Varlok n'est plus. L'entité née en 2018 à Kansas City n'aura donc foulé cette terre que durant sept ans au cours desquels deux albums nous ont été légués. Bien que j'ignore les raisons exactes de cette séparation, l'hypothèse selon laquelle les membres du groupe étaient déjà très occupés avec leurs projets respectifs semble tenir la route, au-delà de toute autre considération. Pour information, trois des quatre membres s'impliquent beaucoup depuis plus de dix ans dans le projet black metal Verräter. Ajoutons à cela que l'un des guitaristes et le batteur ont cofondé en 2009 le groupe de death metal Garoted, avec lequel ils ont sorti quatre albums, et toujours en activité aujourd'hui.
C'est du deuxième album (et donc le dernier, par voie de conséquence) de Varlok dont il est question ici, une œuvre pour ainsi dire quasi posthume, intitulée Conjuring Ice and Nebulous Spells, étant donné que sa date de parution, le 10 janvier dernier, coïncide plus ou moins avec celle de l'acte de décès du groupe américain. Leur précédent opus, Nefarious Arts of the Necromage, paru en 2021, révélait un groupe oscillant entre tradition et modernité, ancré dans un black metal accordant une place prépondérante à la mélodie. Empreinte d'un certain mysticisme qui n'était pas sans rappeler leurs compatriotes de Wolves in the Throne Room, Ash Borer, Panopticon, de même que les britanniques de Winterfylleth ou les allemands de Der Weg einer Freiheit, la démarche de Varlok se voulait avant tout tournée vers la pureté du black metal mélodique pratiqué dans les règles de l'art.
Cette démarche se retrouve sur Conjuring Ice and Nebulous Spells bien que le groupe du Missouri y intègre des éléments plus sombres pouvant le rapprocher du black metal cru de la vieille époque. C'est pourquoi il ne faut pas se méprendre sur l'aspect purement mélodique des choses sur cet album. C'est bien l'obscurité et la malfaisance qui règnent en maîtres ici et Varlok tient à nous le rappeler avec autorité sur des morceaux diablement efficaces et brutaux comme Virulent Curse ou Primordial Screams from the Gaping Abyss. L'effet rouleau-compresseur, porté par des trémolos de grande classe vous collant des frissons dans la moelle épinière, est particulièrement terrifiant sur ces compositions, la solidité des structures aidant beaucoup. Cependant, dans ce chaos où l'auditeur semble errer sur des glaciers craquelant, grandioses et terribles, la majesté peut apparaître dans des mélodies à couper le souffle dont l'envergure peut impressionner sur In Solitude and Perennial Suffering, par exemple, ou le magnifique From a Departed Somber Realm. Je dois dire que c'est dans ces moments-là que le black metal de Varlok prend de l'ampleur, du volume et une vraie consistance même si, encore une fois, le groupe a également fière allure dans un registre plus raw. Bref, si vous recherchez du black mêlant à la fois élégance, pureté, noirceur et brutalité, vous aurez probablement de quoi vous sustenter avec Conjuring Ice and Nebulous Spells, ultime chapitre d'une formation qui, bien que trop tôt disparue, aura tout de même laissé une belle trace de son passage dans les montagnes enneigées.
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