vendredi 28 février 2025

RAVAGE CÉRÉBRAL : PLAYLIST / FEBRUARY 2025


Tracklist :

Aortic Rupture - Murderous Frenzy.
Nekrogore - Stenches of Putridity.
Wormface - Heretical Usurpation.
Impurity - Mourningside.
Imperishable - Bells.
Voracious Contempt - Mortality.
Nuclear Remains - Artificial Euphoric Enslavement.
Benediction - Engines of War.
Ade - Vinum.
Dawn of Ouroboros - Slipping Burgundy.
Heathen Heretic - Into the Black Forest.
Athiria - Bash of the Beast.
Wombbath - Beyond the Abyss.
Unbounded Terror - Fear of Dying.
Decrepisy - Severed Ephemerality.
Ancient Death - Breaking the Barriers of Hope.
Summoned - Edict of Worms.
Muskeg Charnel - Lindow Man.
Infernal Flame - Cauldron of Black Tar.
Sijjin - Five Blades.

OREAMNOS - FUTILITY


Après un remarquable premier jet daté de septembre 2023 avec l'album The Granite Wall, paru sur Bloody Mountain Records, c'est sur ce même label que le groupe Oreamnos dévoile trois nouvelles compositions sous la forme d'un EP intitulé Futility. Le duo américain originaire de Mammoth Lakes en Californie montre encore une fois une grande créativité, entre death metal, doom et black metal, notamment sur le long morceau éponyme de plus dix minutes, les deux autres étant également une grande réussite. Cela tombe bien puisque l'intégralité de cet ouvrage est en écoute ci-dessous.

HALLUCIVORE - TELESCOPIC THRESHOLD


Domicilié à Boston, Hallucivore va dévoiler le 1er mars son premier EP, Shrouded in Exogaian Petrichor. Sur le morceau Telescopic Threshold, le quatuor s'emploie à pratiquer un blackened death metal aux structures assez complexes tendant vers le metal progressif. Une curieuse découverte dont il va sans doute falloir suivre l'évolution avec intérêt.

jeudi 27 février 2025

CHRONIQUES DE LA FOSSE : DUELLISTE - DUELLISTE (2025)


Encapuchonné dans sa longue chape noire traînant comme un vêtement de mort, Duelliste erre depuis 2023 sur les champs de batailles que l'hiver glacial semble avoir figés dans le temps, vestiges d'un passé dont les braises subsistent sous les neiges éternelles. Disciple d'un art noir dont il avait tracé les contours sur deux démos révélatrices d'un indéniable talent, l'homme s'était réfugié dans la forêt pétrifiée pour y concevoir le nouveau chapitre de son livre à l'atmosphère mystique. Il ressort aujourd'hui de ce travail d'orfèvre un premier opus éponyme que les frimas de l'hiver recouvrent d'un givre tenace et piquant comme la pointe d'une épée.

Une épée que Carcasse Enchaînée, l'âme damnée derrière le projet, n'est pas décidé à lâcher et c'est tant mieux. Lorsque les premiers accords de Traces figées retentissent dans le brouillard, c'est toute la radicalité d'un black metal sincère et organique qui s'exprime dans toute sa plénitude. Par la violence de la guerre, un enfer apparaît // Dans l'aurore du matin rosé, les silhouettes // De cadavres rappellent le funeste butin sacrifié // À travers les chaumes et les fermes misérables, s'exclame le ménestrel de sa voix sinistre. L'on entendrait presque, au loin, le bruit des épées dont les lames s'entrechoquent au cœur de la mêlée, l'image nous renvoyant aussi à des événements hélas plus contemporains au vu de l'actualité géopolitique du moment.

Le black metal de Duelliste se veut guerrier dans l'absolu, extrême dans sa conception et glacial dans son ambiance. Cette imagerie se déploie et se démultiplie selon des variantes que le musicien maîtrise avec une certaine dextérité (comme il sait manier l'épée) sur des morceaux viscéraux que le froid fige comme des statues, tels que L'âme guerrière ou Lame vengeresse. Cependant, et c'est sans doute l'un des autres points forts de cet album que l'on écoute comme si l'on lisait un livre, l'artiste, dans sa radicalité et dans sa froideur, sait se faire poète. Au son de claviers majestueux et mélancoliques, il déclame des psaumes dont la beauté est transcendée dans la brise hivernale. D'un sol qui devient la voûte du passé muet // Où les fantômes voguent aux étoiles noires // Aux soleils morts qui renient leurs défaites // Oublient le temps qui a figé la fleur salvatrice, dit à haute voix le promeneur solitaire. C'est dans ces moments-là, ou dans d'autres comme Hauteurs crépusculaires ou Tenture de mort, que s'expriment des mélodies élégiaques que le vent du nord saupoudre sur les terres désolées des souvenirs perdus. L'hiver est loin d'être terminé, qu'on se le dise.

INTO THE CRYPT : OBSCENE GALLERY - DREAMS OF DEATH


Obscene Gallery a beau être un groupe récent sur la scène death metal européenne (le projet fut fondé à Stockholm en 2023), ses membres n'en sont pas pour autant à leur galop d'essai. En effet, Nattblod, le vocaliste, est la tête pensante de l'entité black metal Blood Dominion depuis 1997, tandis que le dénommé J. Death œuvre beaucoup pour son propre projet death metal Altar of Obedience avec lequel il a sorti quatre albums. Les deux lascars ne pouvaient donc que bien s'entendre, si bien que les retrouver ensemble n'est pas vraiment une surprise.

