Chaque dimanche, Ravage Cérébral ouvre les portes de l'enfer et s'enfonce dans les bas-fonds les plus insalubres pour y rechercher des groupes récents de metal extrême tapis dans les profondeurs de l'underground.
Composé de quatre musiciens venant d'horizons divers et variés qui vont du death metal au black metal en passant par le thrash et même le heavy metal pour certains d'entre eux, ce groupe norvégien propose sur cette démo quatre morceaux fortement influencés par la vieille école du death/thrash auxquels est ajouté du black pour assaisonner le tout. Le résultat de ce mélange corrosif méritait bien une édition en version physique proposée en cassette par le label Caligari Records.
On reste chez Caligari Records avec la parution de la première démo de Celephais, projet à l'intérieur duquel sévissent d'ex-membres de Grave Ritual et Abysmal Lord. Les trois morceaux proposés ici sont absolument sans pitié, ancrés dans un death old school mid-tempo à l'ambiance cryptique, abyssale et suffocante. Une parution plus que prometteuse sans doute annonciatrice d'un avenir excitant pour cette formation américaine.
Sur ce matériel promotionnel, ce tout jeune groupe de Louisville, dans le Kentucky, délivre un brutal death metal dans la pure tradition de la vieille école du genre, lorgnant vers le slam. Bien que la recette ait été composée des milliers de fois par une multitude de formations, on se laisse aisément prendre au jeu de par la fraîcheur et l'insouciance que semblent dégager ces américains sur les deux morceaux que comprend cette démo.
Voici un nouveau groupe qui vient des profondeurs de la scène underground de Mérida dans le Yucatan et dont les membres ont déjà une solide expérience en appartenant ou ayant appartenu à des formations mexicaines qui hantent les bas-fonds depuis un certain temps. Le death proposé sur cette démo 3 titres est impitoyable, écrasant et particulièrement malsain avec, sans véritable surprise, un goût prononcé pour la vieille école du style. Ça promet pour la suite.
Terminons avec ce groupe en provenance de l'Ontario et dans lequel on retrouve le très actif musicien Steven Rowlands (Invicta, Nepenthe, Scorn, Unbowed). Le trio exécute avec dévouement un death old school bien chaloupé sur quatre morceaux enregistrés en studio, sur une période légèrement inférieure à un an. Une gestation assez longue donc mais, qui récompense ici une patience et des efforts payants grâce à une inspiration allant aussi bien vers le thrash que vers un death plus technique aux accents parfois mélodiques.
Une collaboration entre Warp Chamber et Benothing tombait sous le sens tellement les deux formations (respectivement américaine et finlandaise) sont devenues des références incontournables de la scène death metal underground. D'un côté, Warp Chamber (nous parlions de leur album paru en 2020 dans cet article) et son death aux relents putrides, au son caverneux et cryptique ; de l'autre, Benothing et son univers apocalyptique, maelstrom de douleur incommensurable. Dans les deux cas, l'auditeur se retrouve plongé dans un terrifiant déluge de violence, chaque groupe proposant ici un morceau inédit que le label californien Carbonized Records se devait d'immortaliser sous forme de vinyle qu'il est toujours possible de se procurer à cette adresse. À vos risques et périls, bien sûr.
Plus qu'un groupe, Depression est une institution du death metal en Europe. Du deathgrind, plus précisément, puisque c'est le style dans lequel évolue le combo allemand depuis 1989, année de sa fondation. Du death, du grind et une bonne dose de groove, c'est ce que l'on devrait retrouver sur Das Monument, septième album de Depression, à paraître demain via Gurgling Gore et Defying Danger Records. La formation de légende nous fait la primeur d'écouter Seelenstille, premier morceau extrait de cet opus.
Deux ans après la sortie d'un album inaugural qui n'était pas passé inaperçu (Rural Hypostasis, Into Endless Chaos Records) et qui lui avait permis de se faire connaître d'un plus grand nombre, Konfession est de retour avec un nouveau chapitre, Im Baumdunkel des Äthers, qui paraît ce mois-ci sur le même label. Si vous avez apprécié le premier essai, le second ne pourra que vous enthousiasmer puisque le groupe autrichien remet le couvert en délivrant un black metal de première facture, aussi old school que glacial mais, également porté par des influences venant du vieux heavy metal, un peu à l'image de ce que Darkthrone sait si bien faire depuis un certain temps. Un morceau comme The Bonecastle Shatters va sans doute aiguiser votre curiosité.
