C'est grâce à des initiatives soutenues par de petits labels indépendants que j'ai découvert des groupes de death metal dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence. Parmi les idées les plus courantes, on trouve par exemple la compilation. Le principe est, comme vous le savez, très simple. Soit on rassemble sur un même disque plusieurs groupes, soit l'on compile des morceaux appartenant à une seule et même formation. Bien qu'elles diffèrent sur la forme, les deux méthodes ont sur le fond la même finalité, celle de titiller la curiosité de l'auditeur qui, à un moment donné, va ressentir des affinités pour tel ou tel groupe, éprouvant ainsi le besoin d'en savoir plus, quitte à faire quelques dépenses pour étoffer sa collection. Ainsi, c'est par le biais d'une compilation que je découvrais récemment Astaroth. Le label néerlandais Vic Records, bien connu pour avoir compilé et réédité pas mal de choses depuis sa fondation en 1992 à Utrecht, s'était chargé en mars 2019 de rassembler sur un même disque trois démos d'Astaroth, Lost State of Dreams (1993), Songs of Sorrow (1995) et Burning Christians (1998), soit un total de vingt morceaux pour environ une heure d'écoute. Astaroth a possédé un lineup qui a beaucoup évolué au fil du temps. Né en 1991 à Tampa, l'une des capitales mondiales du death metal, il vit passer dans ses rangs Tomas Viator (Disincarnate, décédé l'année dernière d'un arrêt cardiaque), James Marcinek (Nocturnus) et Tony Laureano (Malevolent Creation, Nile, Brujeria), tandis que Larry Sapp fut tout simplement le fondateur de l'entité après son départ de Brutality. Ces allées et venues ont sans doute grillé toutes les cartouches du groupe qui ne vécut que quelques années durant lesquelles il eut tout de même le temps de signer les œuvres retentissantes rassemblées sur cette compilation. De par ses origines, on n'est pas surpris qu'Astaroth soit musicalement très proche de Morbid Angel. L'influence de la bande à Trey Azagthoth est flagrante sur Lost State of Dreams, en particulier sur les joyaux que sont Suppressed Abandonment et Everlasting Decay mais, sans faire dans le copié-collé. La puissance de la section rythmique et le jeu de batterie de Laureano font la différence et la démo repose sur des bases solides qui en font un disque d'une irréprochable qualité. Par la suite, le groupe va se démarquer de son illustre aîné en s'aventurant vers d'autres territoires sur Songs of Sorrow. Un peu à l'image d'un Entombed période Wolverine Blues mais, avec une identité lui étant devenue propre, Astaroth continue de faire du death très floridien dans l'esprit tout en incorporant à sa palette des parties acoustiques assez surprenantes le démarquant quelque peu. Le combo enfoncera ensuite le clou avec Burning Christians, de façon plus brutale et toujours aussi soutenue. On se doute bien que le choix de Vic Records de faire cette compilation était tout sauf le fruit du hasard. Il s'agissait non seulement de réhabiliter un groupe à l'existence courte, de lui faire retrouver sa place sur l'échiquier et, par la même occasion, de suivre son évolution stylistique au fil du temps. Une expérience d'écoute qui vaut franchement le détour, au final.
Les choses diffèrent un peu avec Morbo, d'une part parce que ce groupe est beaucoup plus récent et d'autre part parce qu'il est toujours actif aujourd'hui. Le principe, lui, est inchangé. Un label italien, Despise the Sun Records, s'est chargé de publier le 8 janvier dernier une petite compil de cinq morceaux contenant la première démo du groupe romain, Eternal City of the Dead (2010) à laquelle viennent s'ajouter deux morceaux supplémentaires extraits d'un split, Into the Morbid Bunker, paru en 2016 en collaboration avec le groupe de blackened thrash transalpin Bunker 66. Morbo n'évolue pas vraiment dans le même univers qu'Astharoth, même si cela reste du death metal. Emmené par Mirko Scarpa et Andrea Cipolla (Corpsefucking Art) qui reçurent pendant un temps le soutien de Giorgio Trombino (Shrieking Demons, Becerus), c'est plus vers l'horrifique que lorgne la formation avec son death old school à la Autopsy pouvant flirter vers un grind à la Repulsion et pourquoi pas un black/thrash à la Hellhammer. Passé ses comparaisons, on se rend compte surtout que Morbo possède des qualités qui lui sont propres grâce à un respect sans anicroche des codes de la veille école du death. En gros, on est plus dans le brut de décoffrage, dans la simplicité mais, avec une sincérité faisant office de sacerdoce. Dans la même veine, le groupe italien a sorti un album (le seul à ce jour) en 2014, Addiction to Musickal Dissection, qui constitue un très bon complément si vous découvrez Morbo en écoutant cette compilation. On ne peut que saluer l'initiative du label précédemment cité.
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