Leur association est d'autant plus efficace que Dreams of Death, premier EP du duo, tient bien la route. Sans surprise, une fois encore, les influences émanant de la scène suédoise des années 90, en particulier celle de Stockholm, sont ici mises en évidence. D'ailleurs, on a même droit à une petite reprise plutôt bien fichue de Dreaming in Red de Dismember, en conclusion de cet EP. La célèbre pédale de distorsion HM-2, qui est au death metal suédois ce que la galette est à la Bretagne, remplit son rôle de catalyseur et d'arme de destruction massive, pas seulement sur cette reprise mais aussi, sur les quatre autres très bons morceaux composant ce mini-album. À cela s'ajoute un chant particulièrement lugubre, macabre et cryptique, soutenu par une base rythmique dévastatrice progressant inexorablement comme un rouleau-compresseur. Si l'ambiance peut paraître à la fois sombre et morbide, elle sait aussi s'élever vers des hauteurs cosmiques, dignes d'un roman de Lovecraft, lorsque des solos de guitares bien sentis surgissent des profondeurs.

Telle une porte vers l'enfer, la pochette renforce le côté glauque, mortifère et délétère qui se dégage des compositions. On y voit une silhouette humaine quittant un monde pour accéder à un autre par un portail entre deux dimensions que surplombe un grand crâne entouré d'étranges personnages ailés, sans doute des anges déchus ou des humains arrachés à la vie avant d'accomplir un rite de passage vers le royaume des morts. Faut-il y voir un attachement à l'imagerie ayant attrait à la mythologie grecque ? Sans doute. Quoi qu'il en soit, Obscene Gallery s'engage, à travers cet ouvrage inaugural, dans une voie intéressante qu'il serait bien tenté d'explorer plus en profondeur à l'avenir.

VIDÉO : ALUKTA - EXUVIA


Alukta est l'association de deux artistes émérites de la scène black metal européenne, Brouillard et Déhà, qui collaborent déjà ensemble au sein d'une autre entité appelée Transcending Rites. On les retrouve ici dans un registre musical lorgnant vers un black atmosphérique aux accents doom sur Exuvia, premier extrait de l'album intitulé Merok qui doit sortir le 2 mai sur le label Transcendance. À cette occasion, un clip émotionnellement puissant, contemplatif et cinématique, conçu par Simon Biron, a émergé afin de nous mettre dans l'ambiance.

PUBLIC GRAVE - HUMAN ORGAN HARVESTING


Fondé en 2008 en Bavière, Public Grave s'apprête à dévoiler le 28 février son nouvel album, Grotesque Mutations, sept ans après le premier. Les allemands officient dans un death brutal, solide sur ses fondations, avec un petit côté horrifique pas déplaisant, à l'image du morceau intitulé Human Organ Harvesting dont vous pouvez vous délecter juste avant l'intégralité de la galette.

mercredi 26 février 2025

CRYPTORIUM - MALIGNANT CRUCIFIXION


C'est une surprise à laquelle on ne s'attendait pas. Seulement trois mois après la parution de son premier album, Descent into Lunacy, Cryptorium vient de dévoiler un EP intitulé Malignant Crucifixion, contenant des morceaux bonus que l'on peut considérer comme étant des chutes de studio de l'opus. On y trouve deux titres inédits, Black Despondency et Malignant Crucifixion (ce dernier ayant été capté en live), ainsi qu'une version retravaillée de Schizophrenic (titre figurant dans sa première version sur la démo inaugurale Cryptic Bloodlust) et enfin, une autre captation live pour Obscure Reality (titre figurant sur Descent into Lunacy). Le groupe de death metal suédois a décidé de nous gâter, l'intégralité de cet EP étant en écoute dès à présent.

WURMIAN - HAVEN


Le label Pest Records dévoilera le 6 avril prochain le premier album de Wurmian, intitulé Immemorial Shrine. Né l'année dernière à Clermont-Ferrand, le projet s'articule sur du death doom très mélodique et très typé années 90, comme vous allez pouvoir vous en rendre compte à l'écoute du premier extrait révélé, Haven.

mardi 25 février 2025

VIDÉO : CORPUS OFFAL - CORPUS OFFAL


Après une remarquable démo inaugurale parue en mars de l'année dernière, c'est avec un album éponyme que Corpus Offal revient pour une parution prévue le 21 mars chez 20 Buck Spin. En attendant, le groupe de death metal texan, qui comporte, on le rappelle, d'anciens membres de "feu" Cerebral Rot, a sorti un clip lugubre, glauque et horrifique pour le morceau du même nom.

VIDÉO : DEATH WHORE - 12 WORM WOUNDS


C'est le 16 mai prochain que Death Whore dévoilera à la face du monde son premier album, Blood Washes Everything Away, via les labels Duality Records, Crypt of Dr.Gore, Specific Recordings, Hecatombe Records et No Good to Anyone Productions. En attendant, le groupe de death metal nancéen montre ce dont il est capable dans le clip réalisé à la Grande Halle de L'Octroi, chez eux à Nancy, pour le morceau 12 Worm Wounds.

VIDÉO : TORMENT THE SKIES - EMPTY IDOLATRY


Torment the Skies serait-il en train de nous préparer un nouvel album ? Le groupe brésilien, fondé à Natal en 2012 et dont le précédent opus, Impure, est daté de 2019, vient de dévoiler un nouveau morceau, Empty Idolatry, sous la forme d'un clip dans lequel le quatuor fait admirer toute sa technique et son sens de la mélodie en restituant un death sincère et offensif.

vendredi 21 février 2025

VIDÉO : CRYFEMAL - ATLANTICO CAOS


Pourfendeur de la bien-pensance et figure subversive de la scène black metal européenne depuis presque trente ans, Cryfemal revient le 28 février avec un dixième album, Puro Carbon, qui va sortir chez Immortal Frost Productions. Ronald Rodriguez (alias Ebola) a beau demeurer le seul membre originel de la formation espagnole, il semble ne rien avoir perdu de son énergie et de sa verve dans le clip proposé pour Atlantico Caos, morceau ouvrant cet opus qui s'annonce délétère.

