Merciless en 1987 durant les sessions d'enregistrement de "Behind the Black Door" avec, à gauche, le premier chanteur du groupe, Kalle Aurenius, qui décédera en 2017. |
Continuons à scruter les parutions du label Darkness Shall Rise Productions. Après Desultory et leurs trois démos légendaires que nous évoquions dans un précédent article, place à un autre groupe suédois ayant marqué de son empreinte la fin des années 80 et le début des années 90 (et toujours en activité aujourd'hui), j'ai nommé Merciless. Grâce à un gros travail de restauration mené par le musicien et ingénieur du son allemand Patrick W. Engel, qui est passé par pas mal de groupes comme Cenotaph, par exemple, et Impending Doom, le combo né en 1986 voit ses deux premières démos rééditées sur un même disque que le label teuton précité va faire paraître le 27 février sous son empreinte en trois versions physiques allant du CD au vinyle, en passant par la cassette audio, selon la même formule, tout compte fait, que pour le Darkness Falls (The Early Years) de Desultory.
La différence par rapport à Desultory est que nous rentrons ici au cœur même de ce qui fait l'histoire du death metal suédois, Merciless étant apparu pour la première fois en 1986, trois ans avant Desultory. Si ces derniers ont apporté leur pierre à l'édifice, Merciless a ceci de particulier qu'il peut être considéré comme un des tous premiers groupes underground de death metal à s'élever au pays du death, la Suède. Quand le groupe conçoit ses premiers morceaux, il reçoit le soutien d'un certain Øystein Aarseth, alias Euronymous, qui les signera plus tard en tant que premier groupe sur son label Deathlike Silence Productions sur lequel il éditera en 1990 le cultissime The Awakening, premier album de la formation et chef-d'œuvre intemporel, n'ayons pas peur de le dire.
On retrouvait sur ce premier opus des morceaux sur lesquels Merciless avait déjà travaillé trois ans plus tôt. En effet, à l'été 1987, le groupe se faisait connaître sur une démo 4 titres que beaucoup considèrent encore aujourd'hui, à juste titre, comme une référence absolue du death metal des origines, Behind the Black Door. Empreinte d'une bestialité sans nom, concentré de haine viscérale et ode d'un nihilisme sous-jacent que chaque morceau dévoilait dans toute son abominable splendeur, cette démo inaugurale s'inscrivait d'ores et déjà dans la marque des plus grands de par son approche extrêmement brutale, sombre comme le fond d'un puits aux relents de putréfaction et servie par un death pouvant aller aussi bien vers un black de la vieille école digne d'un Mayhem des débuts que vers un thrash à la sud-américaine baignant à la fois dans le death et le black metal, à l'image d'un Sarcofago du temps de Satanic Lust ou de The Black Vomit. Mais, les suédois n'allaient pas en rester là. Forts de ce premier essai convaincant, ils poursuivaient leur macabre entreprise en dévoilant en 1988 une seconde démo encore plus mémorable, Realm of the Dark, avec toujours cette même envie, ce même objectif de proposer un death/thrash très noir, féroce et qui malgré ses lacunes en terme de qualité sonore, ce que l'on pardonnera aisément pour l'époque, était avant tout l'œuvre d'un jeune groupe porté par un enthousiasme communicatif et même pas échaudé par le fait qu'un changement de vocaliste s'est produit entre les deux démos. Aujourd'hui remises au goût du jour grâce à un travail de restauration ne dénaturant pas ce qui fut à l'origine, ces deux démos de légende représentent plus que jamais une part de l'histoire musicale que le temps a su garder intact.