Insidius a une longue histoire qui remonte à 1990, année de sa fondation. Pourtant, le projet fut pour ainsi dire mort-né puisque le groupe polonais se sépara deux ans plus tard sans avoir rien enregistré. Ce n'est que dix-huit ans plus tard, en 2010, que le guitariste Tomasz Choiński, dit Choina, relança la machine avec de nouveaux membres. Deux albums sortirent par la suite, Shadows of Humanity en 2016, suivi de Infamia en 2018. Ce mois-ci, c'est Vulgus Illustrata, troisième opus du groupe, qui paraît via le label Black Lion Records. On peut y entendre un death mélangeant tradition et modernité avec de solides parties techniques qu'un morceau comme The Perfect Slave met en avant dans le clip proposé ci-dessous.
Après un premier album sorti l'année dernière chez Headsplit Records (le très bon Necrolagia del Sadismo: Excerpts from a Deranged Mind), Putridarium nous fait la surprise de revenir avec un nouveau EP 2 titres, Natvm Ad Mortem, qui doit paraître le 12 janvier de l'année prochaine au format 45 tours sur le label indépendant Night Terrors Records. Le groupe allemand, qui a récemment changé de bassiste, ne fait évidemment pas dans la demi mesure en proposant sur le morceau avant-coureur Schmerzfresser le death old school méphitique et rugueux qui fait sa réputation depuis cinq ans.
Avec deux jours d'avance sur la date prévue, Depravity nous dévoile son nouvel opus, Bestial Possession, via le label Transcending Obscurity Records. Il s'agit du troisième album des vaillants australiens, cinq ans après leur précédent effort, Grand Malevolence, paru sur le même label. Depravity est un groupe qui a su évoluer avec son temps, depuis sa fondation en 2016, apportant à son death plus de brutalité et des parties toujours plus techniques. Ce troisième chapitre en est une preuve éclatante, à l'image du morceau Awful Mangulation.
Ça fait toujours plaisir de voir revenir des groupes qui n'avaient plus donnés de nouvelles depuis un certain temps et pour lesquels on a toujours témoigné une profonde affection. Sepolcro et Funest virent le jour au début des années 2010 en Italie (Vérone pour le premier, Milan pour le second) et se sont toujours attachés depuis à déambuler dans les bas-fonds les plus obscurs de l'underground. Obscur, c'est justement l'adjectif qui caractérise le mieux ces deux formations tant le death metal qu'elles pratiquent se trouve plongé dans une ambiance sombre et oppressante, très inspirée musicalement par de solides combos comme Rottrevore, Ascended Dead ou Phrenelith pour Sepolcro, tandis que Funest va puiser son inspiration chez les vieux briscards suédois tels que Dismember, Grave et Interment. Bref, vous aurez compris que nous avons là deux valeurs sûres de la très active scène transalpine, ce qu'a compris le label milanais Unholy Domain Records, qui s'est dit qu'il était temps que ces deux groupes unissent leurs forces. Initiative d'autant plus bienvenue que Sepolcro compte notamment dans ses rangs un certain Hannes Grabstein, membre à part entière de Tenebro depuis 2019 et propriétaire du label Dismal Fate Records, alors que Funest peut compter sur la présence de Tommaso Volpe (Black Oath), Gianmarco Agosti (Valgrind), ainsi que deux membres de Morbus Grave, Eros Collado et Edison. Eh ouais, on peut dire que ça en impose.
Cette association est donc à saluer puisque cela fait quand même un moment qu'on était sans nouvelle majeure des deux groupes, au point qu'on était en droit de se demander si la bête respirait encore, surtout du côté de Funest, très discret depuis la parution de son premier et seul album à ce jour, le magnifique Desecrating Obscurity (Memento Mori), sorti en 2014, même si Unholy Domain Records édita une démo, Scorned Messiah, en 2017. Depuis cette période, les eaux étaient calmes. Quant à Sepolcro, il y eut bien l'EP Amorphous Mass en 2019 en temps que dernier signe de vie en date, via Unholy Domain également, précédé de trois démos parues en 2013 et 2018, le premier album se faisant toujours attendre alors que le combo a presque quinze ans d'existence, entrecoupée par deux années de séparation entre 2016 et 2018.
Les revoir tous deux au format split procure un grand plaisir, d'autant plus que les deux entités ne semblent avoir rien perdu de leur verve pestilentielle à souhait. Du cryptique, du malsain, de l'insalubre et des ambiances fondues dans les ténèbres les plus insondables, en veux-tu, en voilà, les deux groupes délivrant chacun deux morceaux inédits, aux rythmiques assassines, tourmentés et d'inspiration très lovecraftiennes. Si Sepolcro va comme d'habitude droit au but, en ne s'embarrassant pas de fioriture avec son death très direct et caverneux, le chemin emprunté par Funest est plus tortueux sur des morceaux plus longs proposant des détours obscurs par lesquels même les plus aguerris ne s'aventureraient sans doute pas. Le résultat de cette collaboration dépasse les attentes, comment pouvait-il en être autrement de la part de deux groupes aussi fidèles à leurs racines old school ?
Apparu au début des années 80 avant de devenir véritablement populaire à partir de 1984, le thrash metal, enfant terrible du heavy metal et du punk hardcore, était (et demeure encore aujourd'hui) une affaire d'hommes. Cependant, les femmes ne sont pas restées silencieuses pour autant puisque dès la première moitié des années 80, on peut voir l'émergence de groupes emmenés par des chanteuses, voire même des formations thrash entièrement composées de femmes, aussi bien au chant, à la guitare, à la basse et à la batterie. Certaines d'entre elles sont devenues des figures charismatiques du genre même si l'aventure tourna court pour nombre de ces groupes. Il est donc temps de rendre aux femmes ce qui leur appartient en évoquant la mémoire de celles qui ont animées la très prolifique scène thrash metal des années 80. Nous avons pour cela retenu six formations parmi les plus réputées de l'époque.
Détente (image ci-dessus) déboule dans le paysage musical en 1984 depuis la Cité des Anges. Le groupe n'est d'abord qu'un duo composé de Dennis Butler et Dawn Crosby, puis devient un quatuor et finalement un quintette avant la sortie de son premier opus, Recognize No Authority, en 1986 chez Metal Blade Records. Le groupe est alors propulsé sur le devant de la scène en étant porté par le charisme de sa chanteuse, Dawn, dont le timbre de voix détonne dans le milieu. Hélas, d'incessants changements de lineup, conduisant notamment au renvoi de Caleb Quinn et de Steve Hochheiser (respectivement guitariste et bassiste) finissent par faire exploser le groupe en 1989. Détente essaiera bien de revenir en 2007, avec le retour de Quinn et Hochheiser, ainsi que l'arrivée d'une nouvelle chanteuse, Ann Boleyn, qui sera vite remplacée par Tina Teal mais, sans succès puisque la formation implose de nouveau en 2010 après la parution de son second album, Decline, chez Cognitive Records. Un baroud d'honneur a lieu en 2019 lors d'une réunion qui aboutit à une nouvelle séparation cette année. On peut dire au final que l'âge d'or de ce groupe à la carrière mouvementée s'est produit entre 1984 et 1989, en pleine domination du thrash metal. Si Dawn Crosby fut à n'en pas douter pour beaucoup dans cet engouement, elle n'eut hélas pas le temps de poursuivre sa carrière puisqu'elle mourut en 1996 d'une insuffisance hépatique aiguë à seulement trente-trois ans.
C'est également de Californie, de Sacramento pour être précis, qu'arrive Sentinel Beast, la même année que Détente. Le groupe est alors un quintette emmené par une énergique jeune femme à la crinière sombre, Debbie Gunn (de son vrai nom Deborah Gunderson, née à Leicester en Grande-Bretagne). Debbie n'a pas encore vingt-quatre ans lorsque le combo sort sa première démo, Kill the Witch, en 1984. Deux autres démos suivent l'année d'après alors que Sentinel Beast est déjà secoué par des remous dans son lineup. Cependant, un album, le seul et unique, Depths of Death, voit le jour en 1986 chez Metal Blade Records. On peut y admirer toute la plénitude d'un groupe au taquet malgré les difficultés rencontrées pour trouver la stabilité, lorgnant vers un thrash aux accents punk que portent les vocalises insolentes de Debbie Gunn. Après ce brûlot incandescent, Sentinel Beast est de nouveau agité par des problèmes internes qui conduisent à une séparation en 1987, Michael Spencer, le bassiste, partant rejoindre Flotsam and Jetsam, tandis que Debbie allait devenir, un peu plus tard, et pour un temps très court, la chanteuse du groupe thrash féminin Ice Age, dont nous allons parler.
Quand on parle de charisme, Sabina Classen se pose là. Ajoutez-y l'irrévérence qu'il faut, ainsi qu'un brin de provocation et de je m'en-foutisme, vous obtenez une des personnalités les plus influentes que le thrash metal ait enfanté. La native d'Aix-la-Chapelle, en Allemagne, n'a que dix-neuf ans lorsqu'elle intègre Holy Moses en 1982 sur la démo Satan's Angel. Elle porte encore son nom de jeune fille, Hirtz, avant qu'elle n'épouse l'année suivante Andy Classen, guitariste du groupe. Les choses se mettent alors à aller très vite. Après une flopée de démos ancrées dans un style speed thrash ne faisant pas de concessions, le combo dévoile son premier album, Queen of Siam, en 1986, chez Aaarrg Records. S'ensuivent plusieurs pièces majeures qui vont construire la renommée du groupe, entre 1987 et 1994, année de sa séparation, notamment l'œuvre maîtresse qu'est Finished With the Dogs, en 87, sans doute l'opus le plus accompli des allemands, qui contient quelques bombes incendiaires comme Fortress of Desperation, Rest in Pain et Life's Destroyer, véritables hymnes thrash intemporels qui n'ont pas pris une ride de nos jours. Holy Moses se reforme en 2000 avec Sabina comme seule membre originelle. Six albums paraîtront avant que la séparation ne soit définitive en 2023.
C'est en 1985 que l'on découvre Meanstreak. C'est alors la grosse surprise pour tout le monde, le groupe étant exclusivement composé de femmes, fait rare dans le paysage thrash metal de l'époque, alors qu'il était plus courant de voir des groupes féminins dans le hard rock ou le heavy metal. Le quintette est composé de Bettina France (chant), Rena Sands (guitare), Marlene Apuzzo (guitare, épouse de Mike Portnoy du groupe Dream Theater), Martens Pace (basse) et Diane Keyser (batterie) lorsque paraît Roadkill en 1988 (Mercenary Records), son premier et unique album dont la pochette représente un homme se faisant rouler dessus par une Cadillac. L'album contient huit morceaux d'une rare insolence, se nourrissant d'un thrash dopé au heavy et au speed metal. L'expérience dura neuf ans avant que le groupe ne décide de se séparer mais, ô surprise, une réunion eut lieu en 2022 avec quatre des cinq membres d'origine, ce qui résulta d'un EP, Blood Moon, sorti en 2024 et très différent du thrash des débuts.
C'est de Jonquière, un des trois arrondissements de la ville de Saguenay, au Québec, que débarque Messiah Force en 1984. Le thrash est alors en plein essor au Canada avec Sacrifice, Razor, Slaughter et suscite des vocations chez les jeunes désireux de se lancer dans l'arène (je vous renvoie par ailleurs à cet article pour en savoir plus sur la scène metal extrême de ce pays dans les années 80). Après une démo parue en 1985, le combo québécois se lance dans le grand bain deux ans plus tard avec la parution de The Last Day, son premier et seul album. L'effectif est alors une machine redoutable d'efficacité, composé de cinq musiciens dont une femme, la chanteuse Lynn Renaud, encore toute jeune à l'époque mais, déjà très impressionnante de par le chant clair qu'elle adopte sur des compositions combinant parfaitement l'énergie du speed et du power metal à celle du thrash. Hélas, l'aventure tourne court, Lynn étant obligée de prendre du recul en raison de problèmes de santé. Ne parvenant pas à trouver une nouvelle chanteuse pour la remplacer, le groupe finit par jeter l'éponge en 1991. Cependant, la vie réservant parfois des surprises, le lineup originel se reforme en 2022, avec Lynn Renaud. Il semblerait qu'il soit toujours actif aujourd'hui même si le groupe n'a rien sorti depuis l'année de son split.
Ice Age fait partie de ces rares groupes de thrash metal entièrement féminin à avoir réussi à percer dans les années 80. Cela impose d'autant plus le respect que le groupe fut fondé à Göteborg (sous le nom de Rock Solid), un des berceaux du death metal, en 1985, année où les premières formations death commençaient à pointer le bout de leur nez. C'est donc dans un environnement très masculin que les quatre jeunes femmes se lancent. Lorsque la première démo, General Alert, paraît en 1987, le combo se compose de Sabrina Kihlstrand au chant et à la guitare, Vicky Larsson à la basse, Tina Strömberg à la batterie et Pia Nyström à la guitare. Dès cette première démo, le quatuor s'inscrit dans un thrash crasseux et jouissif clairement orienté punk et speed metal. Une ligne dont il ne déviera pas sur les enregistrements suivants, notamment la démo Instant Justice parue en 1987, véritable crachat aux institutions et à l'ordre établi qui fit la réputation du groupe. L'aventure s'arrête net en 1990 alors que la formation n'a sorti aucun album. Cependant, Sabrina et Vicky sortent Ice Age de sa forteresse de glace en 2014 lors d'une renaissance qui donnera lieu à un premier opus, le bien nommé Breaking the Ice, en 2017.