il y en aura d'autres) pour le groupe né en 1987 à Bloomington, Illinois. Un monument gore de pure folie, dépravé, décadent et profondément irrespectueux, véritable doigt d'honneur lancé à la face du monde. Indémodable et impérissable, ce disque constitue encore de nos jours une référence absolue du deathgrind dans la plus pure tradition du genre. Les plus sensibles ne pourront résister à cet assaut d'une rare violence qu'est cet album culte.

Merciless - The Awakening (Deathlike Silence Productions, 1990) :


Les européens n'étaient bien entendu pas en reste en matière de musique extrême au début des années 90, en particulier les scandinaves. En provenance de sa Suède natale où il naquit en 1984, Merciless accoucha six ans plus tard d'un premier album remarquablement abouti, chapeauté par le label Deathlike Silence Productions tenu par un certain Euronymous. Sur ce disque haineux, le quatuor vomissait ses hymnes guerriers et anti-religieux en délivrant un death/thrash sulfureux et subversif comme s'il était craché par les goulots de l'enfer. Une première œuvre majeure, véritable pièce maîtresse du groupe.

Nuclear Death - Bride of Insect (Wild Rags Records, 1990) :


Un disque important à plus d'un titre. D'une part parce qu'il est toujours considéré de nos jours comme l'une des œuvres majeures de l'époque dans le domaine du deathgrind, d'autre part parce que sa charismatique chanteuse, Lori Bravo (qui était également bassiste) fut tout simplement parmi les toutes premières voix féminines du metal extrême. Ce premier opus ultra violent et sans la moindre pitié était l'alliance parfaite du death metal et du grindcore auquel le groupe ajoutait des sonorités thrash et punk qui rendaient les morceaux encore plus brutaux. Un album à jamais dans la légende.

Mortification - Mortification (Intense Records, 1991) :


Les australiens frappaient un grand coup sur ce premier album éponyme sur lequel était libéré un death/thrash metal cinglant et agressif, porté notamment par les vocaux terrifiants de Steve Rowe, bien épaulé par une base rythmique écrasante et soutenue. Le truc assez drôle dans l'histoire est que le groupe, toujours actif aujourd'hui même s'il n'a plus sorti de LP depuis dix ans, est profondément ancré dans le christianisme. Sur quelques photos officielles, on voit ainsi les membres prendre la pose dans des églises. Et pourtant, dites-vous bien que cet opus était l'un des plus brutaux de l'année 1991.

Sarcofago - The Laws of Scourge (Cogumelo Records, 1991) :


L'alcool, la luxure, la dépression, le suicide, la mort, la religion, Satan, Sarcofago a touché à peu près à tous les thèmes sociétaux dits sensibles durant son existence en n'hésitant pas à sortir un crachat vulgaire à la face de la bien-pensance qui en fit un groupe controversé. Les psaumes blasphématoires du combo brésilien franchissaient un cap supplémentaire dans l'indécence sur ce deuxième album parfois surprenant (les mélodies de Prelude to a Suicide et de Little Julie) mais, ce n'était que le masque qui cachait le visage d'un groupe brutal maniant à la perfection la mixture de death, de thrash et de black metal qui était sa marque de fabrique. Impossible de sortir indemne d'un ouvrage aussi colossal.

Sadistik Exekution - The Magus (Vampire Records, 1991) :


Si Sarcofago était déjà fort en matière d'excentricité, Sadistik Exekution n'avait sans doute rien à lui envier. Fondé à Sydney en 1986 et considéré à juste titre comme étant parmi les premiers groupes australs de metal extrême, le combo lança en 1991 une bombe incendiaire avec The Magus, son premier album. L'irrévérence, la violence et la dépravation étaient les sceaux de ce quatuor qui versait dans un blackened death/thrash abordé par son versant le plus brutal et le plus extrême. Le groupe n'hésitait pas un instant à piétiner allègrement tout ce qui passait à sa portée.

Morpheus Descends - Ritual of Infinity (JL America, 1992) :


Premier et unique album du groupe de Middletown paru juste après sa première résurrection (il y en eut d'autres par la suite), d'une agressivité sans précédent car, il s'agissait ici d'un death metal sculpté dans la roche, dont les fondations étaient bâties sur une impressionnante section rythmique que les vocaux rageurs du regretté Jeff Reimer soutenaient avec autorité. C'était du death qui suintait la saleté, la méchanceté et l'insalubrité, impitoyable et macabre.

Brutal Truth - Extreme Conditions Demand Extreme Responses (Earache Records, 1992) :


Que dire, si ce n'est qu'il s'agit d'un des albums les plus marquants de l'époque dans le deathgrind, j'aurais même presque envie de dire toute catégorie confondue. Un disque de pure brutalité et de violence qui a charpenté l'histoire du death metal et qui a fait du groupe de New-York un des plus grands de tous les temps. Aucun temps mort ne vient interrompre ce premier opus ravageur, pierre angulaire de la musique extrême à tel point qu'on a le sentiment qu'il n'a pas pris une ride plus de trente ans plus tard. Du très grand art par des maîtres du genre qui ont toujours su demeurer fidèles à leurs valeurs.

Fleshcrawl - Descend into the Absurd (Black Mark Productions, 1992) :


Le groupe bavarois se livrait à un remarquable exercice de style sur ce premier album édifiant, enveloppé d'une noirceur opérant une pression écrasante, comme si l'auditeur était précipité dans les abysses de l'océan. Agrémenté d'un doom horrifique et infâme, le death metal de Fleshcrawl n'en devenait que plus brutal et oppressant sur des morceaux dépassant tous les cinq minutes et soutenus par d'imposantes structures monolithiques à vous donner des frayeurs incontrôlables. Une œuvre puissante et rarement égalée.

VIDER - STRIKE WITH PUTREFACTION


Vider est le projet solo d'un mystérieux artiste suédois répondant aux initiales de A.H. L'homme semble s'être fixé pour objectif de produire un death metal d'une noirceur absolue, oppressant, abyssal et pouvant flirter aussi bien avec le black metal que le grindcore. Le résultat de cette expérience est un album inaugural intitulé Strike With Putrefaction que vous pouvez dès à présent écouter dans son intégralité, à vos risques et périls, bien sûr.

