Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.
Evilution - Evilution (1995) :
Deux ans avant la sortie de son seul et unique album, Shrine of Desecration, sur le label Pure Death Records en 1997, Evilution débarquait de son Connecticut natal avec une démo 4 titres qui posait les bases de son death sans concession. Aussi primal que brutal dans son approche, le quatuor recelait des trésors d'ingéniosité pour délivrer un death franc du collier qui pouvait s'inspirer à la fois de Deicide et Suffocation. Soutenu par une base rythmique redoutable et intransigeante, le chant guttural de John York (qui était également bassiste) était capable de prendre beaucoup d'ampleur pour donner un côté encore plus lugubre aux compositions, ce qui n'était pas sans rappeler les harmonies tourmentées du death metal finlandais, à titre d'exemple. Trente ans plus tard, cette démo semble ne pas avoir vieilli et se savoure comme un bon vin.
Amniorrehexis - Under the Surgeon's Knife (1995) :
L'extraordinaire vitalité de la scène canadienne, notamment québécoise, est à coup sûr un gage de qualité qui a permis à ce pays de suivre les traces de son imposant voisin dans le domaine du death metal. S'il n'aura pas vécu très longtemps, Amniorrehexis est tout de même parvenu à se distinguer sur deux démos, dont celle parue en 1995 et qui fut la dernière avant que le groupe ne disparaisse sans laisser de trace. Under the Surgeon's Knife permettait de jauger le combo sur deux choses très intéressantes : d'abord son habileté à pratiquer un brutal death metal de première facture que les spécialistes du genre n'auraient pas renié ; ensuite l'emploi de deux vocalistes, un homme prénommé Blacky et une femme (image ci-dessus) répondant au nom de Marie-Pou. Le résultat était d'une violence inouïe et s'écoute encore aujourd'hui avec un mélange de respect, d'admiration et d'angoisse.
Acrostichon - Dehumanized (1991) :
On ne présente plus le groupe formé à Tilburg en 1989. Acrostichon eut rapidement le vent en poupe pour deux raisons : d'abord l'indéniable qualité de son death metal authentique, sombre, brutal et ne manquant pas de technicité ; puis la présence magnétique de sa charismatique chanteuse Corinne van den Brand dont les vocalises ne laissaient pas de marbre, c'est le moins qu'on puisse dire. En 1991, la formation néerlandaise dévoilait une cinquième démo dont les quatre morceaux annonçaient la tendance qui allait être reprise sur l'album culte Engraved in Black qui allait paraître deux ans plus tard sur le label Modern Primitive. Le groupe ne craignait pas de se lancer dans la construction de structures complexes en insistant beaucoup sur les cassures de rythme, les harmonies chaotiques et l'aspect lugubre. Endommagé par les ravages du temps, Dehumanized bénéficia en septembre 2020 d'une restauration bienvenue lors d'un pressage vinyle que le label Xtreem Music édita. Une initiative qui donna une seconde vie à ce disque remarquable.
Sadism - Perdition of Souls (1989) :
On connait la carrière exceptionnelle du groupe fondé en 1988 à Santiago du Chili sous le nom de Black Vomit, puis Sadist. Trois ans avant Tribulated Bells, album de légende que tout amateur de death metal old school se doit de posséder, le quintette, emmené notamment par l'inoxydable duo composé de Ricardo Roberts et Juan Pablo Donoso, dévoilait cette toute première démo percutante et irrévérencieuse qui posait les bases de son death malsain, comme un doigt d'honneur à l'humanité. C'est toute l'Amérique latine qui s'éveillait alors au metal extrême, dans le sillage de Sepultura, Torturer et Atomic Aggressor, Sadism choisissant dès le début de prendre une direction encore plus radicale qui allait faire sa renommé. Les jalons étaient posés sur cette démo inaugurale. La suite de l'histoire est connue de tous.
Marhoth - Wolfmoon (1995) :
Les choses sont simples à résumer. Si vous avez pris de plein fouet la vague du black metal en provenance de Norvège au début des années 90 et que depuis, vous ne jurez que pour un black à l'état brut, franc, sincère et underground jusqu'à l'os, Marhoth ne peut que vous plaire. Chant démoniaque, blastbeats tranchants, riffs imposants, clavier spectral et chœurs retentissant sous la lune pâle et glaciale par une longue nuit d'hiver, ces polonais ont réuni tous les ingrédients nécessaires pour la pratique d'un black metal sans artifice et capable de se frayer un chemin dans les forêts lugubres, au point qu'il ne manquerait plus que le hurlement lointain des loups pour vraiment s'y croire. Du bel ouvrage qui plaira avant tout aux vrais passionnés.

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