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lundi 17 mars 2025

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 36


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Excruciate - Mutilation of the Past (1990) :
Trois ans avant Passage of Life, album qui allait devenir une référence du death metal européen mais aussi, précipiter leur fin, les suédois d'Excruciate signaient une première démo d'une qualité remarquable axée sur un death sombre et malveillant, d'une rare intransigeance. Soutenus par des riffs d'une puissance phénoménale qui n'étaient pas sans rappeler les premiers enregistrements de Deicide, des morceaux comme Eternal Incubation, Inhumation Postnatal ou Bubonic Plague prenaient une dimension macabre et horrifique d'une intensité extraordinaire tandis que le groupe avait dans le même temps cette capacité à s'épanouir dans des passages plus techniques sur Slow Death, par exemple, ou Beyond the Circle, sans pour autant s'éloigner des racines scandinaves auxquelles il est toujours demeuré fidèle malgré une carrière trop courte. Cette démo était incontestablement la marque d'un grand talent qui allait par la suite gagner en envergure et en ambition sur ce joyau inclassable que serait Passage of Life en 1993.

Revenant - Beyond the Winds of Sorrow (1987) :
Avant qu'il n'intègre Incantation en 1989, John McEntee fut pendant trois ans guitariste de Revenant (aux côtés de Paul Ledney entre autres), groupe fondé à Bergenfield dans le New-Jersey en 1986 et qui durant son existence d'une durée de neuf ans sortit plusieurs démos, des EPs et un album auquel McEntee (second en partant de la droite sur la photo ci-dessus) ne participa pas puisqu'il était déjà partie vers de nouveaux horizons avec Incantation. Parue en 1987 au format cassette, Beyond the Winds of Sorrow, première démo de Revenant, comportait cinq morceaux enracinés dans un death/thrash brut de décoffrage et impitoyable, chanté à très vive allure par le vocaliste et guitariste Henry Veggian qui venait de quitter son groupe d'origine, Regurgitation, au style death/grindcore, et qui allait ensuite brièvement passer par Whiplash en 1993. Cette démo furieuse et malfaisante était l'exemple typique de ce que l'on pouvait écouter de plus extrême à l'époque avec ce mélange de death et de thrash montrant les liens très forts qu'entretenaient encore les deux genres.

Conscious Rot - The Soil (Fight Zone, 1994) :
Ce groupe naquit à Vilnius, en Lituanie, en 1992 et ne vécut que trois ans, laissant quelques démos dans son sillage, dont celle-ci, qui constitue sans doute leur travail le plus abouti. À l'image de leurs voisins lettons de Dies Irae (dont nous parlions dans cet article) ou des mexicains de Cenotaph (que nous évoquions également dans les Chroniques de la fosse), ces gars nous faisaient découvrir un death aux multiples visages, tantôt brutal et sans concession, sur un morceau comme Dirty par exemple, tantôt plus technique et progressif, proche de groupes comme Death, sur des joyaux de créativité comme Post Mortal Wrath, Insane Heritage (très inspiré de la célèbre formation de Chuck Schuldiner) ou Offspring, alors que The Holy Soil dévoilait la face plus expérimentale du combo européen à renfort de flûte et d'une guitare imitant à la perfection le son d'un violon. Un groupe définitivement atypique qui n'eut hélas pas le temps de se développer.

Hecate Enthroned - An Ode for a Haunted Wood (1995) :
Toujours en activité aujourd'hui, le groupe britannique fondé en 1995 allait très vite devenir un sérieux représentant de la scène black metal symphonique et mélodique dès ses premiers enregistrements. Sur cette première démo, qui est en réalité une restauration sous forme d'un EP connu sous le nom de Upon Promethean Shores (Unscriptured Waters), le sextet déployait des trésors de créativité d'un lyrisme exaltant pouvant atteindre des sommets épiques sur les morceaux les plus longs, comme To Feed Upon Thy Dreams ou An Ode for an Haunted Wood, dont la poésie majestueuse ne pouvait être contestée. Le superbe chant du regretté Jon Kennedy, premier vocaliste de la formation, décédé en 2023, était d'une remarquable maîtrise dans les aigus criés et dans des tons plus clairs et plus gutturaux, tout en étant soutenu par une instrumentation digne d'un black metal grandiose et homérique. On comprend pourquoi ce groupe est toujours au top de sa forme malgré le temps qui passe.

Drowned - Viscera Terræ (Black Warcult Productions, 2006) :
Demeuré fidèle depuis ses débuts en 1992 à un death sombre et torturé qui trouvait aussi bien son inspiration chez Tiamat que chez Incantation, Drowned devait aussi son talent à la remarquable complémentarité de ses membres, deux d'entre eux allant plus tard intégrer Necros Christos. Cinquième démo de la formation berlinoise (il faudrait ensuite attendre huit ans pour qu'un premier album sorte enfin avec un lineup différent), Viscera Terræ constitue encore à ce jour un des travaux les plus aboutis de Drowned en terme de production, d'intensité et surtout de noirceur, le morceau Abyssic Dead, They Sing for Me, étant à lui seul un exemple de ce que ce groupe était capable de créer en terme de musique lugubre et malfaisante. Cruellement sous-estimé, Drowned demeure pourtant un acteur incontournable de la scène death metal de par sa rigueur et son inflexibilité à pratiquer un style à l'identité très forte.

lundi 3 mars 2025

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 35


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Necrotic Disgorgement - Promo 2012 (2012) :
Huit ans après la sortie de son premier album, Suffocated in Shrinkwrap, devenu un classique du brutal death metal, le groupe de Columbus, Ohio, qui avait subi d'incessants changements de lineup au début des années 2000, revenait avec cette démo promotionnelle préfigurant ce qu'allait être Documentaries of Dementia, second opus qui allait paraître en 2013 chez Comatose Music. On pouvait entendre sur ce CD deux morceaux d'une irréprochable solidité, ancrés dans un pur BDM de tradition et agrémenté de quelques parties plus techniques sur lesquelles les talents de guitariste de Tony Tipton (Regurgitation, Horrific Demise) et Ben Deskins (co-fondateur de Regurgitation avec Tipton) étaient mis en avant. Toujours en activité aujourd'hui après plus de vingt ans de carrière (Deskins étant le seul membre originel), Necrotic Disgorgement peut être considéré comme l'un des fers de lance de la scène brutal death metal américaine.

Buried Beneath - ...and This Too Shall Pass Away (1994) :
Né à Rochester dans l'État de New-York, Buried Beneath ne vécut que trois petites années avant de traverser le Styx en 1995. Marqué par des problèmes de stabilité en raison de changements d'effectifs, le groupe eut tout de même un moment de plénitude sur cette extraordinaire démo parue en avril 1994, sur laquelle était pratiqué un blackened death metal d'une qualité remarquable, intense et atmosphérique. Les longues compositions, dont pas une n'était inférieure à une durée de cinq minutes, possédaient des structures dédaléennes d'une rare complexité invitant au voyage introspectif. L'on pouvait ainsi s'égarer facilement, tout en gardant les sens en éveil, sur de splendides morceaux comme Spectrum of Impurity ou Wallowing in Misery avec son introduction hantée. Du blackened death maîtrisé de bout en bout, sombre et contemplatif, comme on aimerait en entendre plus souvent.