VIDÉO : NECRAMBULANT - SENTENCED TO A GLUTTONOUS PIT


Non content de nous sortir bientôt son nouvel opus, Upheaval of Malignant Necrambulance, chez Gore House Productions (nous en parlions ici), Necrambulant se fend désormais d'un clip très méchant, bien dans la tradition slam/brutal death metal du groupe de Phoenix, en attendant le 7 mars, date de parution de cette machine à charcuter. De quoi se mettre dans l'ambiance avant le carnage qui s'annonce.

mardi 28 janvier 2025

FLAMESPITTER - DEVOURED BY FEAR


La scène metal extrême canadienne aura toujours cette remarquable capacité à nous surprendre. Pourtant, Flamespitter n'est pas un inconnu, loin de là. Voilà dix ans que le groupe de l'Ontario s'évertue à déployer toute sa palette créative en mélangeant diverses influences musicales venant aussi bien du death, du thrash et du hardcore que du groove metal. Son quatrième EP, Devoured by Fear, continue de s'inscrire dans cette lignée et on ne va surtout pas bouder notre plaisir. 

ELPHAEL - NAILED TO THE HALIGTREE


Elphael est un mystérieux et obscur projet dont on ne sait pas grand chose si ce n'est qu'il est basé dans l'état de Virginie. Je vois dans cet appellation un hommage au célèbre jeu de RPG Elden Ring puisque le nom d'Elphael y est référencé, de même que celui de Haligtree, un arbre sacré. Mes connaissances de cet univers étant trop limitées pour vous en dire plus, contentons-nous de parler musique en précisant que ce groupe fait dans le slam/brutal death metal sur son premier album auto-produit, Nailed to the Haligtree, qui vient tout juste de paraître et qui, ma foi, se révèle digne d'intérêt dans ce genre.

MOROS - LURKING MASS


Afin de fêter comme il se doit ses dix ans de carrière cette année, Moros nous dévoilera le 7 mars prochain un nouvel EP, Recrudescent Horror, prévu de sortir sur le label Knife Hits. Ceux qui ont déjà entendu le groupe originaire de Philadelphie, notamment sur Weapon, album paru en 2019, et dont fait partie Jason Dost du groupe Krieg, savent à quoi s'attendre, Moros étant capable de produire un death/doom de très bonne facture, aussi bien influencé par le heavy metal que par le sludge metal. Voici un aperçu de leur talent avec Lurking Mass, morceau extrait de cet EP.

lundi 27 janvier 2025

INTO THE CRYPT : SAWED APART - CRYPTIC CARVINGS


Si mes souvenirs sont bons, j'ai visité le cimetière du Père-Lachaise deux fois. La première fois, j'avais trouvé le lieu tellement labyrinthique que j'ai cru m'y perdre et ne jamais en trouver la sortie. Seul dans les allées bordées de tombes et jonchées de feuilles mortes, je craignais de tomber sur les morts-vivants que j'avais vu dans Night of the Living Dead de George A. Romero ou sur l'une des ces femmes intrigantes et possédées de La Nuit des Horloges de Jean Rollin dont je n'ai jamais réussi à trouver la tombe au Père-Lachaise où il est inhumé dans la section 27. Pire, j'ose à peine imaginer ma réaction si étaient apparus devant moi trois hurluberlus armés de scies et psalmodiant des borborygmes sans doute dans le but d'invoquer des divinités sataniques dont j'allais être la victime, supplicié et sacrifié sur l'autel. Rien de tout ceci n'est arrivé, à mon grand soulagement, l'eau ayant coulé sous les ponts puisque depuis cette visite remontant à des temps lointains, je me suis mis à verser moi-même dans les rites les plus sombres consistant à écouter du death metal.

J'ai beau être devenu un auditeur aguerri et très attentif à l'actualité ainsi qu'à l'évolution de la scène, j'arrive encore à être surpris en faisant des découvertes inattendues, l'une des dernières étant Sawed Apart. Le groupe, cofondé par un couple de jeunes mariés, Jacob et Alexa Lagace, l'année dernière dans le Connecticut, erre dans les profondeurs obscures de l'underground, entité cachée dans la nuit noire des cryptes. Jacob chante et joue de la guitare, tandis qu'Alexa est bassiste. Quant au troisième larron, Kurt Scameheorn, ce dernier assure les fonctions de batteur. Toujours l'année dernière, le trio a conçu ses deux premiers morceaux dont Cryptic Carvings, hymne d'une inquiétante noirceur, rempli de malfaisance et d'odeurs fétides, d'un pur death metal de la veille école. Le groupe y montre un potentiel plus qu'intéressant susceptible de les mettre sous le feu des projecteurs, encore faut-il persévérer et trouver sa place dans le foisonnement de groupes qui pullulent aujourd'hui dans les dimensions infernales. Un indice nous permet de croire qu'un projet sans doute plus ambitieux est en cours : l'embauche très récente d'un second guitariste, Sean Scameheorn, qui ne peut être, j'imagine, que le frère de Kurt. Les voici désormais quatre et prêts à invoquer les créatures de la nuit. Nous allons, par conséquent, devoir suivre Sawed Apart de près.

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 31


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Ancient - Eerily Howling Winds (1993) :
En des temps immémoriaux où il allait asseoir sa légende à tout jamais, Ancient, alors emmené par Aphazel et Abyssus, posait les fondations de son black metal mélodique sur cette première démo passée à la postérité. Le premier assurait avec brio une section rythmique soutenue et inspirée, tandis que le second posait sa voix maléfique sur des mélodies sombres et planantes portées par des chorus touchant au sublime, notamment sur le morceau qui donnait son titre à la démo. L'authenticité et le côté subversif du black metal de la seconde vague, servie ici dans les aspects les plus distordus de ses harmonies, n'avaient plus qu'à fournir le carburant essentiel pour que le moteur tourne à plein régime et le tour était joué. Une des plus grandes démos de BM de l'époque, toujours au sommet plus de trente ans plus tard.