RITUAL ASCENSION - WOMB EXEGESIS


Ritual Ascension est le résultat d'une association entre trois musiciens appartenant à Void Rot, Aberration et Suffering Hour. Le groupe américain dévoilera le 28 février chez Sentient Ruin Laboratories son premier album, Profanation of the Adamic Covenant, dont on peut entendre un extrait avec Womb Exegesis, véritable monolithe de blackened death doom metal érigé pour la fin des temps.

jeudi 20 février 2025

PUTRESCENT - BUTCHERY OF DISEMBOWELMENT


Jamais à cours d'idées, l'Indonésie continue inlassablement d'investir le créneau déjà surchargé du brutal death metal avec Putrescent. Ce projet solo, semble-t-il, qui débuta en 2022, propose ce mois-ci son premier album, Butchery of Disembowelment, qui sort sur le label indépendant Trading the Cadavers. Un bonheur n'arrivant jamais seul, vous pouvez écouter l'intégralité de l'opus ci-dessous.

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : SAMMATH, CRYPTOPSY, DEUX LÉGENDES DANS LA FORCE DE L'ÂGE


Par un heureux hasard, deux immenses groupes se retrouvent au cœur de l'actualité des sorties. Même si aucune date n'a été communiquée pour le moment, il a été confirmé que Sammath allait dévoiler incessamment sous peu un nouveau single devant paraître au format 45 tours chez le label WolfKult Religion. Le morceau s'intitule Amongst the Dead in the Darkness et sera accompagné d'un autre titre inédit en b-side. En voici l'artwork, ci-dessous, signé Dylan Humphries.


Comme d'habitude, et sans surprise, la rhétorique guerrière occupe une place prépondérante sur cette pochette. Ceux qui connaissent Sammath savent à quel point le groupe néerlandais est très attaché à ce sujet. Il suffit de regarder l'artwork de tous leurs albums pour s'en rendre compte. Sammath est l'un des groupes de black metal les plus respectés en Europe. Fondé à Nimègue, aux Pays-Bas, en 1994 par son charismatique leader Jan Kruitwagen, qui aura cinquante-et-un ans le mois prochain, le groupe atteignait l'an dernier le cap des trente ans de carrière avec derrière lui sept albums d'un black metal intransigeant qui, au fil du temps, s'est fait de plus en plus rapide et de plus en plus violent. Avec le retour dans ses rangs du batteur Koos Bos, qui avait officié à cette place entre 2001 et 2016, Sammath s'active en studio pour concevoir le successeur de Grebbeberg paru en juin 2023. Le label Hammerheart Records, sur lequel sont sortis Godless Arrogance, Across the Rhine is Only Death et Grebbeberg, est bien entendu sur le coup pour cette très attendue nouvelle offrande de l'institution qu'est Sammath.


En attendant, quoi de mieux que de se replonger dans le passé. Deux labels indépendants, Zwaertgevegt et Doc-Records, ont eu la très bonne initiative de rééditer récemment au format CD, vinyle et cassette audio De Ruïnes Fluisteren, troisième démo de Samath parue en 1997. À cette époque reculée, Jan Kruitwagen était pour ainsi dire seul maître à bord de son destroyer avec M. Geertsen en soutien à la batterie. C'était alors un autre temps, quand Kruitwagen incorporait encore beaucoup de clavier dans les compositions, avant que Sammath n'adopte une attitude plus guerrière et plus brutale. Cette démo, de même que les deux précédentes, Visions upon Winterland et Zwaardbroeders bij de bergengte, préfiguraient ce qu'allait être le premier opus du groupe, Strijd, paru en 1999 sur Folter Records.



Une autre légende du metal extrême, Cryptopsy, s'est également remise au travail pour préparer son neuvième album studio. Est-il encore besoin de présenter le groupe fondé à Montréal en 1992 et qui s'appelait auparavant Necrosis (de 1988 à 1992). Véritable institution du death metal brutal et technique, le quatuor, dont Flo Mounier, le batteur, n'est plus que le seul membre originel, dévoilera bientôt un successeur à As Gomorrah Burns, son précédent méfait daté de 2023 sur Nuclear Blast.


Avant que cet événement n'arrive, un autre label, français celui-ci, j'ai nommé Season of Mist, propose une réédition de Ungentle Exhumation, toute première démo du combo datée de juillet 1993 que le label Gore Records avait publié au format cassette audio. Dan Greening (alias Lord Worm) était alors le vocaliste de la formation avec Steve Thibault et Dave Galea aux guitares, Kevin Weagle à la basse et, bien sûr, Mounier à la batterie. Cette démo est intéressante à plus d'un titre car, les quatre morceaux qu'elle contient s'inscrivent plus dans un death pur et dur, déjà très brutal mais moins technique que ce vers quoi Cryptopsy s'est dirigé par la suite, même si certains titres, comme Mutant Christ, étaient précurseurs de la transformation à venir. On peut dire, en quelque sorte, que cette démo cruciale a véritablement marqué la transition des canadiens vers ce qu'ils allaient devenir au cours des années 90. Season of Mist proposera à la vente le 11 avril prochain deux versions physiques de cet œuvre fondatrice en CD et vinyle.


VIDÉO : SUMMONED - TORMENT NEXUS


Après cinq ans de silence, les américains de Summoned se rappellent à notre bon souvenir avec un nouvel EP, Torment Nexus, venant tout juste de paraître. L'objet contient trois morceaux forgés dans un death metal brutal contenant des parties assez techniques, dont le morceau éponyme Torment Nexus pour lequel un clip a été conçu et que vous pouvez visionner sans plus attendre.

mercredi 19 février 2025

VIDÉO : ATHIRIA - INTO THE PIT


Fort de trois albums parus entre 2014 et 2023, Athiria est devenu au fil du temps une valeur montante du death metal autrichien. En début d'année, le groupe revenait avec un EP, Bash of the Beast (paru via Kvlt und Chaos Productions), dont il continue d'assurer la promotion avec un clip très énergique tourné pour le morceau Into the Pit et dans lequel la chanteuse Andy Schaf, arrivée dans le combo en 2023, nous fait chavirer grâce à ses remarquables vocalises.