Accursed - A Curse Called Life... (1994) :
Deux petites années. C'est le temps que vécut ce groupe énigmatique originaire du Wisconsin, temps durant lequel il put tout de même enregistrer un album déroutant, Meditations Among the Tombs, paru en octobre 1995 chez Visceral Productions. Oui, déroutant, c'est l'adjectif qui convient sans doute le mieux pour qualifier Accursed qui ne faisait pas du death metal ordinaire, c'est le moins qu'on puisse dire. Très intériorisée et pouvant même se transformer en une sorte d'expérience métaphysique, leur musique s'apparentait à un mélange de death et de black dont on pouvait saisir toutes les subtilités sur cette démo faite de multiples sentiers. Construits sur un rythme syncopé aux charpentes ramifiés, les quatre morceaux dégageaient une ambiance très spéciale tenant presque du gothique. Avant-gardiste pour son époque, Accursed n'eut hélas pas le temps nécessaire d'élargir son spectre musical, l'aventure s'étant brusquement arrêtée après la sortie de Meditations Among the Tombs.

Corpus Mortale - Corpus Mortale (1995) :
Avant de s'engager dans la voie d'un brutal death metal sans concession, le groupe danois fondé à Copenhague en 1993 était plus axé sur un death typiquement scandinave, alliant l'énergie et la majesté du son suédois à celui plus gras et tourmenté de la Finlande. Le mixage des deux est ici poussé à son paroxysme sur six morceaux courts à l'ossature pimpante dont la lourdeur peut impressionner l'auditeur, même le plus aguerri. Corpus Mortale signait une démo inaugurale d'une impeccable étoffe, trois ans avant la sortie de son premier album, Spiritism. Plus de trente ans après ses débuts, le groupe demeure en activité, bien que Martin Rosendhal, chanteur et bassiste, en soit le seul et unique membre.

Ce groupe né à Philadelphie en 1990, et dont faisait partie le vocaliste Jack Gannon (qui passera un peu plus tard chez Deteriorate et Goreaphobia) n'a laissé que cette démo comme unique preuve de son passage sur notre bonne vieille terre. Cemetery Earth ne s'embarrassait pas de fioritures en pratiquant un death cryptique, lugubre et ténébreux, porté par une section rythmique très lourde pouvant offrir un rendu suffocant et malsain pas si éloigné du death/doom. Sur ces quatre morceaux au fort caractère, une impression horrifique était prégnante, de même qu'un fort sentiment anti-religieux. Dommage que le groupe n'ait pu poursuivre son exploration car, le potentiel était clairement là.

lundi 17 février 2025

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 34


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Aberration - Like a Sacrilege (1993) :
Parmi les nombreux groupes qui se sont faits appeler Aberration, on trouve ce quintette originaire de la Province de Talagante, au Chili, où il fut fondé en 1990 avant de disparaître mystérieusement quelques années plus tard. Le groupe n'a laissé pour preuve de son existence que cette démo contenant quatre morceaux que l'on pourrait qualifier de death/thrash mid-tempo. Délétère et malfaisante, la démo souffre hélas d'un manque d'énergie de par son rythme assez lent. L'écoute n'en demeure pas moins intéressante, le Chili ayant toujours été, comme on le sait, un pourvoyeur du metal extrême.

Insanity - Insanity (1985) :
Malgré les drames et les épreuves qu'il a traversés, Insanity tient toujours le choc, grâce notamment à Dave Gorsuch, son inoxydable chanteur et guitariste, toujours présent dans l'effectif aujourd'hui. Lorsque cette première démo sort en octobre 1985, Gorsuch est accompagné de Keith Ellison à la basse, Bud Mills à la batterie et Joe DeZuniga qui est alors le vocaliste principal (ce dernier meurt hélas en 1987 d'une attaque cardiaque à seulement vingt-et-un ans, tandis que Mills décède vingt ans plus tard d'un cancer à quarante ans). Enfin, il faut également savoir que le groupe se sépara à quatre reprises avant de se reformer finalement en 2018 avec un lineup fortement recomposé, toujours emmené par Gorsuch, bien entendu. Quant à cette démo, disons-le clairement, elle s'inscrit dans l'histoire du death metal, avec ses trois morceaux rageurs et violents, dont le cultissime Fire Death Fate, qui inspirèrent bien des groupes par la suite, dont Carcass et Napalm Death. Légende vivante du death/thrash, Insanity a sans doute plus fait qu'apporter sa pierre à l'édifice dans la genèse du death aux États-Unis.

Evil Spells - A Path to the Void (Filthy Cave Records, 2014) :
En 2012, trois membres du groupe de black metal français Asmodée ont pour idée de fonder une nouvelle formation baptisée Evil Spells, à Jonzac, en Nouvelle-Aquitaine. De ce projet naîtra en avril 2014 cette superbe démo 7 titres d'un death metal sincère et puissant. Inspiré, le combo conçoit des compositions ambitieuses, travaillées jusqu'à l'os, en variant les plaisirs avec une certaine habileté. On se laisse ainsi emporter par le solo de guitare lunaire de Priest Molester, par l'atmosphère étrange et envoûtante de Beyond Redemption et par les envolées thrash de Whorekiller, tandis que Procession of the Headless Idol et A Path to the Void nous orientent vers des structures un peu plus complexes à la Immolation ou Incantation des débuts. Le groupe finit hélas par éclater quelques temps après cette magnifique offrande que je considère, à titre personnel, comme l'une des démos de death metal français les plus réussies.

Perifa - Demo 1 (1992) :
Groupe fondé à Trondheim, en plein dans la seconde vague du black metal norvégien, et qui n'avait qu'un objectif : faire du true black metal décharné et sculpté dans la glace. Le résultat sur cette démo 3 titres est perfide, ténébreux et particulièrement malfaisant, que ce soit sur la reprise convaincante de In the Shadow of the Horns de Darkthrone que sur les deux autres morceaux, typiquement black nordique, sans concession et sans pitié. La formation s'est ensuite scindée en deux pour faire naître Bloodthorn (qui ne vécut que neuf ans) et Manes (toujours actif de nos jours).

Hypocrite - Kingdom of Madness (1991) :
On reste en Norvège avec cet épatant groupe originaire d'Egersund dont le death/thrash vindicatif et sérieux s'avère d'une efficacité à toute épreuve sur cette démo comportant notamment deux reprises, une de Slowly We Rot d'Obituary et une autre de Zombie Ritual de Death. Cependant, c'est sur ses propres compositions que le groupe excelle le plus, grâce, entre autres, à un chant puissant et habité soutenu par une solide section rythmique. Le trio arrive même à nous surprendre en concluant par un étonnant titre bonus, Lead Me On, sur lequel se fait entendre le chant clair d'un chœur féminin. Étrange curiosité à écouter impérativement.

lundi 10 février 2025

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 33


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Toxaemia - Kaleidoscopic Lunacy (1990) :
Les suédois posaient les fondations de leur death violent, lourd et rageur sur cette démo inaugurale composée de quatre titres d'une remarquable prestance sur lesquels semblait déjà reconnaissable leur groove si particulier, soutenu par une section rythmique tranchante, bien ancrée dans la tradition scandinave et portée par le chant fabuleux de Stevo Bolgakoff. La suite allait hélas s'avérer moins réjouissante avec une séparation en 1991, suivie d'un interminable silence avant qu'une reformation surprise ait lieu plus de vingt-cinq ans plus tard sous l'impulsion du même Bolgakoff et de son compère Pontus Cervin, le bassiste.

Bacteria - Septical Uproar (1989) :
Avant que Renato Gallina et Paul Mazziotta ne forment Disembowelment en novembre 1989, les deux compères se sont amusés dans un drôle de projet baptisé Bacteria avec lequel ils sortirent notamment cette démo de débauche totale, assourdissante et conçue avec de très modestes moyens. Situé quelque part entre grindcore et brutal death metal, l'ouvrage était des plus primitifs et ne suscitait pas de réel intérêt si ce n'est celui de provoquer un joyeux foutoir. Plus de trois décennies plus tard, on se questionne toujours autant sur la véracité de la chose.