Putrefaction - Inside the Crypt (1994) :
Restons en Norvège avec un groupe de death metal entouré d'un voile impénétrable de mystère puisqu'on ne connait ni sa date de fondation, ni sa date de disparition et encore moins ce qui est arrivé à son vocaliste, décédé à une date inconnue dans des circonstances qui le sont tout autant. Plus étrange encore, cette seule démo laissée en héritage comporte six morceaux sans titre, simplement numérotés. Ce que l'on sait, en revanche, est que tout cela fut enregistré en 1993 dans un village du nom de Skoppum dans le comté de Vestfold et que le groupe, qui était un trio, pratiquait un superbe death metal, lugubre et soutenu, porté notamment par une section rythmique très lourde résolument ancrée dans le son scandinave (en particulier finlandais) qu'on entendait à cette époque. Une démo d'une malfaisance terrifiante par un projet qui semblait apprécier son errance dans les brumes de l'underground. À écouter impérativement.

Cerebral Hemorrhage - Demo 1999 (1999) :
Alors que le label Comatose Music vient de rééditer dans une version restaurée Exempting Reality, l'album culte (le seul à ce jour) sorti en 2001 chez Mutilated Records, c'est l'occasion idéale de se replonger dans les débuts du groupe new-yorkais en se repassant dans les conduits auditifs la démo sortie deux ans plus tôt. Tous les ingrédients qui feront le succès de Cerebral Hemorrhage étaient déjà sur ces quatre morceaux jouissifs de brutal death metal livré à l'état pur. Des influences hardcore de Amongst the Tombs au death charnu d'un Dying Fetus des débuts sur Rejoice of the Brutal, en passant par les breakdowns à décorner les bœufs de Sacrilege et les rythmiques old school d'un Resulting in Homicide proche d'Internal Bleeding et d'Eternal Suffering, le groupe distribuait les mandales en y mettant l'art et la manière, donnant au genre ses lettres de noblesse. Une performance rarement égalée depuis.

Threnodist - The Vomitous Demo (1991) :
Les archives du metal nous montre une photo sur laquelle trois gamins prépubères au regard menaçant, dont deux portant une cassette retournée, prennent la pose dans un cimetière rempli de verdure, une grande croix juste derrière eux. On a du mal à croire que ces gosses, dont l'un d'eux n'est autre que Dario J. Derna, toujours actif aujourd'hui dans ses deux gros projets, Krohm et Ritual Chamber (et qui passa aussi par Evoken, Funebrarum et Drawn and Quartered) allait pondre trois ans plus tard un des plus grands et plus brutaux albums de death metal de tous les temps, To the Depths, in Degradation, sous le nom d'Infester. Ce qui est remarquable ici est que l'on retrouvait déjà sur The Vomitous Demo des éléments qui allaient constituer la sève de cet album culte. Tout dans les arrangements et les structures était bâti sur un socle solide et puisé dans ce que le death metal avait de plus malsain et glauque, à tel point qu'on a l'impression d'entendre un groupe qui semblait avoir des années d'expérience derrière lui alors qu'il ne s'agissait que d'un premier jet lancé à la face éberluée du monde. On touche vraiment ici à quelque chose tenant du culte, un diamant noir gravé dans les annales du genre.

Genital Putrefaction - The Inside Anxiety of Soul (Rock'n'Roller, 1992) :
Derrière ce nom d'une poésie à se damner officiait un groupe polonais qui s'installa par la suite à Berlin où il réside toujours aujourd'hui dans ses activités malgré deux séparations, dont une survenue tôt, en 1993, juste après la parution de cette démo (qui était leur troisième). Sur ces cinq morceaux, tous les ingrédients étaient réunis et parfaitement agencés pour la pratique d'un brutal death metal efficace et sincère qui n'hésitait pas, sur certains passages, à s'aventurer vers des territoires grindcore sans pour autant dénaturer l'aspect purement brutal et direct de la chose. L'agressivité n'en était au final que plus mise en avant mais, une agressivité maîtrisée donnant un vrai style, bestial et authentique, à cet objet.

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : DEATH METAL ET CANNIBALISME, UNE RELATION VISCÉRALE


C'est à la fin des années 70 et surtout au début des années 80 que l'on voit déferler dans les salles obscures une vague de films de cannibales dont le réalisateur italien Umberto Lenzi fut l'un des précurseurs avant que d'autres cinéastes, transalpins pour beaucoup, ne lui emboîtent le pas comme par exemple Ruggero Deodato et son célèbre Cannibal Holocaust sorti en 1980. Si le genre a fait son temps et suscite aujourd'hui moins d'intérêt, il est tout de même parvenu à se diversifier grâce au soutien d'un allié assez inattendu, le death metal. L'horreur, le gore et l'épouvante ont toujours fait partie des thèmes de prédilection de nombreuses formations death, donnant ainsi à ce style musical le côté si dérangeant, si provocant et si subversif qui le caractérise. L'imagerie que nous rend le death metal aujourd'hui ne peut passer sans quelques histoires de zombies, de réincarnations, de cimetières ou de tueurs psychopathes. À ce titre, le cannibalisme s'est immiscé dans le death metal, servant ainsi de source d'inspiration à des groupes qui, pour certains, continuent d'utiliser cette thématique de nos jours. Cette relation quasi intime qu'entretiennent les deux genres n'est bien entendu pas récente. Dès le début des années 90, période charnière durant laquelle le death metal est entré dans une phase de créativité très intense, les atomes crochus étaient déjà bien visibles entre le death et le cannibalisme, notamment par le biais du septième art dans lequel des groupes puisaient beaucoup. C'est sur cette période que nous allons nous attarder quelques instants, plus précisément celle allant de 1990 à 1993, en évoquant quelques groupes de death metal underground qui versaient principalement dans ce sujet.

