Obscene Gallery a beau être un groupe récent sur la scène death metal européenne (le projet fut fondé à Stockholm en 2023), ses membres n'en sont pas pour autant à leur galop d'essai. En effet, Nattblod, le vocaliste, est la tête pensante de l'entité black metal Blood Dominion depuis 1997, tandis que le dénommé J. Death œuvre beaucoup pour son propre projet death metal Altar of Obedience avec lequel il a sorti quatre albums. Les deux lascars ne pouvaient donc que bien s'entendre, si bien que les retrouver ensemble n'est pas vraiment une surprise.
Leur association est d'autant plus efficace que Dreams of Death, premier EP du duo, tient bien la route. Sans surprise, une fois encore, les influences émanant de la scène suédoise des années 90, en particulier celle de Stockholm, sont ici mises en évidence. D'ailleurs, on a même droit à une petite reprise plutôt bien fichue de Dreaming in Red de Dismember, en conclusion de cet EP. La célèbre pédale de distorsion HM-2, qui est au death metal suédois ce que la galette est à la Bretagne, remplit son rôle de catalyseur et d'arme de destruction massive, pas seulement sur cette reprise mais aussi, sur les quatre autres très bons morceaux composant ce mini-album. À cela s'ajoute un chant particulièrement lugubre, macabre et cryptique, soutenu par une base rythmique dévastatrice progressant inexorablement comme un rouleau-compresseur. Si l'ambiance peut paraître à la fois sombre et morbide, elle sait aussi s'élever vers des hauteurs cosmiques, dignes d'un roman de Lovecraft, lorsque des solos de guitares bien sentis surgissent des profondeurs.
Telle une porte vers l'enfer, la pochette renforce le côté glauque, mortifère et délétère qui se dégage des compositions. On y voit une silhouette humaine quittant un monde pour accéder à un autre par un portail entre deux dimensions que surplombe un grand crâne entouré d'étranges personnages ailés, sans doute des anges déchus ou des humains arrachés à la vie avant d'accomplir un rite de passage vers le royaume des morts. Faut-il y voir un attachement à l'imagerie ayant attrait à la mythologie grecque ? Sans doute. Quoi qu'il en soit, Obscene Gallery s'engage, à travers cet ouvrage inaugural, dans une voie intéressante qu'il serait bien tenté d'explorer plus en profondeur à l'avenir.
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