Mortem - Slow Death (1989) :
Formé au printemps 1987 par Marius Vold et Steinar Johnsen (ce dernier évoluant toujours au sein d'Arcturus), cette obscure entité put également compter sur le soutien d'un certain Hellhammer (Mayhem, Arcturus) qui jouait de la batterie sur cette démo inaugurale parue le 19 mars 1989. Le trio, qui ne versait pas encore dans le black metal, pratiquait ici un death sombre et primal, cryptique, horrifique et rempli de noirceur. Pour compléter le tout, Per Yngve Ohlin, alias Dead (Mayhem), avait dessiné la pochette de cet étrange ouvrage.

Pendulum - Hecate (1992) :
Restons en Norvège avec ce projet dont il s'agissait de la seconde et dernière démo avant qu'il ne se fasse rebaptiser Carpathian Full Moon. L'occultisme et la mythologie nordique occupaient ici une place de choix sur fond de blackened doom metal suffocant et malsain avec, en plus, pour agrémenter le tout, une petite reprise bien sentie du Call from the Grave de Bathory. Une démo pas inoubliable mais, suffisamment accrocheuse pour ne pas tomber dans l'oubli.

Eaten Alive - Demo II (2014) :
Terminons avec un groupe plus contemporain bien que disparu il y a dix ans. Ce trio né à Santiago du Chili officiait dans un death old school plutôt classique et, bien entendu, largement influencé par l'école sud-américaine. Toutes les traditionnelles thématiques horrifiques étaient ici passées à la moulinette pour un rendu crasseux et désinvolte digne d'une vieille démo de la fin des années 80. On se laisse volontiers prendre au jeu même s'il n'y a rien de transcendant à retenir.

lundi 3 février 2025

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 32


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Adramelech - Grip of Darkness (1992) :
Injustement rejeté par une partie du public pour avoir pratiqué un style jugé trop complexe, le groupe finlandais était certes unique en son genre mais surtout, novateur dans son approche du death metal et incroyablement doué. Sur cette deuxième démo, le trio se laissait dériver dans les ténèbres les plus inhospitalières afin d'en explorer les recoins les plus secrets. L'instrumentation, lourde et oppressante, pouvait prendre une exceptionnelle envergure sur des morceaux pourtant courts n'excédant pas les trois minutes pour la plupart. La démo s'achevait par une terrifiante descente dans les abysses sur Dreamdeath, une des compositions les plus obscures jamais créées pour le death metal. Du grand ouvrage par un grand groupe dont on attend toujours qu'il soit enfin reconnu à sa juste valeur, vingt ans après la sortie de son dernier album.

Moribund - Into Depths of Illusion (1991) :
Restons en Scandinavie mais, partons pour la Suède cette fois-ci avec un autre groupe très doué à l'existence très courte qui ne sortit que deux démos, dont celle-ci, au court de ses trois petites années de carrière entre 1989 et 1992. Comme Adramelech, le quintette possédait ce même attrait pour l'obscurité mais, en exerçant un death metal moins alambiqué, plus direct et, j'aurais envie de dire, plus classique. Cette démo n'en demeurait pas moins sombre et glauque, notamment sur le morceau qui en donna le titre, Moribund ayant cette capacité à creuser profond pour explorer les tréfonds de l'âme humaine. C'était du death qui ne se laissait pas facilement apprivoiser et dont il était extrêmement compliqué de sortir indemne.

Inverted - Heaven Defied (1992) :
La prolifique Suède donna naissance à un joyau en 1991, dont l'éclat sur la scène du pays allait durer sept ans avant sa soudaine extinction. Sept ans d'intense créativité, ponctués d'un album phare, The Shadowland, paru en 1996 en faisant toujours l'objet d'un culte aujourd'hui. Avant cet ouvrage majeur, la formation forgea son identité sur des démos, dont Heaven Defied, en exécutant un death très sombre, pas si éloigné de leurs compatriotes de Moribund, sur le fond comme sur la forme, et explorant notamment les thèmes impies. Un death profond et viscéral qui allait droit au but, d'une sincérité crue et, au bout du compte, très typique de cette période.

Demogoth - Flesh Consumed (1992) :
Né en 1991, ce groupe obscur ne sortit que cette seule et unique démo comme preuve de son passage sur terre. À l'écoute des quatre morceaux qui la composent, sans compter l'introduction et la conclusion, on croirait entendre un de ces groupes sinistres venus de Finlande, tellement le death entendu ici semble malfaisant à tous les niveaux, et pourtant, ces gars venaient bien de Floride, un des berceaux du death, mais avaient un style et une approche qui pouvaient différer des autres formations bien connues de cet état au début des années 90. Leur truc était vraiment la noirceur et le désespoir, ce qui, ma foi, avait le mérite de s'avérer efficace sur cette démo.

Astaroth - Drowning in Blood (1992) :
La Floride, justement, Astaroth (que nous avions longuement évoqué dans cet article) en était originaire, plus précisément de Tampa, un des plus gros foyers du death metal des années 90. Tout comme Demogoth, ce groupe était fermement décidé à ne pas faire comme les autres. Dès cette première démo, il s'attachait à fracasser du pied toutes les portes des dimensions infernales afin d'y extraire les choses les plus vils et malfaisantes qui y habitaient. À la limite de l'inaudible, cette démo infusait dans du death cauchemardesque, rude, primitif et difficile d'accès pour le commun des mortels. C'était là la force d'un groupe déterminé à emprunter des chemins que peu avaient arpenté et sur lesquels le risque était grand de se perdre à tout jamais.

lundi 27 janvier 2025

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 31


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Ancient - Eerily Howling Winds (1993) :
En des temps immémoriaux où il allait asseoir sa légende à tout jamais, Ancient, alors emmené par Aphazel et Abyssus, posait les fondations de son black metal mélodique sur cette première démo passée à la postérité. Le premier assurait avec brio une section rythmique soutenue et inspirée, tandis que le second posait sa voix maléfique sur des mélodies sombres et planantes portées par des chorus touchant au sublime, notamment sur le morceau qui donnait son titre à la démo. L'authenticité et le côté subversif du black metal de la seconde vague, servie ici dans les aspects les plus distordus de ses harmonies, n'avaient plus qu'à fournir le carburant essentiel pour que le moteur tourne à plein régime et le tour était joué. Une des plus grandes démos de BM de l'époque, toujours au sommet plus de trente ans plus tard.

Putrefaction - Inside the Crypt (1994) :
Restons en Norvège avec un groupe de death metal entouré d'un voile impénétrable de mystère puisqu'on ne connait ni sa date de fondation, ni sa date de disparition et encore moins ce qui est arrivé à son vocaliste, décédé à une date inconnue dans des circonstances qui le sont tout autant. Plus étrange encore, cette seule démo laissée en héritage comporte six morceaux sans titre, simplement numérotés. Ce que l'on sait, en revanche, est que tout cela fut enregistré en 1993 dans un village du nom de Skoppum dans le comté de Vestfold et que le groupe, qui était un trio, pratiquait un superbe death metal, lugubre et soutenu, porté notamment par une section rythmique très lourde résolument ancrée dans le son scandinave (en particulier finlandais) qu'on entendait à cette époque. Une démo d'une malfaisance terrifiante par un projet qui semblait apprécier son errance dans les brumes de l'underground. À écouter impérativement.