Abiosis naquit à Bradford, en Angleterre, en 1988. Le groupe eut à peine deux ans d'existence après que deux de ses membres, Andrew Craighan et Rick Miah, le quittèrent pour aller rejoindre My Dying Bride (Craighan en étant toujours le guitariste aujourd'hui). Malgré une durée de vie très courte, la formation britannique eut tout juste le temps de produire une démo, Noxious Emanation, qui vit le jour en 1990. Vendue en cassette à l'époque, la démo contenait trois titres d'un death rugueux et primal, notamment un intitulé Human Consumption sur lequel nous était conté une histoire très inspirée des films italiens de cannibales, notamment Cannibal Holocaust et Cannibal Ferox, la cathédrale gore d'Umberto Lenzi. D'ailleurs, les paroles de ce morceau se suffisaient à elles-mêmes :

Captured by cannibals soon to pay the price
stripped down to the flesh
for limbs they eat and slice
bodies hung up naked feel no disgrace
hands and legs tied to a stake
taken to their feasting place

 

En 1991, quatre gosses originaires d'un bled paumé de Pennsylvanie décident de monter un groupe nommé Gehenna. Ce dernier ne vivra pas longtemps, ses membres ayant été appelés par la suite vers d'autres destinées. Certains, par exemple, passèrent par Incantation, notamment le bassiste Joe Lombard (qui commit un suicide en 2012) qui y demeura pendant cinq ans, participant aux albums Blasphemy, Decimate Christendom et Primordial Domination, tandis que le guitariste et chanteur Craig Stiles rejoignit plus tatd Mausoleum (dont il fait toujours partie). Gehenna parvint à générer deux démos, la plus intéressante étant sans doute la première, The Horror Begins..., sur laquelle le cannibalisme occupe une place importante. Musicalement, on était ici dans du bon gros death des familles, bien rythmé, bien gras, porté par les vocaux déjà impressionnants de Stiles qui laissera par la suite sa place à Adam Kegg, lui aussi membre actuel de Mausoleum, sur la démo suivante.


L'histoire de Necrotomy est assez remarquable. Fondé en 1989 à Melbourne, il fut un des premiers groupes de metal extrême à émerger dans son pays jusqu'à être invité en 1991 sur le plateau de la chaîne de télévision ABC Australia durant laquelle il joua un morceau et fut interviewé dans le cadre d'une émission de grande écoute (la globalité du show est disponible sur YouTube). Hormis cette jolie histoire qui fit de Necrotomy le premier groupe de metal extrême à apparaître à la télé australienne, celui-ci légua deux démos, dont l'excellente Orectic Awakening sur laquelle on découvrait, entre autres, l'histoire d'un chirurgien spécialiste du cerveau et adepte du... cannibalisme. Sans surprise, le death pratiqué par les australiens était extrêmement malsain, parfois proche du grind mais, avec de surprenantes parties un peu plus techniques. Le groupe s'éteignit hélas en 1994, non sans avoir laissé une trace de son passage.


En provenance de Norvège où il fut fondé en 1990, Disgorge fit un passage très rapide sur terre, ne laissant qu'une démo comme preuve de son existence, parue en avril de l'année suivante. Et quelle démo. Le trio fait fort avec Morbid Collapse, dont les cinq morceaux primitifs atteignent des sommets de brutalité et d'irrévérence sur un death cradingue de la tête aux pieds, outrageant et saignant, et bien entendu rempli de belles histoires ayant attrait au cannibalisme, comme sur le bien nommé morceau Skilled Cannibalism qui vaut à lui seul le détour. Quel dommage qu'une formation avec un tel potentiel ait quitté la route aussi vite.


Terminons avec des espagnols. Né à Elche tout près d'Alicante, en 1991, Germen attendit la fin du printemps de l'année 1993 pour nous livrer son seul et unique ouvrage discographique, une démo 14 titres du nom de Te Pudres avec que du chant dans la langue de Cervantès. Oui, quatorze titres mais, pour une durée totale de douze minutes montre en main. Il faut dire qu'on était là dans du deathgrind de grande tradition, méphitique à souhait, virulent et sans une once de respect, bien entendu agrémenté d'histoires salaces à tendance cannibale. Le quatuor, dont faisait partie Cristóbal Galán, actuel guitariste de l'entité black/death Noctem, disparut probablement au cours de l'année 1994.


dimanche 26 janvier 2025

LE COIN DES DÉMOS (26/01/25)


Chaque dimanche, Ravage Cérébral ouvre les portes de l'enfer et s'enfonce dans les bas-fonds les plus insalubres pour y rechercher des groupes récents de metal extrême tapis dans les profondeurs de l'underground.

Accurst - Liturgy of Death (2024) :
Ce groupe suédois fait dans le death/thrash de la vieille école tout en s'inspirant du punk et du hardcore. Le rendu est plutôt intéressant et dynamique sur cette démo 4 titres qui passe tranquillement bien qu'elle ne révèle aucune surprise. On appréciera surtout la volonté du combo de vouloir rendre un hommage appuyé aux anciens.

Algor Mortis - Ensoulment / Spoiled (Maggot Stomp, 2025) :
Après l'EP Stages of Death de 2024, qui avait attiré notre attention, le groupe australien nous sert deux morceaux inédits sur cette courte démo, en demeurant dans un registre très brutal à la fois death et hardcore, toujours avec le timbre particulier de la chanteuse Cecilia Keane dont la voix n'est pas évidente à apprivoiser de prime abord. On reste néanmoins sur notre faim du fait qu'il y ait si peu de morceaux proposés.

Clubbed - Flesh (2025) :
Ce projet basé dans l'Utah est adepte d'un death metal très primitif, vil et malfaisant, avec une approche plutôt old school mais aussi, des influences venant du brutal death metal et du slamming death metal. La sauce ne prend hélas pas vraiment sur ces trois morceaux passables et desservis par une piètre qualité sonore. On y vient une fois mais, sans doute pas deux.

Mutation Terror - Demo (2025) :
Voici un jeune groupe mexicain qui nous propose ici sa toute première démo. Seulement deux morceaux, c'est bien peu, d'autant plus que nous avons ici du vu et du revu, c'est-à-dire du death classique qui ne mord pas vraiment, peu énergique et tout juste sauvé du désastre par un côté vieille école qui relève un peu la pâte, ce qui est toujours ça de gagné. Pour le reste, on peut largement s'en passer.

Putred - Execrat din Mormânt (Unholy Domain Records, 2021) :
Les roumains sont dans le feu de l'action en ce moment avec la parution toute récente de leur nouvel album, Megalit al putrefac​ț​iei, qui est franchement pas mal. En 2021, le groupe était déjà sur la voix d'un death méphitique, cryptique et cradingue sur cette démo contenant quatre morceaux d'une incontestable solidité. Bref, un death qui venait des entrailles et qui ne s'embarrassait pas d'artifice. On est content que le groupe ait poursuivi dans cette voie depuis, en ne déviant pas de sa trajectoire initiale.