CHRONIQUES DE LA FOSSE : LUCIFERIAN - SUPREME INFERNAL LEGIONS (2006)


Durant mes (pas si lointaines) années de jeunesse où je ne jurais que par les incantations blasphématoires du metal noir, juste après avoir pris en pleine poire la seconde vague de black metal en provenance de Norvège (dont je ressens toujours les effets aujourd'hui, c'est vous dire), je me suis mis à approfondir mes connaissances dans ce domaine tel un jeune sorcier passant ses journées entières dans les couloirs lugubres et poussiéreux de la bibliothèque de Poudlard. C'est durant ces années d'étude de l'art noir que j'ai découvert que le black metal pouvait en fait se décliner à toutes les sauces. Radical, mélodique, symphonique, ambient, atmosphérique, tantôt mélangé avec du death metal, du thrash, du doom ou du rock, le black m'attirait et me désemparait en même temps, au point qu'un jour, je me suis posé cette question qui m'est venue tardivement à l'esprit : comment le black metal doit-il être écouté ? J'imagine que cela est avant tout une question de feeling car, après tout, la musique, sous toutes ses formes, n'est-elle pas avant tout source d'émotion. Néanmoins, en prenant le recul nécessaire, c'est-à-dire en réécoutant attentivement le black metal des débuts, aussi bien celui de la première vague que celui de la deuxième, je me demande finalement si la réponse à cette question ne se trouve pas parmi ces formations d'antan qui ont forgé ce que sont les fondations mêmes du genre. Prenez n'importe quel groupe de black metal du débuts des années 90, ou même ceux des années 80, vous verrez qu'à de très rares exceptions, toutes ces formations ont pour point commun une radicalité des plus extrêmes.

En 2006, Luciferian appliquait cette leçon à la lettre sur son premier album, Supreme Infernal Legions. Formé par le musicien Héctor Carmona en 1996 sur les cendres d'Ominous Sacrifice, le groupe demeura longtemps dans les dédales obscurs de l'underground avant de sortir du bois tel un loup affamé hurlant au clair de lune. Luciferian ne s'embarrassait pas de fioritures sur cet opus inaugural. Tant qu'à faire du black metal bestial et extrême, autant y aller franchement en laissant de côté le superflu. Du blastbeat, en veux-tu, en voilà, avec la guitare en mode scie sauteuse qui va bien et les vocaux démoniaques filant même des frissons d'angoisse à tous les suppôts de Satan. Les légions infernales se mettent en ordre de marche sur les refrains guerriers de The Rising Darkness et Eternal Fire, les créatures le plus viles des cercles inférieurs aiguisent leurs griffes sur Vision of Black Dimensions et Satan's Retaliation, tandis qu'une lune glaciale éclaire de sa lumière blafarde les champs de batailles jonchés de cadavres sur le pestilentiel Triumphant Existence of the Eternity.

Je fais ici un descriptif volontairement imagé justement pour montrer ce que cet album peut faire naître comme sentiment une fois l'écoute lancée. Vous aurez bien entendu compris que, d'un point de vue purement musical, c'est toute la radicalité du black metal old school qui s'exprime pleinement sur ce disque rageur avec, évidemment, ce petit côté cradingue et malsain qui fait la particularité de l'école sud-américaine, Luciferian étant originaire de Colombie, Armenia pour être précis, ville située entre Cali et Medellin. En conclusion, si le black metal sous son aspect  le plus brut, le plus cru, est le seul à trouver grâce à vos yeux, et si par la même occasion vous ne craignez pas de vous faire ramoner les conduits auditifs en profondeur, Supreme Infernal Legions ne peut se situer que dans votre créneau.

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : OBSCURITY, MEGA SLAUGHTER, OU DEUX CONCEPTIONS DU DEATH METAL SUÉDOIS


En 1998, le label italien Scarlet Records, basé à Milan, eut la bonne idée de compiler sur un même support physique les trois démos qu'avait enregistrées entre 1986 et 1992 le groupe suédois Obscurity. L'initiative était d'autant plus louable qu'elle permettait de redécouvrir l'œuvre d'une formation faisant partie des rouages essentiels du death de la fin des années 80. Pour bien comprendre l'importance fondamentale d'Obscurity et le rôle majeur qu'il a joué dans le développement, l'expansion et l'émancipation du death metal en Europe, il faut d'abord remettre les choses dans leur contexte. En 1986, année de parution d'Ovations to Death, la première démo d'Obscurity, le death metal est encore viscéralement très attaché au thrash metal. En gros, le cordon ombilical reliant la mère à son rejeton n'est pas encore coupé. Dans les bacs des disquaires, Morbid Visions de Sepultura, Darkness Descends de Dark Angel, Reign in Blood de Slayer, Beyond the Gates de Possessed dominent les rayonnages, sans oublier Pleasure to Kill de Kreator, Bloody Vengeance de Vulcano ou Hymn to Abramelin de Messiah. C'est au cœur de cette mêlée que débarque de Malmö un trio de jeunes musiciens bien décidés à se faire entendre. Il y avait quelque chose de délétère, de nocif dans Ovations to Death, l'introduction sur la marche funèbre de Chopin étant suffisamment révélatrice du chaos qui allait suivre. Obscurity optait pour une approche très frontale, extrêmement brutale dans son rendu, sur six morceaux féroces et abrasifs où s'entrechoquaient death, thrash et black. On aurait alors juré que Possessed et Morbid s'étaient acoquinés sur cette démo avec le Mefisto et le Sorcery des débuts en invités surprises. L'année suivante, Damnations Pride emprunta les mêmes chemins tortueux avant que la démo de 1992 n'enfonce le clou. Durant cette période de créativité très intense, Obscurity s'attacha toujours à pratiquer un death/thrash direct, sincère et subversif, certes pas nouveau pour l'époque mais, qu'il est intéressant de réécouter aujourd'hui afin de se remémorer à quel point le terme de metal extrême n'était pas usurpé durant ces années cruciales allant de 1986 à 1990. Voilà pourquoi la compilation Damnations Pride du label Scarlet Records demeure un objet essentiel qui nous replonge dans l'histoire et la tradition de ce que l'on appelle encore quarante ans plus tard death metal old school. L'on se rend ainsi mieux compte du rôle prépondérant joué par ce groupe dont l'existence fut longtemps mise entre parenthèses avant que les trois membres d'origine ne se décident à sortir la bête de son sommeil sépulcral en 2006.