Cerebral Hemorrhage - Demo 1999 (1999) :
Alors que le label Comatose Music vient de rééditer dans une version restaurée Exempting Reality, l'album culte (le seul à ce jour) sorti en 2001 chez Mutilated Records, c'est l'occasion idéale de se replonger dans les débuts du groupe new-yorkais en se repassant dans les conduits auditifs la démo sortie deux ans plus tôt. Tous les ingrédients qui feront le succès de Cerebral Hemorrhage étaient déjà sur ces quatre morceaux jouissifs de brutal death metal livré à l'état pur. Des influences hardcore de Amongst the Tombs au death charnu d'un Dying Fetus des débuts sur Rejoice of the Brutal, en passant par les breakdowns à décorner les bœufs de Sacrilege et les rythmiques old school d'un Resulting in Homicide proche d'Internal Bleeding et d'Eternal Suffering, le groupe distribuait les mandales en y mettant l'art et la manière, donnant au genre ses lettres de noblesse. Une performance rarement égalée depuis.

Threnodist - The Vomitous Demo (1991) :
Les archives du metal nous montre une photo sur laquelle trois gamins prépubères au regard menaçant, dont deux portant une cassette retournée, prennent la pose dans un cimetière rempli de verdure, une grande croix juste derrière eux. On a du mal à croire que ces gosses, dont l'un d'eux n'est autre que Dario J. Derna, toujours actif aujourd'hui dans ses deux gros projets, Krohm et Ritual Chamber (et qui passa aussi par Evoken, Funebrarum et Drawn and Quartered) allait pondre trois ans plus tard un des plus grands et plus brutaux albums de death metal de tous les temps, To the Depths, in Degradation, sous le nom d'Infester. Ce qui est remarquable ici est que l'on retrouvait déjà sur The Vomitous Demo des éléments qui allaient constituer la sève de cet album culte. Tout dans les arrangements et les structures était bâti sur un socle solide et puisé dans ce que le death metal avait de plus malsain et glauque, à tel point qu'on a l'impression d'entendre un groupe qui semblait avoir des années d'expérience derrière lui alors qu'il ne s'agissait que d'un premier jet lancé à la face éberluée du monde. On touche vraiment ici à quelque chose tenant du culte, un diamant noir gravé dans les annales du genre.

Genital Putrefaction - The Inside Anxiety of Soul (Rock'n'Roller, 1992) :
Derrière ce nom d'une poésie à se damner officiait un groupe polonais qui s'installa par la suite à Berlin où il réside toujours aujourd'hui dans ses activités malgré deux séparations, dont une survenue tôt, en 1993, juste après la parution de cette démo (qui était leur troisième). Sur ces cinq morceaux, tous les ingrédients étaient réunis et parfaitement agencés pour la pratique d'un brutal death metal efficace et sincère qui n'hésitait pas, sur certains passages, à s'aventurer vers des territoires grindcore sans pour autant dénaturer l'aspect purement brutal et direct de la chose. L'agressivité n'en était au final que plus mise en avant mais, une agressivité maîtrisée donnant un vrai style, bestial et authentique, à cet objet.

lundi 20 janvier 2025

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 30


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Grotesque - Ripped from the Cross (1988) :
Né à Göteborg en 1988, notamment sous la gouverne d'un certain Tomas Lindberg (At the Gates), qui se faisait appeler à l'époque Goatspell, et de Jan Kristian Wåhlin, guitariste aussi connu pour avoir dessiné des pochettes d'albums pour des formations telles que Dark Funeral, Emperor et Dissection, Grotesque dévoilait en novembre de la même année cette première démo sans doute enregistrée à l'intérieur du ventre d'un gros troll des cavernes repu après un bon repas, au vu de la qualité sonore. Il n'empêche, Ripped from the Cross contenait trois morceaux remarquables dans leur structure, d'un blackened death des plus extrêmes et qui préfigurait peut-être la seconde vague de black metal qui allait déferler vers le tout début des années 90. Même s'il est tout à fait compréhensible que le son puisse en rebuter beaucoup, dites-vous bien que vous avez ici une des démos les plus cultes de cette époque reculée dans le domaine du metal extrême.

Apostate - Flight of the Halcyon (Aurora Productions, 1999) :
Contrairement à nombre de ses compatriotes qui choisirent la voie d'un death metal pur et dur, ce groupe finlandais prit la décision d'évoluer à contre-courant avec un death tellement mélodique qu'on pouvait entendre sur cette démo du chant clair (Bewitched by Thy Flame) et même des claviers et du piano (Flight of the Halcyon). Le quintette laissait alors admirer une très intéressante technicité et une créativité qui ne laissait pas de marbre.

Evisceration - Fondling the Dead (1992) :
Groupe américain à l'existence très courte, dans lequel opérait notamment un batteur qui allait par la suite devenir connu en intégrant Mastodon, Brann Dailor, Evisceration ne laissa de son passage que cette démo de gros death metal graveleux et putride, avec des morceaux qui se distinguaient notamment par une basse versatile aux accords tellement souples qu'on avait le sentiment que les cordes étaient comme de gros spaghettis distendus. La formation de Rochester dans l'état de New-York n'en demeurait pas moins redoutable d'efficacité sur ce seul témoignage discographique.

Atomic Aggressor - Blood Ceremonial (1989) :
Né en 1985 et toujours activité aujourd'hui (aux dernières nouvelles) grâce à son guitariste Enrique Zúñiga (passé par Sadism) et son chanteur/bassiste Alejandro Diaz, le groupe proposait ici une première démo brutale forcément typée sud-américain vu que la formation est originaire du Chili. Vous allez constater, à l'écoute, que tous les morceaux de cette démo nous ramènent à ce son crade et authentique du death old school latino, aussi bien dans la section rythmique que dans les chorus, de très forte inspiration death/thrash. Aucune surprise, donc, bien que l'objet possède une irrésistible attractivité bien ancrée dans son époque.

Ileus - Demo -91 (1991) :
Terminons avec un pur concentré de death/grindcore à la Napalm Death avec ce combo suédois auquel participa le musicien Peter Bjärgö, actif plus tard dans des formations réputées comme Crypt of Kerberos ainsi que le projet néo-classique/darkwave Arcana. On était bien sûr ici dans un tout autre trip, violent et malfaisant, avec treize morceaux courts pour un total de dix-sept minutes environ, certes pas révolutionnaires dans leur conception mais, suffisamment travaillés pour en faire une démo plus que potable.

lundi 13 janvier 2025

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 29


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Harmony - Blood Angels (1993) :
Deux ans avant qu'il ne change de nom pour se faire appeler Maze of Torment, Harmony dévoilait cette démo inaugurale au printemps de l'année 1993. L'objet se composait de cinq morceaux très curieux, portés par des nappes de claviers offrant un rendu mélodique, atmosphérique et l'on pourrait même dire épique, chose qu'on entendait rarement à l'époque en provenance de Suède. Dans ce domaine, certains morceaux, comme Tree of the Dark ou l'instrumental Dark Feelings, atteignaient des sommets d'ingéniosité, tandis que Flame of Life ou Blood Angels s'inscrivaient beaucoup plus dans un registre death franc et direct. Une étrange et fascinante démo qui devait certainement détonner dans le paysage de l'époque.

Doit-on encore présenter cette démo culte qui hante encore nos nuits (et sans doute aussi nos jours) presque trente-cinq ans après sa parution ? C'est tout simplement le death metal dans toute son abominable majesté, pratiqué avec une précision sidérante par un groupe qui allait enfoncer le clou deux ans plus tard avec Nesphite, son premier et unique album. La lourdeur des guitares, le rythme très soutenu et le son graveleux porté par la voix d'outre-tombe d'Antti Boman, formaient un ensemble d'une cohérence et d'une puissance à faire trembler les murs. Un des plus dignes représentants du genre en Finlande, que les choses soient dites.

