Suite et fin de notre gros dossier du culte de l'underground. Après une première partie consacrée à la période allant de 1990 à 1992, puis une deuxième partie s'étalant de 1993 à 1995, c'est l'heure du grand final avec une sélection de dix albums de death metal parmi les plus brutaux parus entre 1996 et 1999. Sans surprise, vous allez pouvoir constater que le brutal death metal occupe une place importante. Il faut dire que durant cette période, de sérieux représentants du genre occupaient l'espace.
Dying Fetus - Purification Through Violence (Pulverizer Records, 1996) :
Le groupe de Baltimore, qui possédait à l'époque un lineup très différent de celui d'aujourd'hui (à part ce vieux briscard de Gallagher), signait une œuvre majeure sur ce tout premier chapitre violent et intense encore difficile à égaler de nos jours. Brutal à tous les étages, l'opus dessinait ce qu'allait être l'identité de Dying Fetus pour les années suivantes, que préfigurait la démo Bathe in Entrails de 1993. Riffs monstrueux, section rythmique bodybuildée, qualité technique, sans oublier un Jason Netherton inspiré à l'écriture des paroles, tous les ingrédients qui ont fait de Dying Fetus un mastodonte du BDM au fil du temps étaient déjà réunis. Un album plus qu'incontournable.
Mortician - Hacked Up for Barbecue (Relapse Records, 1996) :
Après des démos très prometteuses parues à la fin des années 80 et au début des années 90, on se doutait bien que le combo de Yonkers allait nous pondre un premier opus de derrière les fagots. Ça n'a pas loupé sur Hacked Up For Barbecue, album de pur brutal death metal devenu un classique du genre, très inspiré par le cinéma horrifique puisqu'on y trouve des références à plusieurs films tels que The Fog, Cannibal Ferox, Suspiria et Massacre à la tronçonneuse. Musicalement, les limites de la brutalité étaient allègrement franchies sur les vingt-quatre morceaux composant la galette. Mortician entrait de plein pied dans la cour des grands.
Vomitory - Raped in Their Own Blood (Fadeless Records, 1996) :
Bien qu'il fut influencé à ses débuts par des groupes comme Venom, Sodom, Slayer et Napalm Death, le groupe de Karlstad s'est assez vite démarqué pour s'épanouir vers un son résolument death metal que bien des groupes suédois de sa génération pratiquait. Une tendance qui se retrouvait sur ce premier album ravageur, crasseux dans sa production, primitif dans son exécution et d'une puissance rarement égalée dans sa structure. À la brutalité du son s'ajoutait celle de la présentation avec cette pochette qui ne faisait pas dans la dentelle, c'est le moins qu'on puisse dire. C'était le grand Vomitory des frangins Gustafsson, avec un Ronnie Olson au sommet de son art sur la partie chant.
Intestine Baalism - An Anatomy of the Beast (Repulse Records, 1997) :
Toujours considéré aujourd'hui, à juste titre, comme un des plus grands groupes de death metal japonais, le combo tokyoïte lâchait un énorme pavé sur ce premier opus d'une rare intensité en réussissant l'exploit d'unir sous une même bannière brutalité et mélodie. Il en ressortait un disque hors norme, parfaitement produit, sur lequel la violence parfois extrême des riffs venait épouser les contours gracieux d'harmonies dont la beauté était à couper le souffle. C'était, en quelque sorte, une autre façon d'aborder la brutalité dans le death metal et les nippons avaient trouvé sans aucun doute la bonne formule.
Mortal Decay - Sickening Erotic Fanaticism (Pulverizer Records, 1997) :
Un album incontournable qui, comme le bon vin, se bonifie avec le temps et ne perd rien de sa saveur initiale. Ce premier opus faisait suite à trois démos remarquables sur lesquelles le groupe du New-Jersey se spécialisait dans un brutal death metal qui allait devenir de plus en plus technique et porté par une production radicale. Une radicalité qui atteignait son point d'orgue sur ce disque constituant finalement la suite logique des événements et du travail accompli par le quintette alors que Johnny Paoline passait brièvement la main à Kelly Izquierdo au chant. Tout sur cette œuvre majeure de death metal n'était que décadence et outrage, jusqu'à sa fameuse pochette que les membres de Mortal Decay avaient eux-mêmes conçue.