Bien plus tard, en 2010, un autre label, suédois celui-ci, To the Death Records, se lança dans une édition vinyle rassemblant deux démos de Mega Slaughter, Death Remains (1990) et la démo sobrement intitulée Demo 1991. Les deux ouvrages étaient intercalés entre l'album Calls from the Beyond, la pièce maîtresse du combo fondé à Göteborg en 1987 sous le nom de Din Loyd, opus d'une rare désinvolture qui parut chez Thrash Records. Mega Slaughter n'abordait pas les choses de la même manière qu'Obscurity. En changeant de chanteur en 1990, le groupe s'éloigna très vite du registre death/thrash de sa première démo, Negative Bitch (1989), pour s'engager sur un chemin résolument death metal avec Death Remains. Le rythme plus lent, le chant guttural et le rendu plus sombre, plus malsain, ouvraient la voie à une orientation musicale plus aboutie, s'éloignant des standards de l'époque par des influences de formations finlandaises telles que Purtenance, Demigod ou Convulse, auxquelles s'entremêlaient des structures qui pouvaient rappeler le Morgoth de la grande époque (période Resurrection Absurd). On peut dire que Mega Slaughter était un exemple parfait de transition vers un death metal pur et dur, comme il était coutume d'en voir entre 1987 et 1991. Tout comme pour Obscurity, au final, c'est un moment de l'histoire du death auquel nous étions conviés ici, que le label To the Death Records a bien fait de reconstituer sous ce format afin de réhabiliter un groupe dont la carrière fut hélas bien trop courte.


ANCIENT DEATH - BREAKING THE BARRIERS OF HOPE


L'heure du grand oral approche pour Ancient Death. C'est le 18 avril prochain que le jeune groupe du Massachusetts dévoilera son premier album, Ego Dissolution, via le label Profound Lore Records. Déjà prometteur sur son EP Sacred Vessel (2022) et sa démo parue l'année dernière, le quatuor nous propose un death old school viscéral dont les accents cosmiques et "lovecraftiens" sont mis en avant sur le premier extrait mis en ligne, Breaking the Barriers of Hope, dont les solos de guitare aériens vont vous faire planer.


mardi 18 février 2025

DECREPISY - SEVERED EPHEMERALITY

 

Le label californien Carbonized Records dévoilera le 28 mars prochain le nouvel album de Decrepisy, Deific Mourning. L'opus, qui fait suite à l'excellent Emetic Communion daté de 2021, se livre déjà sous la forme d'un morceau remarquable intitulé Severed Ephemerality, sur lequel le groupe de Portland impose son death écrasant, caverneux et mortifère.

ROTHADAS - VERTUKOR


Après un premier album paru en 2021, Rothadas revient hanter nos nuits avec Töviskert... a kísértés örök érzete... lidércharang, sa nouvelle offrande à paraître le 21 mars chez Me Saco Un Ojo Records. Spécialisé dans un death/doom oppressant et spectral, le groupe hongrois, composé de membres de Coffinborn (Tibor Hanyi, le guitariste, étant également le vocaliste de Cryptworm) nous annonce d'ores et déjà le plus réjouissant des printemps en nous révélant un extrait de cet album avec le morceau intitulé Vértükör.

OMNICIDAL INSTINCT - CATHARSIS IN BLIGHT


Basé à Hambourg, Omnicidal Instinct dévoile de malsaines intentions sur son premier EP, Catharsis in Blight, qui vient de paraître sur le label indépendant new-yorkais P2. Composé de musiciens expérimentés officiant dans divers projets parallèles, le groupe n'y va pas par quatre chemins en déployant l'artillerie lourde sur fond de brutal death metal des familles. Une recette explosive que les amateurs apprécieront.

CAUSTIC FOG - DISHARMONY OF EXISTENCE


Situé quelque part en brutal death metal, hardcore et grindcore, Caustic Fog, jeune groupe en provenance d'Edmonton au Canada, dévoile un gros potentiel de destruction et de ramonage de conduits auditifs sur Disharmony of Existence, premier EP ultra violent paru à la fin du mois dernier et dont vous pouvez vous régaler d'un avant-goût avec As We're Suffering, un de mes morceaux préférés, à titre personnel.

lundi 17 février 2025

MORBIFIC - PANSPERMIC BLIGHT


Troisième album à l'approche pour Morbific. Bloom of the Abnormal Flesh devrait paraître le 21 avril prochain via trois labels : Memento Mori pour la version CD, Me Saco Un Ojo pour la version vinyle et Headsplit Records pour la version cassette. Avec son rythme soutenu, ses mélodies tourmentées et son ambiance très sombre, le morceau intitulé Panspermic Blight, extrait de l'opus, nous rappelle à quel point Morbific n'est pas finlandais pour rien.

INTO THE CRYPT : PUTRID YELL - LABYRINTH OF FLAGELLATIONS


Lorsqu'il fait une première incursion dans le cinéma d'épouvante en 1979 avec son film L'Enfer des zombies, le réalisateur italien Lucio Fulci sait qu'il va se heurter à un torrent de réactions négatives. Deux jours avant sa sortie dans les salles obscures qui eut lieu le 25 août, le film fut interdit aux moins de dix-huit ans par la commission de censure italienne avant d'être descendu en flammes par les critiques de cinéma transalpins dès son début d'exploitation, et ce malgré un incontestable succès public (le film finira par rapporter environ trente millions de dollars de recettes au niveau mondial). Véritable temple érigé en l'honneur du gore, qui valut à Fulci la colère de George Romero lui-même qui l'accusa dans une lettre d'avoir surfé sur le succès de La nuit des morts-vivants, s'inspirant des classiques de l'épouvante de la première moitié du vingtième siècle, L'enfer des zombies est tellement truffé de références qu'il déchaîna les passions bien au-delà du cercle du septième art, à tel point que plus de quarante-cinq ans après sa sortie, il continue d'opérer sur le public une sorte d'attrait qui en fait une œuvre définitivement à part.