Haimad - A Dream Vision Vanished (1995) :
Changement complet d'univers avec ce groupe suédois fondé en 1994, très instruit dans la pratique d'un black metal mélodique à l'atmosphère éthérée. Sur cette première démo, l'esprit de la seconde vague en provenance de Norvège est très présent même si le groupe parvient à se détacher en créant des harmonies à couper le souffle atteignant un point culminant sur Devote Despair et Spiraling of the Winter Ghost, sublime poème gothique refermant l'ouvrage. Haimad n'oublie pas pour autant ce que sont les racines du true black metal en envoyant du lourd sur The Path of Damned Legions. À écouter sans plus attendre.

Ulcer - Demo 1996 (1996) :
On connait l'importance de la Floride dans l'émancipation du death metal américain des années 90, en particulier de la très active scène locale de Tampa dont provient Ulcer. Toujours en activité aujourd'hui, le groupe nous servait sur cette première démo du death old school particulièrement brutal avec de bons passages groovy que l'on retrouvera plus tard sur sa deuxième démo puis, son premier album qui paraîtra en 1999. Très classique au final mais, très stylé, avec un petit air de Repulsion qui se serait télescopé avec Morbid Angel.

Aggressor - Demo 1991 (1991) :
Bien des groupes de metal extrême se sont fait appeler Aggressor. Celui-ci nous venait d'Estonie, ce qui n'était pas banal, et nous livrait sur cette démo un death/thrash abrasif qui pouvait très bien lorgner vers le punk et le hardcore, un morceau comme Lifestyle en étant la représentation parfaite. Très clairement, l'influence du mastodonte Kreator était vraiment prégnante sur cet ouvrage. D'ailleurs, c'était déjà le cas sur la première démo d'Aggressor, Indestructible, parue un an plus tôt. Le combo enchaînera par la suite avec deux albums ancrés dans le même style.

lundi 6 janvier 2025

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 28


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Varathron - Genesis of Apocryphal Desire (1990) :
Le groupe athénien, qui possédait un lineup d'exception à l'époque, signait une seconde démo d'anthologie composée de quatre morceaux très inspirés, situés entre black metal occulte et death metal mystique. Il en résultait une ambiance qui pouvait être à la fois sombre, épique et mystérieuse, baignant dans des harmonies au rythme changeant, tantôt lent, tantôt plus rapide et pouvant lorgner vers un speed/thrash exécuté à la perfection. Alors qu'il n'était que dans la première ère de sa longue existence, Varathron bâtissait déjà sa légende. Trente-cinq ans plus tard, cette démo demeure une référence absolue en la matière sur laquelle le temps ne semble avoir aucune emprise.

Amon - Sacrificial (1989) :
Une démo de très grande classe, en avance sur son temps et qui préfigurait Deicide. Un Glen Benton bestial et démoniaque au chant et à la basse, un Steve Asheim déjà au sommet et bien sûr les frères Hoffman, Erik et Brian, aux guitares, tellement complémentaires et ne pouvant aller l'un sans l'autre au point qu'ils reformèrent le groupe en 2007 après que Benton les ait virés de Deicide. Chacun des six morceaux sur cette démo est un hymne death metal dans la plus pure tradition du genre. Du très grand art noir et subversif, un disque indéboulonnable gravé à tout jamais dans l'histoire du metal extrême.

Treblinka - Crawling in Vomits (1988) :
Première démo du groupe suédois, avant qu'il ne se fasse appeler Tiamat. Quatre morceaux comme autant de coups portés sous la ceinture. Violent, saignant, sans la moindre concession, c'était du death/black précurseur qui ne disait pas son nom, un doigt d'honneur au monde entier directement en provenance des bas-fonds les plus nauséabonds, du metal extrême tout ce qu'il y avait de plus... extrême dans tous les sens du terme, avec notamment un Cadaverous Odour qui s'achève de la plus belle des manières. Une démo à jamais dans la légende.

Sorcery - Unholy Crusade (1989) :
Sans doute la démo la plus aboutie du groupe suédois. Puissance, précision, audace, des riffs très lourds, un chant de métronome, un rythme très soutenu qui ne faiblit jamais. Les scandinaves avaient trouvé leur identité deux ans avant la parution de leur premier album. Au final, on peut dire que cette démo était dans l'air du temps, tellement la Suède dominait outrageusement les débats à cette époque en matière de death metal. Il n'y avait vraiment pas photo.

Expulsion - Veiled in the Mists of Mystery (1989) :
On reste en Suède avec la seconde démo de ce groupe qui pratiquait avec beaucoup de justesse et de rigueur un death/doom de facture classique. Un rythme exécuté la plupart du temps en mid-tempo, lourd, parfois brutal mais, agrémenté par intermittence de parties plus mélodiques donnant une vraie consistance aux compositions. Cela est sans réel surprise mais suffisamment bien structuré pour qu'on s'y attarde.

lundi 30 décembre 2024

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 27


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Necrophile - Apostle of Destruction (1986) :
D'abord, attention à ne pas faire la confusion avec le groupe japonais du même nom que nous avions d'ailleurs évoqué dans un précédent épisode de cette rubrique. Ici, nous parlons d'une formation originaire du New-Jersey, dont faisait partie notamment le batteur Joe Moore (ex-Blood Feast et malheureusement décédé en 2022) et qui ne laissa en tout et pour tout que cette démo comportant quatre morceaux d'un death/thrash particulièrement furieux. J'aurais d'ailleurs plutôt envie de dire thrash/death car, c'est surtout le côté thrash qui ressortait le plus ici, surtout sur les deux premiers morceaux, Apostle of Destruction et Out of the Womb, tandis que l'ambiance était plus sombre sur les deux superbes titres que sont Masochist et Necrowitch. Un "must-have" pour tous ceux qui voudraient se replonger dans cette époque prolifique ou thrash et death étaient très liés l'un à l'autre.

Autopsy Torment - Darkest Rituals (1991) :
Ce groupe suédois sortit pas moins de sept démos entre 1989 et 1992, dont ce Darkest Rituals cryptique à souhait, bâti sur un death metal mid-tempo d'une extrême rugosité, surtout au niveau du chant, et qui pouvait aussi bien lorgner vers le blackened death que le brutal death metal mais, d'une façon très primale. L'écoute n'est pas simple et nécessite un vrai temps d'adaptation avant d'en saisir la complexité et les chemins cachés, ce qui rend l'expérience d'autant plus passionnante.

Seirim - ... of the Dark One (1995) :
Il s'agissait de la première démo de ce groupe allemand qui vécut de 1994 à 2003. L'objet renfermait six morceaux d'un death magnifique, implacable , au rythme soutenu et à l'équilibre parfait, sans trop en faire. Écoutez notamment Sign of Blasphemy, dont vous me direz des nouvelles, splendide composition d'une noirceur macabre sur laquelle chaque instrumentiste, en parfaite adéquation, accomplit des prodiges. C'est du death savamment conçu et qui ne déborde pas du cadre, un objet plus qu'essentiel que tout amateur du genre se doit de posséder.

Bien des groupes se sont appelés Cenotaph. Celui-ci arrivait de Trieste et proposait sur cette démo un death assez remarquable de par le fait que le chanteur utilisait un clavier sur certains morceaux, comme Catacombal Womb et Interplanetary Death Thirst, sans doute le morceau le mieux élaboré et le plus abouti de ce curieux objet non dénué de charme et dégageant un côté mystique pas désagréable à l'écoute même si l'ensemble s'inscrit dans du death typique de cette période.

