jeudi 20 mars 2025

CHRONIQUES DE LA FOSSE : NOIRSUAIRE - THE WRATH OF THE SILENT TEMPLES (2025)


Ainsi donc, la bête respirait encore sous les cendres. Brièvement inscrite à l'article de la mort, on la vit réapparaître dans les bois sombres bordant Montségur, sous la forme d'un ermite vêtu d'un châle couleur de suie, errant parmi les arbres que l'hiver avait figés. Durant les nuits glaciales, dans les ténèbres silencieuses comme des tombes, l'on pouvait entendre, en tendant bien l'oreille, les bruit sourd de ses pas dans la neige fraîche, auquel se mêlait parfois le hululement lointain d'un hibou guettant sa proie. La nouvelle parcourut villages et hameaux, portée par un vent piquant qui venait du nord : Noirsuaire était de retour.

Nouveau chapitre que la nuit elle-même semble avoir écrit sous la clarté languissante d'un croissant de lune accroché entre deux nuages, The Wrath of the Silent Temples est la signature d'un maître divulguant les secrets que cache l'obscurité. Dans les monts brumeux que l'hiver recouvre de son linceul ou dans les ruines des châteaux des vénérables ancêtres, statues de pierre pétrifiées par le temps, Noirsuaire distille son poison vampirique en invoquant les esprits des dimensions maléfiques. Tel un guerrier revenu d'entre les morts, il rassemble son armée des ombres en poussant un cri de ralliement fielleux et primitif. Adepte d'un art noir suintant des profondeurs de la terre, il en exploite les rouages complexes, en étudie les formules, dont le commun des mortels ne soupçonnerait pas l'existence, pour arriver à un résultat que bien peu réussirent à atteindre : faire naître l'excellence dans le chaos. Aidé de ses précieux acolytes, l'artiste possède l'expérience nécessaire afin de prolonger la nuit. Au son d'un black metal respirant la sincérité et ancré dans ses racines ancestrales, il sonne la charge sur The Scourge from Kisiljevo, remuant en nous les souvenirs vivaces que nous avions de lui sur ses précédents efforts, de Possessed by a Malignant Lust à By the Screams of Porphyric Seraphs en passant par Black Flame of Unholy Tradition. Les rythmiques guerrières, puissantes et vindicatives sont son apanage, à l'image du morceau qui a donné son titre à ce EP, tandis que quelque part entre radicalité et mélancolie, la créativité prend des atours plus mystiques, plus mélodiques que To Roam Among the Darkest Hounds restitue parfaitement durant six minutes d'une qualité lyrique exceptionnelle tutoyant les sommets enneigés de la chaîne pyrénéenne, quand ce n'est pas le son nostalgique et rêveur d'une orgue qui nous prend aux tripes sans crier gare.

Noirsuaire est revenu, et avec lui les vestiges d'un monde qu'on croyait effacé à tout jamais par l'usure du temps. Tendez bien l'oreille et vous entendrez peut-être le prince des ténèbres regagner sa demeure après une nuit de fureur et de sang.

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