VIDÉO : BRECHFA - HALLUCINATIONS OF SATURNALIA


Après une démo parue l'année dernière, c'est avec un premier album, Hallucinations of Saturnalia, que revient Brechfa, entité black metal derrière laquelle se cache un artiste britannique œuvrant déjà dans de multiples projets tous plus obscurs les uns que les autres. Afin de préparer au mieux la sortie de cet opus prévue le 31 janvier chez Nocturnal Curse Records, Brechfa s'est fendu d'une petite vidéo promotionnelle bien dans l'esprit des temps anciens avec épée, armure, cotte de mailles et déambulation en forêt à la lueur d'une torche. Précisons enfin que cet album se compose en tout de sept morceaux.

VENOMOUS ECHOES - WALL OF MEMORIES AND DESPAIR


Projet de l'artiste américain Ben Vanweelden (Void Blight), Venomous Echoes pourrait s'apparenter à quelque chose capable de donner vie à nos pires cauchemars. Tandis que Dysmor, troisième album de cette entité, doit sortir le 28 février prochain via I, Voidhanger Records, un premier extrait particulièrement massif et oppressant, Wall of Memories and Despair, nous est proposé, montrant l'habileté du musicien dans un registre blackened death/doom aux digressions jazzy. Le résultat se passe de commentaires.

samedi 25 janvier 2025

CHRONIQUES DE LA FOSSE : CENOTAPH - THE GLOOMY REFLECTION OF OUR HIDDEN SORROWS (1992)


Si je trouvais le temps, il faudrait vraiment un jour que je vous dresse une liste des groupes les plus sous-estimés de la scène death metal. Le problème est que cette liste serait sans doute longue comme le bras et, du coup, trop longue à préparer. En admettant que cela soit possible à faire, vous pouvez être sûrs que Cenotaph y figurerait. Le groupe fondé à Mexico City en 1989, dont Oscar Clorio, le batteur, est le dernier membre originel aujourd'hui (Cenotaph splitta à deux reprises, en 1998 et 2002, avant de se reformer il y a sept ans), fut injustement snobé durant la majeure partie de sa carrière pour des raisons difficiles à expliquer. L'instabilité de son lineup, peut-être, qui évolua beaucoup, surtout les premières années (Daniel Corchado, le premier chanteur, ne resta que trois ans avant de former The Chasm et de participer à la conception de Diabolical Conquest d'Incantation), à moins que les raisons furent tout simplement d'ordre musical, Cenotaph ayant souvent eu cette réputation de groupe difficilement accessible de par le death assez technique qu'il pratiquait (on va y revenir). Il y a enfin le contexte. Le groupe latino enregistre sa première démo, Rise of Excruciation, en 1990, année durant laquelle le death commence à prendre réellement de l'ampleur aux quatre coins du monde, tandis que son premier album, The Gloomy Reflection of our Hidden Sorrows, paraît en 1992, année où déboulent plusieurs opus majeurs tels que Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, Legion de Deicide, Last One on Earth d'Asphyx, Penetralia de Hypocrisy ou Onward to Golgotha d'Incantation (j'aurais pu aussi vous citer Bolt Thrower, Sinister, Demigod, Vader, Monstrosity et j'en passe). Au milieu de ce foisonnement de parutions émanant aussi bien d'Europe que des États-Unis, pas facile pour les mexicains de s'extirper de la masse.

Il faut dire que The Gloomy Reflection of our Hidden Sorrows n'est pas le genre d'album dans lequel on entre comme on entre dans un moulin, l'œuvre demandant un vrai effort de concentration et une implication de tous les instants de la part de l'auditeur. N'ayez crainte, la difficulté n'est pas insurmontable. Néanmoins, il est important de savoir, pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ce groupe, que Cenotaph possède une griffe assez particulière, une petite touche bien à lui qui pouvait en faire, à l'époque, un trublion de la scène death metal. Commençons par les choses simples. D'un point de vue purement stylistique, l'opus possède une approche frontale par un procédé bien dans la tradition du death metal brutal et authentique. Le rythme soutenu, les phases d'accélération et de ralentissement, ainsi que l'aspect sombre des compositions n'est pas sans rappeler un death typiquement scandinave, très finlandais dans la manière d'aborder les choses, un peu comme le faisaient jadis des formations connues de ce pays telles que Demigod, Demilich ou Purtenance. Le morceau Ashes in the Rain, qui fait suite à l'introduction instrumentale Requiem for a Soul Request, constitue un exemple flagrant à lui seul. Dans ce même registre spontané et vrai, Repulsive Odor of Decomposition, morceau qui referme le disque, se pose également là. La section rythmique est redoutable et écrasante, tandis que Daniel Corchado, qui quittera le groupe après cet album, abat un travail monstre au chant en descendant bas dans le guttural, un peu comme Antti Boman de Demilich pouvait le faire.

Là où réside la surprise qui peut rendre plus compliquée l'expérience d'écoute, notamment pour les moins aguerris, se situe sur les autres morceaux. Par un jeu très habile de construction et d'arrangements dans l'armature des compositions, Cenotaph surprend l'auditeur en s'engageant dans des détours labyrinthiques grâce à une technicité remarquable. Au-delà du fait que la basse soit très souple et que les guitares aient une tonalité les rendant pour ainsi dire criardes, comme si elles étaient torturées par les musiciens, le groupe élabore des espaces dans les lesquels il montre une superbe technique se rapprochant fortement du death progressif. Attention, je n'irais pas jusqu'à dire que les mexicains rivalisent ici haut la main avec un groupe comme Death, par exemple. Pourtant, sur les bijoux que sont Evoked Doom, In the Cosmic Solitude ou Tenebrous Apparitions (titre à l'atmosphère la plus sombre sur cet album, avec son alternance chant clair, chant guttural), on sent un Cenotaph littéralement métamorphosé et pas si loin de la technique d'un Chuck Schuldiner et d'un Steve DiGiorgio période Human ou Individual Thought Patterns. Les expérimentations sont même poussées encore plus loin, et avec succès, sur le morceau de bravoure de cet opus, The Spiritless One, où toute la technicité de Cenotaph nous est dévoilée dans sa plénitude, son inventivité et son audace, lors d'un moment presque transcendantal nous faisant ouvrir de nouvelles portes. C'est dans ces instants que résident les parties les plus délicates à appréhender de The Gloomy Reflection of our Hidden Sorrows. Les pentes et les rampes y sont tellement vertigineuses qu'un effort de concentration s'avère nécessaire afin de ne pas perdre pied.