Apostasy - Accuser of Brethren (1993) :
Seule et unique démo de ce groupe de Tampa, en Floride, dont le chanteur était Tony Blakk qui passa par des formations comme Acheron, Equinox, Gravewürm et qui allait bien plus tard cofonder Druid Lord. Les cinq morceaux qui composent cette démo sont une tuerie absolue de death metal sincère, puissant, solide dans tous les compartiments et n'hésitant pas à frapper sous la ceinture en toute décontraction. On atteint ici un très haut niveau de constance, de brutalité et de malfaisance, le tout exécuté avec une aisance qui déconcerte l'auditeur. Dommage que l'aventure n'ait pas continué.

lundi 23 décembre 2024

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 26


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Molested - Unborn Woods in Doom (1993) :
Commençons par un peu d'histoire. Fondé à Bergen en 1991, Molested était le premier groupe d'un certain Øystein Garnes Brun qui allait fonder trois ans plus tard Borknagar. Erlend Erichsen, qui fit dans sa carrière un court passage chez Gorgoroth, en était quant à lui le batteur. On était ici loin du black metal de Gorgoroth et encore plus loin des expérimentations viking/folk/black/prog indigestes de Borknagar puisque Molested faisait du death et du très bon, brutal et délétère. Un groupe qui sortait de l'ordinaire, c'est le moins qu'on puisse dire, alors que la Norvège était encore submergée par la vague black metal du début des années 90. Le groupe dévoilait sur cette démo cinq morceaux terrifiants et lourds ne laissant aucune place à la faiblesse.

Immortal Possession - Mass Murder (1994) :
Ce groupe fondé à Winnipeg en 1989 avait un sérieux atout dans sa manche, son chanteur Chris Labossiere, dont les vocaux graves, bas et profonds étaient particulièrement effrayants. Pour le reste, les canadiens envoyaient du gros death lugubre et blasphématoire sur cette troisième démo. Étrangement, ils allaient disparaître de la circulation en 1995 pour finalement se reformer en 2020, à la surprise générale. Ils ont même sorti un album il y a deux ans sur CDN Records avec toujours l'ami Labossiere au chant.

Exorcist - Voices from the Graves (1987) :
Sur cette vieille démo, ce groupe polonais né à Varsovie en 1986 pratiquait du thrash très speed qui, sur certains morceaux, comme Last Priest ou Nun's Sabbath, lorgnait beaucoup vers le black et même un death que l'on pourrait qualifier ici de très primitif. Ces gars ont dû se laisser bercer étant jeune par les rythmiques endiablées de Bulldozer, le vieux Kreator et bien sûr Venom. Une drôle de curiosité.

Antropomorphia - Bowel Mutilation (1992) :
Toujours en activité aujourd'hui malgré une séparation en 1999, ce groupe fondé à Tilburg, aux Pays-Bas, à la fin des années 80, déboulait avec cette démo composée de cinq morceaux ancrés dans un death metal typique de l'époque sur le continent européen et qui n'était pas sans rappeler leurs compatriotes de Gorefest, Asphyx et surtout Sinister, sans oublier Thanatos. Rien de surprenant, tant la scène néerlandaise était en pleine vitalité durant cette période.

Deranged - Place of Torment (1989) :
Ce groupe canadien eut une très courte existence, de 1987 à 1989, soit tout juste le temps de publier deux démos, dont celle-ci, sur laquelle leur thrash metal ultra énergique faisait mouche (les vocaux maniaques de Scott Murdoch, le chanteur !) et alors que le thrash était déjà en plein boum dans leur pays grâce à Sacrifice et Infernäl Mäjesty. Leur destinée fut hélas toute autre.

lundi 9 décembre 2024

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 25


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Mutilated - Resurrected (1991) :
Quel dommage que Mutilated n'ait pas vécu longtemps. Le groupe fondé à Bourg-en-Bresse en 1987 possédait toutes les qualités requises pour devenir une référence du death français et même européen. Restera de leur passage deux témoignages sous forme de démos, Psychodeath Lunatics, que nous évoquions dans cet article, parue en 1988, et Resurrected trois ans plus tard. Sur cette dernière, le groupe maîtrise son art à la perfection avec un Philippe Herbaut plus maléfique que jamais au chant et un Michel Dumas (toujours actif aujourd'hui avec Agressor) aux doigts de feu à la guitare. Resurrected était la suite idéale de Psychodeath Lunatics avec un death authentique, ténébreux et majestueux tutoyant la perfection. Bref, du très grand death metal, viscéral et impitoyable, que l'on réécoute de nos jours en étant empli d'une émotion qui nous transperce de part en part.

Disabled - The Fall of Christ (1993) :
Restons en France avec ce groupe bordelais d'une férocité absolue, pas si éloigné de Mutilated au niveau du style musical. Sur cette deuxième démo parue en novembre 1993, les quatre musiciens montrent une remarquable complémentarité en pratiquant un death rapide et particulièrement malsain qui ne s'embarrasse pas de détours inutiles. Les uppercuts, les directs du gauche et du droit et les coups fourbes sous la ceinture s'enchaînent comme des perles, à l'image de morceaux comme Burning Pentagram et The Forest of the Damned qui atteignent des sommets d'intensité et de brutalité comme seul le death de cette époque pouvait nous en offrir. Deux autres démos du même acabit suivront en 1995 avant que la formation ne s'éteigne subitement trois ans plus tard.

Carnifex - Decadence (1991) :
Attention, nous ne parlons pas ici de la bouse infâme deathcore pour midinettes du même nom mais, bien du groupe finlandais né en 1989 et décédé quatre ans plus tard. Ce Carnifex-là ne nous laisse qu'une démo de son passage sur terre, parue en 1991. Un objet unique en son genre composé de cinq morceaux de pure violence imprégnés d'un death d'une grande brutalité, aux riffs assassins, parfois proche du grindcore avec des parties assez techniques par intermittence et des changements de rythme à vous filer des crampes, le morceau Disturbed One étant un bon exemple du descriptif que je fais, même si les quatre autres valent également le coup. Pour la petite histoire, Veijo Pulkkinen, qui officiait à la batterie sur cette démo colossale, est toujours actif aujourd'hui au sein de Cadaveric Incubator. 

Malediction - Framework of Contortion (1991) :
Figure imposante de la scène death metal du Royaume-Uni depuis 1990 même si, paradoxalement, il n'a toujours pas sorti d'album, Malediction confirmait sur cette deuxième démo parue en octobre 1991 tout son potentiel grâce un death aux frappes chirurgicales, saignant et sans concession, et penchant fortement vers le grindcore. C'était de toute façon la marque de fabrique de ce groupe qui s'est rappelé à notre bon souvenir l'année dernière en sortant un excellent EP, The Soil Throne, très proche musicalement de ce qu'il proposait déjà dans les temps anciens. Une fidélité qui impose le respect et qu'on espère voir récompensée un jour, Malediction étant une formation, à mes yeux, cruellement sous-estimée.