Le death metal n'a pas échappé à cet engouement. De par les thématiques abordées par le style, qu'il s'agisse de l'horreur, du gore, de l'épouvante ou des zombies, bien des groupes de death metal ont fait référence au film culte de Lucio Fulci. C'est le cas, par exemple, de Putrid Yell, dont le nouvel EP, Labyrinth of Flagellations, vient de paraître via le label Rotter Records. Au tout début de cet EP, une scène d'anthologie de L'enfer des zombies est utilisée en guise d'introduction. Il s'agit de la "séquence de l'œil", une des plus célèbres dans l'histoire des films d'horreur, durant laquelle l'actrice grecque Olga Karlatos (Gloria Mundi, La Dame aux camélias, Purple Rain) a l'œil transpercé par un éclat de bois (la malheureuse finissant ensuite dévorée par une horde de zombies). De quoi se mettre dans l'ambiance avant que Putrid Yell ne lâche les chevaux de l'enfer sur les trois morceaux suivants. Sur des compositions d'une qualité irréprochable, le groupe chilien maintient une ambiance horrifique qui est sa marque de fabrique.


Putrid Yell n'est pas nouveau sur la scène death metal. Fondé en 2012 à Viña del Mar, le groupe sud-américain s'est tout de suite fait remarquer sur du matériel promotionnel, notamment sur When Life Has Ceased, sa seconde démo datée de juin 2013. On vit ensuite les chiliens collaborer avec quelques formations entre 2014 et 2018, notamment leurs voisins péruviens de Profaner ou leurs compatriotes de Soulrot et de Eaten Alive. Il faudra néanmoins attendre l'année 2023 pour qu'un premier album, Consuming Aberration, ne paraisse chez Pulverised Records. Enraciné dans les profondeurs les plus hostiles de l'underground, Putrid Yell continue de cultiver aujourd'hui son goût prononcé pour l'horreur en injectant dans son univers de multiples références au cinéma horrifique des années 70 et 80.

Musicalement, le groupe n'a jamais caché son admiration pour le death metal suédois de la fin des années 80 et du début des années 90. Ainsi, un son caractéristique à la Dismember se retrouve sur cet EP. D'autres formations suédoises très réputées comme Entombed, Carnage, God Macabre ou Mega Slaughter ne sont jamais très loin en terme d'influences, que ce soit pour la section rythmique ou le chant. Putrid Yell assume pleinement ces références en prenant un malin plaisir à raviver cette flamme du death européen de la vieille école, ce qui pourrait sortir de l'ordinaire pour un groupe né en terre sud-américaine où le death possède une identité très forte découlant directement de Sepultura, de Sarcofago ou de Vulcano, pour ne citer que les sommités. Faibles et aisément influençables que nous sommes, nous nous laissons prendre au jeu pour mieux nous faire dévorer par des meutes de zombies avides de chair fraîche.

VIDÉO : HEATHEN HERETIC - INTO THE BLACK FOREST


Depuis qu'il a été fondé à Zürich en 2019, Heathen Heretic s'attache à évoquer les mythes et légendes qui ont accompagnés l"humanité à travers ses différents âges. Ancré dans un blackened death metal mélodique qui fait sa marque de fabrique, le groupe suisse va revenir le 15 mars avec un nouvel album, Whispers from the Abyss, dont on peut écouter, et même regarder un aperçu avec le clip forestier réalisé pour le morceau Into the Black Forest. Précisons que le quintette, qui comporte deux vocalistes (un homme et une femme) travaille dans l'indépendance en n'étant signé sur aucun label.

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 34


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Aberration - Like a Sacrilege (1993) :
Parmi les nombreux groupes qui se sont faits appeler Aberration, on trouve ce quintette originaire de la Province de Talagante, au Chili, où il fut fondé en 1990 avant de disparaître mystérieusement quelques années plus tard. Le groupe n'a laissé pour preuve de son existence que cette démo contenant quatre morceaux que l'on pourrait qualifier de death/thrash mid-tempo. Délétère et malfaisante, la démo souffre hélas d'un manque d'énergie de par son rythme assez lent. L'écoute n'en demeure pas moins intéressante, le Chili ayant toujours été, comme on le sait, un pourvoyeur du metal extrême.

Insanity - Insanity (1985) :
Malgré les drames et les épreuves qu'il a traversés, Insanity tient toujours le choc, grâce notamment à Dave Gorsuch, son inoxydable chanteur et guitariste, toujours présent dans l'effectif aujourd'hui. Lorsque cette première démo sort en octobre 1985, Gorsuch est accompagné de Keith Ellison à la basse, Bud Mills à la batterie et Joe DeZuniga qui est alors le vocaliste principal (ce dernier meurt hélas en 1987 d'une attaque cardiaque à seulement vingt-et-un ans, tandis que Mills décède vingt ans plus tard d'un cancer à quarante ans). Enfin, il faut également savoir que le groupe se sépara à quatre reprises avant de se reformer finalement en 2018 avec un lineup fortement recomposé, toujours emmené par Gorsuch, bien entendu. Quant à cette démo, disons-le clairement, elle s'inscrit dans l'histoire du death metal, avec ses trois morceaux rageurs et violents, dont le cultissime Fire Death Fate, qui inspirèrent bien des groupes par la suite, dont Carcass et Napalm Death. Légende vivante du death/thrash, Insanity a sans doute plus fait qu'apporter sa pierre à l'édifice dans la genèse du death aux États-Unis.