Si vous vous révélez attentifs et constamment à l'écoute, vous allez vivre sur cet album le genre d'expérience dont on peut ressortir transfiguré. Cela revient, en quelque sorte, à découvrir le death metal par un côté que l'on n'avait pas envisagé de prime abord et c'est ce qui fait à mes yeux de ce disque une des œuvres musicales les plus importantes de l'année 1992 et même, osons le dire, toute époque confondue.

FLESH GRINDER - BIACROMIOXIFOPUBIANO


Vétéran inoxydable de la scène deathgrind à l'échelle mondiale (disons-le clairement), Flesh Grinder est de retour ce mois-ci avec un septième album studio, le premier en neuf ans, intitulé Biacromioxifopubiano (très simple à retenir), via le label Black Hole Productions. Même si le groupe brésilien a subi de nombreux changements de lineup, Fábio Adriano Martinovicz Gorresen, alias Necromaniak, étant désormais le seul membre originel, il n'a rien perdu de sa verve et de sa détermination à lobotomiser les cerveaux sur cet opus de pur death/grindcore à l'ancienne que les aficionados apprécieront à sa juste valeur.

NECRODEIFIC SLAUGHTER - RIPPING FLESH


Necrodeific Slaughter est le projet de deux musiciens basés à Edmonton au Canada. Sur leur premier EP, Ripping Flesh, qui vient de paraître, les deux compères s'attachent à nous faire découvrir leur death metal brutal pouvant être inspiré de la scène grindcore. Le résultat de ce mélange s'avère particulièrement redoutable et bestial.

vendredi 24 janvier 2025

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : ASTAROTH - THE DEMOS '93/'95/'98 ; MORBO - 2010-2016: CELEBRATING DESOLATION


C'est grâce à des initiatives soutenues par de petits labels indépendants que j'ai découvert des groupes de death metal dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence. Parmi les idées les plus courantes, on trouve par exemple la compilation. Le principe est, comme vous le savez, très simple. Soit on rassemble sur un même disque plusieurs groupes, soit l'on compile des morceaux appartenant à une seule et même formation. Bien qu'elles diffèrent sur la forme, les deux méthodes ont sur le fond la même finalité, celle de titiller la curiosité de l'auditeur qui, à un moment donné, va ressentir des affinités pour tel ou tel groupe, éprouvant ainsi le besoin d'en savoir plus, quitte à faire quelques dépenses pour étoffer sa collection. Ainsi, c'est par le biais d'une compilation que je découvrais récemment Astaroth. Le label néerlandais Vic Records, bien connu pour avoir compilé et réédité pas mal de choses depuis sa fondation en 1992 à Utrecht, s'était chargé en mars 2019 de rassembler sur un même disque trois démos d'Astaroth, Lost State of Dreams (1993), Songs of Sorrow (1995) et Burning Christians (1998), soit un total de vingt morceaux pour environ une heure d'écoute. Astaroth a possédé un lineup qui a beaucoup évolué au fil du temps. Né en 1991 à Tampa, l'une des capitales mondiales du death metal, il vit passer dans ses rangs Tomas Viator (Disincarnate, décédé l'année dernière d'un arrêt cardiaque), James Marcinek (Nocturnus) et Tony Laureano (Malevolent Creation, Nile, Brujeria), tandis que Larry Sapp fut tout simplement le fondateur de l'entité après son départ de Brutality. Ces allées et venues ont sans doute grillé toutes les cartouches du groupe qui ne vécut que quelques années durant lesquelles il eut tout de même le temps de signer les œuvres retentissantes rassemblées sur cette compilation. De par ses origines, on n'est pas surpris qu'Astaroth soit musicalement très proche de Morbid Angel. L'influence de la bande à Trey Azagthoth est flagrante sur Lost State of Dreams, en particulier sur les joyaux que sont Suppressed Abandonment et Everlasting Decay mais, sans faire dans le copié-collé. La puissance de la section rythmique et le jeu de batterie de Laureano font la différence et la démo repose sur des bases solides qui en font un disque d'une irréprochable qualité. Par la suite, le groupe va se démarquer de son illustre aîné en s'aventurant vers d'autres territoires sur Songs of Sorrow. Un peu à l'image d'un Entombed période Wolverine Blues mais, avec une identité lui étant devenue propre, Astaroth continue de faire du death très floridien dans l'esprit tout en incorporant à sa palette des parties acoustiques assez surprenantes le démarquant quelque peu. Le combo enfoncera ensuite le clou avec Burning Christians, de façon plus brutale et toujours aussi soutenue. On se doute bien que le choix de Vic Records de faire cette compilation était tout sauf le fruit du hasard. Il s'agissait non seulement de réhabiliter un groupe à l'existence courte, de lui faire retrouver sa place sur l'échiquier et, par la même occasion, de suivre son évolution stylistique au fil du temps. Une expérience d'écoute qui vaut franchement le détour, au final.