Immortal Fate - Faceless Burial (1992) :
Cette démo, la quatrième de ce groupe fondé en Californie en 1989, sent à plein nez le vieux Autopsy des débuts mais, pas que. À l'écoute des quatre morceaux qui la composent, on découvre une source d'inspiration aux multiples ramifications allant de Rottrevore à Morpheus Descends en passant par Cannibal Corpse. Bon, vous l'aurez compris, c'est du gros death baveux, bien taillé et sculpté dans l'os, typiquement calibré pour les petites virées nocturnes dans les nécropoles méphitiques.

lundi 18 novembre 2024

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 24


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Ce drôle de projet fondé en 1990 à Nuremberg, qui disparut un temps avant de renaître d'entre les morts en 2004 (leur dernier album en date est de 2017) semble très porté sur des sujets comme le sexe et la pornographie. Vous en conviendrez en découvrant les pochettes de certains de leurs opus. Sur un point de vue purement musical, la formation était à fond dans le death dès cette première démo parue en 1991, avec un goût très prononcé pour le grind. La mixture proposée ici va peut-être sembler indigeste pour certains, cependant, elle est l'archétype d'un grindcore très primitif, typique de l'époque, alors que le death rentrait dans sa période la plus créative. L'objet n'en demeure pas moins curieux et intéressant sur bien des points malgré l'aspect répulsif qu'il suggère au premier abord, signe d'un groupe qui ne se prenait sans doute pas vraiment au sérieux.

Delirium - Amputation (1989) :
Arrivé en plein boum de la scène death metal néerlandaise, en provenance de Hollande-Septentrionale, Delirium allait lâcher un gros pavé en 1989 avec cette démo 4 titres d'une qualité remarquable, imprégnée d'un death superbement exécuté, sans détour, très inspiré de Celtic Frost, Obituary, Asphyx et bien sûr Thanatos, par qui tout a commencé dans ce pays. Le groupe allait hélas s'éclipser aussi vite qu'il avait surgi après la sortie d'un unique album en 1990.

Pestigore - Within the Dark Mist (1991) :
Fondé en 1990, ce groupe finlandais a surtout été actif entre 1991 et 1992 avec pas moins de quatre démos publiées dont celle-ci, qui fut la première. En un tout petit peu plus de huit minutes, le quintette ne s'embarrassait pas de choses superflues en décidant de frapper délibérément sous la ceinture avec son death franc du collier, crasseux, direct et primal. Certes, cette manière de jouer était déjà très répandue à l'époque, et donc sans surprise mais, cela avait au moins le mérite d'adresser un message clair, à savoir que de tels groupes n'étaient pas là pour amuser la galerie. Bref, c'était le death dans toute sa terrifiante splendeur.

Decerebration - Pure Hatred (Melomane Records, 1994) :
On ne redira jamais assez à quel point la scène canadienne, notamment québécoise, a su apporter au fil du temps sa pierre à l'édifice du death. Decerebration a apporté la sienne il y a trente ans, lorsque paraissait Pure Hatred, première démo pleine jusqu'à la gueule, onze morceaux en tout pour près de quarante minutes d'écoute, soit l'équivalent d'un LP. La formation exprimait ici son goût pour un death conçu dans un aspect brutal, escaladé par des versants abrupts qui, sur certains morceaux, laissaient transparaître des séquences plus techniques où les guitares et la basse pouvaient s'exprimer en toute liberté. C'était du bon death, très bien modelé et vraiment créatif malgré son apparence primitive. Ne passez surtout pas à côté de cette démo.

Phlegethon - Neutral Forest (1990) :
Voici un groupe dont le style ne s'apprivoise pas facilement. C'est un peu comme si l'on était dans un musée et que l'on s'arrêtait devant l'œuvre d'un peintre afin de prendre le temps de l'étudier et de s'en imprégner. Cette démo, la deuxième de ce combo finnois, produit le même effet. Certains céderont sans doute à la facilité en disant que c'est du death/thrash, un genre de mix entre Funebre et Depravity, deux formations finlandaises de renom, avec peut-être un soupçon du Darkthrone du tout début, et même du Darkthrone plus récent. Pourquoi pas mais, ce qu'il faut dire surtout, c'est que ce groupe a une façon bien à lui de faire les choses par une approche poétique et contemplative dans l'écriture des paroles, voire quasi littéraire. Si vous prenez le temps qu'il faut pour écouter cette démo, sans être dérangé, vous allez en ressortir éblouis.

lundi 4 novembre 2024

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 23


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Funeral - Demo 1996 (1996) :
En 1995, lorsque le groupe Autopsy décide de se séparer (ils se réuniront quatorze ans plus tard), Eric Cutler, le guitariste, se lance dans un nouveau projet baptisé Funeral, dans la ville d'Antioch en Californie. Avec le chanteur et guitariste Aaron Gustafson, le bassiste Steve DiGiorgio (Testament, Act of Denial) et le batteur John Schafer (toujours en activité aujourd'hui avec Hexx, légendaire formation power/thrash fondée en 1978), il enregistre une démo 6 titres qui voit le jour en août 1996. Le résultat donne un death metal extrêmement malsain et corrosif alternant les parties rapides et les passages plus lents presque doomy avec un arrière-goût du Dying Fetus des premiers jours qui aurait fait la bringue avec Immolation. Bref, du pur death, non frelaté, tout ce qu'il y avait à l'époque de plus primitif et animal, au point qu'on ne s'en remet toujours pas aujourd'hui.

Morpheus - Corpse Under Glass (1992) :
On touche ici à un mythe du death metal new-yorkais, un mythe toujours bien vivant aujourd'hui sous le nom de Morpheus Descends, même si le groupe n'a plus rien enregistré depuis 2015. Après le départ du chanteur Craig Campbell, c'est Jeff Reimer (venu du groupe death/thrash Mutilation et qui connaîtra un triste destin en 2005 en mourant d'une overdose à l'âge de trente-cinq ans) qui prend le relais au micro. Ces vocaux gutturaux sont impressionnants sur cette démo révélée début 1992, la seconde du groupe après Accelerated Decrepitude l'année précédente. Quant aux instruments, c'est une puissance redoutable qui se met en marche tel un régiment en mode offensif, avec des guitares cisaillant telles des scies circulaires. Morpheus savait y faire pour déchaîner les enfers avec son gros death putride et vindicatif. Cette démo se classe parmi les meilleures de l'époque, et peut-être même de tous les temps, n'ayons pas peur des mots.

Gorefest - Tangled in Gore (1989) :
Du temps de sa grandeur, Gorefest aura connu des années 90 prolifiques durant lesquelles le groupe néerlandais a acquis une notoriété mondiale grâce à un triptyque d'albums particulièrement savoureux, Mindloss, False et Erase. L'on sentait de toute façon dès le départ que le combo possédait un énorme potentiel. Cela est tout de suite devenu un constat sur leur toute première démo, Tangled in Gore, paru en décembre 1989, sur laquelle figurait notamment un morceau d'anthologie, Putrid Stench of Human Remains, hymne death metal à part entière à ranger parmi les plus grandes compositions créées dans ce style. Gorefest ne s'embêtait pas, on le sait bien, à faire des détours. Leur seul et unique but était de faire du death metal à l'état brut, sans frelater quoi que soit, bref, du death qui venait des tripes. Cette démo en était un exemple marquant, si bien qu'elle demeure encore de nos jours une des pièces les marquantes du genre malgré son ancienneté.

Convulse - Resuscitation of Evilness (1990) :
Devenu sur le tard un groupe de death metal progressif, Convulse était à ses débuts, en 1990, un pur combo de death qui pratiquait le style dans la plus grande tradition scandinave. Sur cette démo parue en décembre de la même année, les finlandais semblaient très inspirés, sans doute portés par la vague déferlante en provenance de Suède qui allait assouvir l'Europe entière. D'une remarquable solidité, les quatre morceaux composant Resuscitation of Evilness possédaient chacun une empreinte marquant l'auditeur au fer rouge. C'était à la fois quelque chose d'agressif mais, remarquablement ordonné, tant au niveau du chant que des sections rythmiques. Pas révolutionnaire, sans doute mais, réellement habité par une entité maléfique cachée dans l'ombre. Deux après la parution de ce brûlot, une autre entité, celle de la mort, viendra prendre le guitariste du groupe, Jani Kuhanen, à seulement vingt ans.

Rééditée en décembre 2022 au format vinyle par les bonnes grâces du label Xtreem Music, cette démo des finlandais est un objet intemporel qu'on réécoute aujourd'hui avec la même saveur. Il faut dire que ces mecs étaient tellement bons, à tel point que la presse spécialisée de l'époque les avaient déjà encensés lorsque leur première démo, Beyond the Immortalized Existence, était parue (on en parlait dans un précédent épisode). Que dire de plus, c'était du très beau death scandinave, tout simplement, sculpté dans le bloc et d'une exceptionnelle justesse, comme on peut l'entendre sur cette superbe démo 4 titres.

lundi 28 octobre 2024

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 22


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Disbelief - Unbound (1993) :
Bien avant qu'ils n'intègrent des éléments thrash et sludge à leurs compositions (terrible décision qui m'a fait éloigner d'eux), les allemands de Disbelief étaient un bon groupe de death, et même un sacrément bon. Sur Unbound, leur démo datée de 1993, Karsten Jaeger, toujours chanteur de la formation aujourd'hui, semblait possédé par une créature malfaisante, tandis que Denis Musiol, qui quittera le groupe deux ans plus tard, accomplissait des prodiges à la guitare (superbe solo sur Blackness, morceau refermant la démo). L'utilisation de claviers sur Scanning the Inner accentuait l'ambiance horrifique qui se dégageait de l'œuvre, alors que sur Mortified Soul, les teutons s'aventuraient vers un death plus progressif, presque avant-gardiste. Une grande démo, fascinante, déroutante et difficile à apprivoiser.

Gorement - Obsequies... (1991) :
Actif pendant cinq ans, de 1991 à 1996, avant de changer de nom et de trajectoire musicale, Gorement déchaînait les enfers sur cette remarquable démo 4 titres remplie de noirceur et de malfaisance. Le chant de Jimmy Karlsson, très profond et très sombre, faisait notamment la différence sur un morceau comme Gruesome Modification of Form, pièce maîtresse de cette œuvre lorgnant vers un death ténébreux et étouffant. L'essai fut par la suite transformé en 1994 sur un très bon album, The Ending Quest, qui propulsa le groupe.

Sinister - Sacramental Carnage (1991) :
Entre 1988 et 1996, Sinister avait la chance de posséder dans ses rangs un artiste hors-norme toujours considéré aujourd'hui comme une des plus grandes voix du death metal, j'ai nommé Monsieur Mike van Mastrigt. Le talent du néerlandais éclatait sur cette monumentale démo de pur death metal brut de décoffrage, surtout sur des morceaux apocalyptiques comme Perpetual Damnation et Putrefying Remains, tandis que Spiritual Immolation semblait annoncer l'écrasant triptyque qu'allaient être plus tard les trois albums majeurs du groupe batave, Cross the Styx, Diabolical Summoning et Hate. Une démo majeure que tout passionné de death metal se doit de posséder dans sa discothèque.

Necrophile - The Terminal Derangement (1988) :
Première démo de ce groupe japonais, qui splitta en 1991 avant de se reformer onze plus tard (il serait toujours en activité aujourd'hui), on y découvrait un death/thrash direct, ne faisant pas la moindre concession. Le genre d'expérience à vous ramoner les conduits auditifs avec en plus le son bien crasseux qui va avec. On peut imaginer la surprise des auditeurs de l'époque qui voyaient débarquer ce groupe nippon pratiquant un style qui était plus l'apanage des occidentaux. Une démo pas inoubliable mais, sur laquelle on peut s'attarder par curiosité.

Excess - Crucifixion (1992) :
Groupe actif entre 1988 et 1992, période durant laquelle il sortit quatre démos dont celle-ci, qui fut la dernière, contenant quatre morceaux très solides d'un death puissant et bien exécuté, sans artifice, et pouvant parfois lorgner vers un thrash très corrosif qui vous prend par le col et vous secoue comme un prunier. Après cette très bonne démo, ce combo allemand allait changer de nom pour devenir Malignity. On n'a plus entendu parler d'eux depuis.

lundi 21 octobre 2024

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 21


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Disorder - Disorder (1992) :
Cette démo 4 titres est le seul témoignage discographique de cette formation de Sacramento qui a débuté sous le nom de Disciples of Disorder (D.O.D.) avant de raccourcir à Disorder en 1990. Ils nous proposaient ici du thrash de très bonne facture lorgnant vers le heavy metal, le titre le plus attractif étant de loin Defiance of Authority, dont le solo de guitare vaut le détour à lui seul. Psychosomatic, morceau qui referme la démo, révèle lui aussi des qualités grâce à une introduction toute en progressivité, certes typique du thrash metal de la vieille école mais, néanmoins attractive.

Frozen Sun - Defect Dimension of Souls (1993) :
C'était la toute première démo de ce très bon groupe fondé en 1992, sans doute un des meilleurs groupes danois de l'époque, n'ayons pas peur de le dire, tant leur death était d'une solidité remarquable et d'une puissance redoutable, notamment sur John Doe, le morceau qui clôture la galette et que l'on peut considérer comme étant l'une de leurs meilleures compositions. Lorsque la formation se sépara une première fois en 1998, Michael Kopietz, le guitariste, rejoignit l'entité black/death Panzerchrist. Auparavant, Frozen Sun avait publié un album, Dimensions, sorti en 1996.

Old Funeral - Abduction of Limbs  (1990) :
Deuxième démo du groupe norvégien parue à l'été 1990, Abduction of Limbs est à considérer comme une pièce maîtresse du death scandinave avec ses trois sublimes morceaux glacials comme un hiver sans fin, d'autant plus que le chant était ici assuré par nul autre que Olve Eikemo, plus connu sous le nom d'Abbath, d'où le côté assez blackened/death qui ressort de ces trois magistrales compositions. Du très grand Old Funeral.

Crypt of Kerberos - Demo 91 (1991) :
Reformé en 2009 après s'être séparé en 1995, ce groupe suédois semble toujours en activité même si leur seul album à ce jour, World of Myths, date de 1993. Avant de faire dans le death metal progressif, le quintette était plutôt ancré dans du death/doom, comme on peut l'entendre sur cette démo parue au printemps 1991. Si le premier morceau, Sacrifice, révèle de bonnes intentions, avec sa rythmique sombre, l'on se heurte ensuite à un problème puisque les morceaux qui suivent ont une fâcheuse tendance à se coller au même rythme que le premier à tel point qu'ils finissent par se ressembler. Même le chant, pourtant bien exécuté, ne propose pas d'alternative, comme si le combo s'obstinait à suivre une ligne directrice dont il ne voulait absolument pas dévier. C'est bien dommage.

Necropsy - When Desire Becomes Reality (Anaconda Records, 1993) :
Au cours de sa courte existence, qui n'excéda sans doute pas trois ans, même si sa séparation ne fut jamais officialisée, Necropsy fit paraître une démo éditée par un label indépendant de Barcelone. Le groupe catalan y délivrait un death brutal, up-tempo, tantôt proche du grind, comme sur When You Are Alone ou Forgotten Cry, tantôt plus death authentique avec des breakdowns, comme sur To Dream A Dream (et sa très belle intro atmosphérique) et Lost in Yourself. Bref, cette démo avait suffisamment de potentiel pour que ce jeune groupe aille loin. Ce ne fut hélas pas le cas.