Evil Spells - A Path to the Void (Filthy Cave Records, 2014) :
En 2012, trois membres du groupe de black metal français Asmodée ont pour idée de fonder une nouvelle formation baptisée Evil Spells, à Jonzac, en Nouvelle-Aquitaine. De ce projet naîtra en avril 2014 cette superbe démo 7 titres d'un death metal sincère et puissant. Inspiré, le combo conçoit des compositions ambitieuses, travaillées jusqu'à l'os, en variant les plaisirs avec une certaine habileté. On se laisse ainsi emporter par le solo de guitare lunaire de Priest Molester, par l'atmosphère étrange et envoûtante de Beyond Redemption et par les envolées thrash de Whorekiller, tandis que Procession of the Headless Idol et A Path to the Void nous orientent vers des structures un peu plus complexes à la Immolation ou Incantation des débuts. Le groupe finit hélas par éclater quelques temps après cette magnifique offrande que je considère, à titre personnel, comme l'une des démos de death metal français les plus réussies.

Perifa - Demo 1 (1992) :
Groupe fondé à Trondheim, en plein dans la seconde vague du black metal norvégien, et qui n'avait qu'un objectif : faire du true black metal décharné et sculpté dans la glace. Le résultat sur cette démo 3 titres est perfide, ténébreux et particulièrement malfaisant, que ce soit sur la reprise convaincante de In the Shadow of the Horns de Darkthrone que sur les deux autres morceaux, typiquement black nordique, sans concession et sans pitié. La formation s'est ensuite scindée en deux pour faire naître Bloodthorn (qui ne vécut que neuf ans) et Manes (toujours actif de nos jours).

Hypocrite - Kingdom of Madness (1991) :
On reste en Norvège avec cet épatant groupe originaire d'Egersund dont le death/thrash vindicatif et sérieux s'avère d'une efficacité à toute épreuve sur cette démo comportant notamment deux reprises, une de Slowly We Rot d'Obituary et une autre de Zombie Ritual de Death. Cependant, c'est sur ses propres compositions que le groupe excelle le plus, grâce, entre autres, à un chant puissant et habité soutenu par une solide section rythmique. Le trio arrive même à nous surprendre en concluant par un étonnant titre bonus, Lead Me On, sur lequel se fait entendre le chant clair d'un chœur féminin. Étrange curiosité à écouter impérativement.

dimanche 16 février 2025

CHRONIQUES DE LA FOSSE : TYRANNI - DRÄNKT AV LIVETS SEKRET (2024)


Le bruit de la pluie qui tombe, le tonnerre qui gronde, le son lointain d'un clocher qui retentit puis, la plainte lugubre d'une orgue dans la nuit. Ainsi débute Dränkt av Livets Sekret, par l'instrumental Dunklets Öppning. Dès les premiers arpèges, Tyranni nous met dans l'ambiance, caché parmi les ombres tutélaires des grands arbres des forêts nordiques. Derrière ce nom officient deux âmes tourmentées, celles de Svartpest et Likaska, têtes pensantes de l'entité malfaisante Bekëth Nexëhmü, le premier étant également membre à part entière d'autres formations reconnues de la scène black metal scandinave comme Gnipahalan, Greve, Mystik ou Trolldom (j'en oublie). Nous avons par conséquent affaire à des artistes d'expérience, adeptes du metal noir depuis un certain temps. D'ailleurs, en plus de mener sa barque avec tous ces groupes, Svartpest s'occupe lui-même d'un label, Ancient Records, qu'il a fondé en 2010, et de sa sous-division Mysticism Productions via laquelle est paru cet opus en octobre de l'année dernière.

Avec Tyranni, tout est une question d'ambiance. Bâti la plupart du temps sur un rythme mid-tempo, le black metal des suédois s'attache à demeurer dans une veine très ambient, typiquement nordique aussi bien dans son approche que dans sa structure générale. Sur de longues compositions souvent supérieures à sept minutes, le combo arpente monts et forêts par des versants ténébreux avec un rendu quasi cinématique qui produirait incontestablement son petit effet dans un film de vampires. Ett Liv i Ruin... vous glace d'effroi dès les premières notes, suivi d'un Bortom Bortglömda Skogar dont le clavier spectral fait songer à un chœur de moines inquiétant et sinistre. L'obscurité se fait ensuite plus prégnante sur Vargama ar Samlade, morceau au tempo un peu plus rapide, avant que l'instrumental Gravens Boning ne nous entraîne dans les ruines poisseuses d'un château délabré avec son orgue cafardeuse invoquant Nosferatu. 

Tyranni sait parfaitement se mouvoir dans ce type d'ambiance aussi morne que sépulcrale. Ainsi, le funèbre Underganges Liklykta révèle des atours oppressants et glauques dans ses harmonies avant que son suivant, Vid Ättestupans Kall, ne dévoile un côté plus symphonique dans sa construction, grâce à un clavier encore mis en avant et un chant aux intonations parfois plus claires, délivré comme un psaume, révélant au passage la part plus aventureuse que possède le groupe. Enfin, un dernier morceau instrumental (celui qui a donné son titre à l'album), plus mélancolique, vient refermer ce chapitre vampirique, comme l'on refermerait un vieux grimoire rempli de malfaisance. Tyranni agite avec une certaine habileté les esprits de la nuit sur ce très bon album de black metal ambient, réveillant la créature lycanthrope qui sommeille au plus profond de nos âmes égarées.

LE COIN DES DÉMOS (16/02/25)


Chaque dimanche, Ravage Cérébral ouvre les portes de l'enfer et s'enfonce dans les bas-fonds les plus insalubres pour y rechercher des groupes récents de metal extrême tapis dans les profondeurs de l'underground.

Mortumbra - Promo MMXXV (2025) :
Ce groupe chilien fait du black metal crasseux et malsain s'inscrivant dans une veine typiquement sud-américaine. La sauce aurait pu pendre comme il faut si un bassiste s'était joint à l'assemblée, ce qui n'est pas le cas sur ces trois morceaux dont une reprise de ...Of the Night de Satanic Warmaster. Cette absence se fait cruellement sentir sur cette démo décharnée, sans âme et sans inspiration. Une copie à revoir.