Les choses diffèrent un peu avec Morbo, d'une part parce que ce groupe est beaucoup plus récent et d'autre part parce qu'il est toujours actif aujourd'hui. Le principe, lui, est inchangé. Un label italien, Despise the Sun Records, s'est chargé de publier le 8 janvier dernier une petite compil de cinq morceaux contenant la première démo du groupe romain, Eternal City of the Dead (2010) à laquelle viennent s'ajouter deux morceaux supplémentaires extraits d'un split, Into the Morbid Bunker, paru en 2016 en collaboration avec le groupe de blackened thrash transalpin Bunker 66. Morbo n'évolue pas vraiment dans le même univers qu'Astharoth, même si cela reste du death metal. Emmené par Mirko Scarpa et Andrea Cipolla (Corpsefucking Art) qui reçurent pendant un temps le soutien de Giorgio Trombino (Shrieking Demons, Becerus), c'est plus vers l'horrifique que lorgne la formation avec son death old school à la Autopsy pouvant flirter vers un grind à la Repulsion et pourquoi pas un black/thrash à la Hellhammer. Passé ses comparaisons, on se rend compte surtout que Morbo possède des qualités qui lui sont propres grâce à un respect sans anicroche des codes de la veille école du death. En gros, on est plus dans le brut de décoffrage, dans la simplicité mais, avec une sincérité faisant office de sacerdoce. Dans la même veine, le groupe italien a sorti un album (le seul à ce jour) en 2014, Addiction to Musickal Dissection, qui constitue un très bon complément si vous découvrez Morbo en écoutant cette compilation. On ne peut que saluer l'initiative du label précédemment cité.

UNBOUNDED TERROR - REVIVING


Toujours emmené depuis 1991 par l'infatigable chanteur et guitariste Vicente Payá, qui va gentiment sur ses soixante ans, Unbounded Terror, fer de lance du death metal old school espagnol, revient cette année avec un quatrième album studio, Something is Rotten in Humanity, prévu de sortir le 1er avril chez Xtreem Music. Le groupe en dévoile un aperçu sur Reviving, très bon morceau groovy et vindicatif avec de belles parties mélodiques.

CHRONIQUES DE LA FOSSE : PESTILENT DEATH - EULOGIES OF PUTREFACTION (2016)


Je ne vous apprendrai rien en disant que le death metal et le film d'horreur ont toujours entretenu une relation très proche, le premier s'inspirant beaucoup du second à l'image de nombreux groupes fouillant dans les archives de ce genre cinématographique pour y trouver les ingrédients nécessaires aux compositions qui figureront sur leurs futurs albums. Pestilent Death fait partie de ces formations entretenant depuis ses débuts en 2010 à Los Angeles un lien solide et affectif avec le cinéma d'épouvante. Un lien qui s'est toujours traduit aussi bien dans les morceaux qu'ils ont conçu que pour les pochettes de leurs albums, jamais avares en référence.

Après deux démos et un EP parus entre 2012 et 2014, les californiens se décidaient à franchir un cap important en 2016 avec la parution de Eulogies of Putrefaction, leur premier album. Sans surprise, ce dernier révélait le goût prononcé du quatuor pour les ambiances horrifiques avec moult zombies, cimetières, cadavres et autres squelettes de retour de la tombe. Au-delà de l'aspect purement esthétique de ce disque, aspect auquel il faut accorder de l'importance afin que toute l'imagerie ayant attrait à l'horreur puisse se révéler efficace, le groupe prend soin ici de concevoir des morceaux racontant chacun leur petite histoire mortifère. On y voit ainsi des galeries de personnages que l'on n'aimerait pas rencontrer, du profanateur de sépultures aux lâches penchants nécrophiles, au psychopathe prenant un plaisir obscène à torturer ses victimes, en passant par un passionné de films d'horreur qui a sans doute trop regardé Massacre à la tronçonneuse

Au milieu de ce chaos où les odeurs de pestilence pourraient presque être palpables, les californiens s'expriment musicalement dans un registre death metal old school très intéressant, parfois sur un rythme endiablé pas très loin du death/thrash, comme sur Unearthly Immolations ou la bonne reprise de Necrocannibal de Mortician, parfois sur un rythme beaucoup plus lent (Premonitions of Misery et The Lament Configuration) où le groupe se rapproche d'un death/doom massif et lugubre à la Mortiferum. On peut aussi ressentir des influences venant de Necrophagia (grand adepte du death gore devant l'éternel) sur Chainsaw Debauchery, hommage direct à Massacre à la tronçonneuse, comme évoqué plus haut, même si, on ne va pas se le cacher, c'est surtout l'école du vieux death putride et malsain de l'Amérique du Sud qui est mise en avant sur cet album. La formule a beau être d'une simplicité confondante, Pestilent Death la travaille avec une dextérité qui a de quoi imposer le respect.

jeudi 23 janvier 2025

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : EMBRACE DEATH, UN NOUVEAU VENU DANS LA PRESSE MUSICALE


Rares sont les revues musicales de nos jours qui traitent de l'actualité de la scène death metal underground. On peut même dire que le créneau est quasi inexistant à part Slowly We Rot qui fait de la résistance et des vieux fanzines disparus pour beaucoup depuis longtemps et dont on peut encore se procurer quelques copies en cherchant bien. La presse dite metal aujourd'hui s'attache à demeurer généraliste en laissant une place à tous les styles, ce qui n'est pas plus mal me direz-vous, tant qu'il y a des passionnés pour entretenir la flamme mais, pour ce qui est du death metal, le tour est hélas vite fait.

C'est dans ce contexte particulier, plombé par les gros frais d'imprimerie résultant de l'augmentation du prix du papier, que des courageux basés à Belgrade, en Serbie, ont pris le taureau par les cornes pour créer un nouveau magazine spécialisé du nom de Embrace Death. La mission consiste à offrir aux groupes de la scène death underground une lucarne où ils peuvent s'exprimer, parler de leur processus créatif et du death metal de manière plus générale. Le premier numéro d'Embrace Death, que j'ai reçu ce matin après un transit de sept jours entre la Serbie et la France, regorge donc d'entretiens très bien conduits, très instructifs et nous permettant de faire plus ample connaissance avec des dizaines de groupes bien moins connus mais très intéressants qui n'ont pas la notoriété des grosses cylindrées signées sur des labels réputés. En conséquence, c'est l'envers du décor qui nous est proposé dans ce magazine, une plongée dans les profondeurs obscures et malsaines de l'underground, comme nous le faisons nous-mêmes régulièrement sur ce site. Ce numéro inaugural regorge de très bons groupes, de Phrenelith à Mortuous en passant par Funereal Presence, Predatory Light, Verminous Serpent, ainsi que les prodigieux trublions de Stress Angel qui sont en couverture.

Qu'en est-il de la présentation ? Format A4, couverture en papier glacé, pages intérieures douces au toucher avec un contenu très complet (en anglais) agrémenté de photos pour tous les groupes proposés (on sait ainsi à qui on a affaire), plus de l'artwork de qualité et du texte, bien sûr, beaucoup de texte car, encore une fois, les entretiens menés sont vraiment poussés, avec des questions toujours intéressantes. La couleur est très présente au fil des pages, même si le noir et blanc trouve sa place pour servir de rééquilibrage. Seul et unique regret au bout du compte, qu'il n'y ait que des interviews et pas d'articles dérivés comme des chroniques de disques, par exemple, ou des comptes-rendus de concerts. Ne soyons pas trop strictes. Ce n'est qu'un premier numéro, un point de départ, avec des moyens sans doute limités, l'initiative de se lancer dans un tel pari étant extrêmement audacieuse et se devant d'être saluée. Laissons ce bébé grandir et souhaitons comme il se doit bon vent à Embrace Death

CONTINUUM OF XUL - HELLSPAWN IN AETERNUM


Prenez des musiciens appartenant ou ayant appartenu à des formations comme Earth and Pillars, Prison of Mirrors, Antropofagus ou Ad Nauseam et vous obtenez Continuum of Xul. Le groupe italien sortira son premier album, Voratore, le 20 février prochain et, ma foi, cela risque de faire très mal si l'on en croit Hellspawn in Aeternum, premier morceau vindicatif et puissant se reposant sur un death tranchant, situé entre vieille et nouvelle école. L'avertissement est sans frais, c'est le moins qu'on puisse dire.

CAUSTIC PHLEGM - SOFT BONES


Projet solo de l'artiste multi-instrumentiste Evangelos Vasilakos, Caustic Phlegm dévoilera le 28 février chez Hells Headbangers Records son premier album, Purulent Apocalypse. L'opus, qui fait suite à une démo datée d'il y a moins de trois ans, se révèle sur Soft Bones, morceau inaugural de death méphitique atteignant des sommets de malfaisance. De quoi se préparer à la pestilence qui va s'abattre sur nous d'ici le mois prochain.

mercredi 22 janvier 2025

RETROMORPHOSIS - VANISHED


Des cendres de Spawn of Possession, décédé en 2017, est né Retromorphosis, projet tout beau, tout neuf, chapeauté par le guitariste Jonas Bryssling, aidé dans cette colossale entreprise par deux autres anciens membres du groupe disparu, Dennis Rondüm (chant) et Erlend Caspersen (basse). Ajoutez le prolifique Christian Münzner (actuel membre du groupe Eschaton et ex-Defeated Sanity, ex-Obscura, ex-Necrophagist) et enfin KC Howard (ex-Decrepit Birth), vous obtenez un supergroupe dont le premier opus, Psalmus Mortis devrait paraître le 21 février chez Season of Mist. Au programme bien sûr, du death metal technique tendance vieille école, pour notre plus grande joie, avec en prime le morceau Vanished en écoute.

CHRONIQUES DE LA FOSSE : VARLOK - CONJURING ICE AND NEBULOUS SPELLS (2025)


Varlok n'est plus. L'entité née en 2018 à Kansas City n'aura donc foulé cette terre que durant sept ans au cours desquels deux albums nous ont été légués. Bien que j'ignore les raisons exactes de cette séparation, l'hypothèse selon laquelle les membres du groupe étaient déjà très occupés avec leurs projets respectifs semble tenir la route, au-delà de toute autre considération. Pour information, trois des quatre membres s'impliquent beaucoup depuis plus de dix ans dans le projet black metal Verräter. Ajoutons à cela que l'un des guitaristes et le batteur ont cofondé en 2009 le groupe de death metal Garoted, avec lequel ils ont sorti quatre albums, et toujours en activité aujourd'hui.

C'est du deuxième album (et donc le dernier, par voie de conséquence) de Varlok dont il est question ici, une œuvre pour ainsi dire quasi posthume, intitulée Conjuring Ice and Nebulous Spells, étant donné que sa date de parution, le 10 janvier dernier, coïncide plus ou moins avec celle de l'acte de décès du groupe américain. Leur précédent opus, Nefarious Arts of the Necromage, paru en 2021, révélait un groupe oscillant entre tradition et modernité, ancré dans un black metal accordant une place prépondérante à la mélodie. Empreinte d'un certain mysticisme qui n'était pas sans rappeler leurs compatriotes de Wolves in the Throne Room, Ash Borer, Panopticon, de même que les britanniques de Winterfylleth ou les allemands de Der Weg einer Freiheit, la démarche de Varlok se voulait avant tout tournée vers la pureté du black metal mélodique pratiqué dans les règles de l'art.

Cette démarche se retrouve sur Conjuring Ice and Nebulous Spells bien que le groupe du Missouri y intègre des éléments plus sombres pouvant le rapprocher du black metal cru de la vieille époque. C'est pourquoi il ne faut pas se méprendre sur l'aspect purement mélodique des choses sur cet album. C'est bien l'obscurité et la malfaisance qui règnent en maîtres ici et Varlok tient à nous le rappeler avec autorité sur des morceaux diablement efficaces et brutaux comme Virulent Curse ou Primordial Screams from the Gaping Abyss. L'effet rouleau-compresseur, porté par des trémolos de grande classe vous collant des frissons dans la moelle épinière, est particulièrement terrifiant sur ces compositions, la solidité des structures aidant beaucoup. Cependant, dans ce chaos où l'auditeur semble errer sur des glaciers craquelant, grandioses et terribles, la majesté peut apparaître dans des mélodies à couper le souffle dont l'envergure peut impressionner sur In Solitude and Perennial Suffering, par exemple, ou le magnifique From a Departed Somber Realm. Je dois dire que c'est dans ces moments-là que le black metal de Varlok prend de l'ampleur, du volume et une vraie consistance même si, encore une fois, le groupe a également fière allure dans un registre plus raw. Bref, si vous recherchez du black mêlant à la fois élégance, pureté, noirceur et brutalité, vous aurez probablement de quoi vous sustenter avec Conjuring Ice and Nebulous Spells, ultime chapitre d'une formation qui, bien que trop tôt disparue, aura tout de même laissé une belle trace de son passage dans les montagnes enneigées.