mercredi 19 mars 2025

CHRONIQUES DE LA FOSSE : FORCE OF DARKNESS - TWILIGHT OF DARK ILLUMINATION (2021)


Les présentations sont-elles vraiment nécessaires ? Voilà vingt-quatre ans que Force of Darkness hante les couloirs sombres de l'underground, à proférer ses psaumes sataniques, soit plus de deux décennies sans donner le moindre signe de faiblesse et demeurant fidèle au death thrash teinté de black metal qui a toujours fait sa réputation. Évoquer Force of Darkness, c'est un peu comme pénétrer dans un temple. On y entre avec le respect qui s'impose, sans faire de vagues, et l'on se recueille, sauf qu'ici bien sûr, la certitude d'en sortir indemne s'avère très faible. Il faut dire que le groupe de Santiago du Chili, de par sa longue expérience, connaît la musique. Biberonné à la subversive scène sud-américaine de la fin des années 80 et du début des années 90, celle de Sarcofago, Vulcano, Mystifier, Mutilator, et j'en passe, le combo latino s'est toujours efforcé, avec passion, de brandir haut l'étendard du death thrash de la vieille école sans jamais dévier de sa trajectoire initiale. Ainsi dès son premier album éponyme paru en décembre 2006, le trio s'engageait dans une voie qui allait construire sa réputation de trublion. Puis, quatre ans plus tard, sur Darkness Revelation, il maintenait la cadence, bien que dans une veine plus sombre et plus occulte. Il faudra ensuite attendre onze ans pour que Twilight of Dark Illumination complète la saga, avec toujours cette inébranlable volonté de faire dans le blackened death thrash le plus vil et le plus malfaisant qui soit.

Dès le premières notes de Retribution of the Crowned Chaos, les hostilités sont lancées. Sur un rythme furieux et effréné, les chiliens sortent l'artillerie lourde en ne se privant pas de convier Deströyer 666, Sodom et Mefisto à la table des festivités, tandis que ce diable de Seb Armageddon impose sa poigne sur le premier solo de guitare envoyé. Un rythme d'enfer est ensuite maintenu sur Absolute Verb of Chaos and Darkness avant que les riffs monstrueux n'emportent tout sur leur passage à l'écoute de Sons of Hipocrisy, joyau de cet opus porté par un nouveau solo de guitare à vous dresser les poils. C'est sur ce type de compositions ultra rapides et extrêmement agressives que le talent naturel de Force of Darkness s'exprime le mieux, le combo parvenant à trouver beaucoup d'amplitude en mélangeant avec habileté la furie du thrash metal old school à l'insolence crasse du vieux black metal des années 80 auquel s'ajoute le côté plus sombre et plus malveillant du death. En toute logique, la rhétorique guerrière prend facilement le dessus dans certaines sections. On la retrouve ainsi livrée de la façon la plus primale sur Athame's Wrath, hymne war metal à part entière qui vous donnerait presque une envie d'en découdre. Il n'y a pas à rechigner, les chiliens savent varier les plaisirs. Au blackened death savamment dosé de Genesis of Evil succède le thrash sans concession de Metempsychosis et son chorus jouissif. Arrive ensuite la basse très lourde de Choronzon's Desire, plage lugubre et plus expérimentale, montée sur un rythme étonnamment lent, avant que le rouleau-compresseur ne reprenne sa marche sur le puissant Templi Serpens, très axé sur du black metal de la première génération. Enfin, il fallait bien un dernier coup d'audace pour refermer le chapitre avec Darkness Shall Prevail, longue conclusion de près de huit minutes, véritable brassage d'influences montrant sans doute l'aspect le plus créatif de ce groupe hors du commun qu'est Force of Darkness. Espérons qu'il ne faudra pas attendre dix années de plus pour un prochain album.

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