Obliterator - Rottin' in the Graveyard (2025) :
Avec en son sein des membres de Scythrow, on pouvait s'attendre à ce que ce combo finlandais nous serve du bon gros death old school baveux et tranchant, sauf que ce n'est pas vraiment le cas, le trio ayant opté sur ces trois morceaux pour un côté plus rock le rapprochant du death'n'roll. Bien que l'initiative ne soit pas dénuée d'intérêt, on finit hélas par s'ennuyer assez rapidement à cause d'une carence au niveau de l'inspiration. Une démo qu'on oubliera vite.

Blood Devour - Blood Devour (Deepswarming Bloodmagik, 2025) :
Trois morceaux d'un death metal lourd, graisseux, tantôt attiré par le grind, tantôt par le doom (le morceau intitulé Exhumation étant un bon condensé de toutes ces influences). On regrette surtout le format très court même si l'effort est à saluer venant d'un artiste ukrainien originaire de Kiev. Travail d'autant plus louable au regard de la situation catastrophique de ce pays frappé par la guerre. Encourageant pour la suite.

Goremorphosis - Demo 2024 (New Standard Elite, 2025) :
Énième groupe indonésien estampillé brutal death metal mais, avec ici une petite touche un peu plus technique qui n'a pas échappé au label New Standard Elite qui a décidé de le faire connaître à un plus grand nombre. Le son est bien produit et les influences venant de Disgorge et Cerebral Effusion bien mises en avant. L'expérience d'écoute est hélas bien trop courte (seulement deux morceaux inférieurs à trois minutes) pour qu'on puisse s'imprégner pleinement. À surveiller néanmoins.

Terror Defined - Terror Defined (2025) :
Retour à du death de facture classique avec ce quintette allemand versant dans la vieille école du genre sur ces quatre morceaux bien élaborés agitant la fibre nostalgique. Il y a de l'envie, de la détermination mais, l'intensité est hélas ruinée par une production de mauvaise qualité à cause d'un son trop bas. Un aléa que le groupe prendra sans doute soin de régler sur de futures productions, d'autant plus qu'il y a vraiment de quoi faire en terme de créativité et de potentiel.

UNBOUNDED TERROR - FEAR OF DYING


Après Reviving (que vous pouvez écouter ou réécouter en suivant ce lien), Unbounded Terror dévoile un nouvel extrait de son album Something is Rotten in Humanity, avec le morceau Fear of Dying. Rappelons que ce quatrième opus du légendaire groupe death metal espagnol sortira le 1er avril sur le réputé label Xtreem Music.

samedi 15 février 2025

WOMBBATH - BEYOND THE ABYSS


Depuis sa reformation en 2014, Wombbath n'a pas chômé en sortant pas moins de cinq albums, et ce même si Hakan Stuvemark, le guitariste, n'est plus que le seul membre originel du groupe. Il faudra donc ajouter à cette discographie étoffée un nouvel opus, Beyond the Abyss, qui doit normalement paraître le 14 mars chez Pulverised Records et dont on peut entendre un aperçu avec le morceau qui a donné son titre à l'album. Vous allez constater que les suédois sont toujours animés par la flamme du death metal old school qui les accompagnent depuis leurs débuts il y a trente-cinq ans.

GRAVAVGRAV / LIGATION - GRAVAVGRAV / LIGATION


Sous l'égide du label Iron Corpse, basé à Helsinki, deux groupes de death metal underground ont décidé d'unir leurs forces le temps d'un split-EP. D'un côté, les japonais de Gravavgrav (dont font partie des membres de Mortify et Butcher ABC), adeptes d'un death très primitif, suffocant et fortement influencé par le doom ; de l'autre, les finlandais de Ligation, attachés à un death plus expérimental mais, tout aussi sombre et inquiétant, avec dans ses rangs des membres de formations death/doom funéraire telles que Convocation et Profetus. Cette association accouche d'une étrange expérience dont vous pouvez écouter dès maintenant un avant-goût en attendant la sortie officielle de cet objet prévue le 27 février.

VIDÉO : TORTURER - SANTA INQUISICION


Auteurs d'un sixième album studio, Burning Cross, sorti en fin d'année dernière sur le label Australis Records, les vétérans chiliens du death/thrash Torturer prolongent le plaisir dans une vidéo récemment mise en ligne pour le single Santa Inquisición, à visionner sans plus attendre.

VIDÉO : DAWN OF OUROBOROS - SLIPPING BURGUNDY


Fondé en 2018 à Oakland, Dawn of Ouroboros s'est fait une place de choix dans le paysage très sélectif du death metal progressif grâce à deux atouts : une créativité qui semble ne pas connaître de limites et un chant remarquable, celui de Chelsea Murphy, que l'on peut considérer comme étant l'une des voix féminines les plus sensationnelles du metal extrême en raison de sa gamme de tonalités pouvant aller d'un chant clair à un chant guttural défiant toute logique. Quoi qu'il en soit, le groupe californien prépare son retour avec un troisième opus, Bioluminescence, à paraître le 7 mars chez Prosthetic Records. À cette occasion, un clip a été tourné pour Slipping Burgundy, ambitieux morceau dont les teintes jazzy risquent de vous envoûter, à moins que cette chère Chelsea ne s'en charge.

VIDÉO : BESTIAL PROFANATION - SPELLS OF THE BOKOR


Dès son premier album, Sanctuary of the Living Dead, paru en 2022 sur Putrid Productions Records, l'on sentait bien que Bestial Profanation était très inspiré par toutes les thématiques gravitant autour des zombies, de la sorcellerie, de la magie noire et de l'horreur. Des sujets de prédilection que l'on retrouve dans le clip récemment mis en ligne pour Spells of the Bokor, morceau extrait de cet opus. D'ailleurs, le terme bokor désigne dans la religion vaudou des sorciers apparaissant notamment dans des contes haïtiens et qui avaient, entre autres, la capacité de créer des zombies à l'aide d'une concoction qu'ils mijotaient eux-mêmes. Pour en revenir à l'aspect purement musical, le groupe argentin, pour ceux qui ne le connaîtraient pas, fait dans le death le plus old school qui soit. On attend d'ailleurs une suite à Sanctuary of the Living Dead, seul album paru à ce jour.