Rotting - Crushed (United Guttural Records, 1998) :
L'aspect repoussant de la pochette se suffisait à lui seul. Les canadiens de l'Ontario, qui allaient se séparer quelques années après ce seul album, n'étaient pas là pour discuter broderie au coin du feu. L'objectif était clairement de laisser la colère s'exprimer dans toute son ampleur sur ces dix morceaux violents, horrifiques et abrasifs, devenus au fil du temps des pièces incontournables du brutal death metal. Le côté écrasant de la production, agissant comme un rouleau-compresseur, ne laissait pas le temps à l'auditeur de reprendre son souffle entre deux morceaux. Avec sa section rythmique de métronome, le groupe avançait tel un peloton d'exécution en ordre de marche dans un chaos indescriptible. Toutes les limites possibles et imaginables étaient franchies sur ce disque sans concession.
Scattered Remnants - Destined to Fail (Repulse Records, 1998) :
L'album qui a bâti la légende du groupe du Massachusetts, juste avant la séparation. Plusieurs atouts majeurs en faisaient une œuvre incontournable et majestueusement terrifiante : une production en béton armé, des harmonies remarquables et techniques au cœur même d'un maelstrom de violence absolue, les vocaux hallucinants de Jason Hendershaw que l'on pouvait considérer à l'époque comme l'un des meilleurs dans cet exercice, sans oublier la voix angélique de Bonnie Dion venant se poser délicatement sur des terres ravagées (les incroyables structures de Angelic Redemption). Un album toujours intouchable aujourd'hui et à ranger parmi les plus bestiaux des années 90.
Deranged - High on Blood (Regain Records, 1998) :
Un album culte, n'ayons pas peur de le dire, pierre angulaire du death metal suédois par son versant le plus brutal. Classique du genre qui n'hésitait pas à s'aventurer en territoire grind, lorgnant du côté de Dying Fetus, Vomitory et Avulsed pour les influences les plus marquantes. Qu'ajouter de plus si ce n'est que la qualité de la production rendait l'ouvrage encore plus puissant et terrifiant jusqu'à atteindre un niveau d'outrage que le quatuor, sûr de sa force, pouvait bien se permettre après un premier album très prometteur sorti en 1995.
Necrophagist - Onset of Putrefaction (Noise Solution Records, 1999) :
Tout le génie et la palette artistique de Muhammed Suiçmez s'exprimait pleinement sur cette œuvre inégalable qu'on ne peut comparer avec aucune autre. Ce premier opus était certes complexe et difficile à apprivoiser de par sa redoutable technicité peu accessible au commun des mortels et de par l'aspect progressif de ses structures internes dont les intrications pouvaient être comparées au circuit neuronal d'un cerveau humain. Dans cette expérience labyrinthique demandant un effort de concentration poussé à l'extrême, la brutalité pouvait soudainement apparaître au détour d'un couplet ou au sein d'éléments jazzy savamment enchevêtrés dans la matrice. Bref, un classique du genre contre lequel rivaliser serait peine perdue.
Vile - Stench of the Deceased (indépendant, 1999) :
Avant de faire dans le melodeath, le combo californien faisait dans le death old school des familles brutal et sans pitié. Premier des quatre albums de leur discographie, Stench of the Deceased constituait un melting-pot d'influences qui pouvait très bien aller de Cannibal Corpse à Deeds of Flesh en passant par Dying Fetus, Deranged, le Suffocation des débuts, sans oublier un soupçon de Morbid Angel que le jeu de batterie de Mike Hamilton venait renforcer. Ces divers télescopages rendaient unique l'expérience d'écoute sous un aspect brut de décoffrage laissant peu de place aux tergiversations. Vile ne se posait de toute façon pas de question. Pour faire dans le brutal, autant rentrer dans le lard des gens en y allant frontalement. Les choses avaient le mérite d'être claires sur ce disque bestial.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire