On s'expose toujours à un très grand risque en écoutant un album de Leviathan : celui de rester prisonnier dans l'esprit tourmenté de celui qui, depuis vingt ans, officie derrière l'entité fondée en Californie, j'ai nommé Jef Stuart Whitehead. Risque d'autant plus grand que même si l'on parvient à s'en extirper, ce n'est jamais sans blessures internes, sans y laisser une part de son âme, l'homme en question étant très porté sur des sujets peu réjouissants découlant d'une personnalité asociale.
2003 marquait le commencement d'une odyssée au cœur des ténèbres sous la forme d'un premier jet aussi violent que terrifiant, The Tenth Sublevel of Suicide. Avant la sortie de cet imposant opus, toujours considéré presque quinze ans plus tard comme un monument majeur de la scène black metal US, Leviathan s'était déjà livré à des expériences musicales, s'aventurant en profondeur dans les tréfonds de l'âme humaine. Si certains de ses enregistrements, disséminés entre 1998 et 2002 sont connus, d'autres en revanche sont demeurés dans l'ombre, inhumés au plus profond d'une cave noire et glaciale. On apprit ainsi que nombre de ces morceaux, que l'on peut considérer comme des chutes de studio, avaient servi de terreau ou de "chrysalide" (comme le dit lui même Whitehead) à ce qui allait devenir plus tard The Tenth Sublevel of Suicide.
Sous la houlette d'Ascension Monuments Media, toute jeune entreprise qui a vu le jour en début d'année en Californie, ces reliques exhumées parviennent enfin aux oreilles du commun des mortels. Au cours des prochains mois, Leviathan va libérer ses monstres d'antan, annonciateurs de jours bien sombres et de nuits cauchemardesques. Le rituel va officiellement débuter le 1er décembre avec The First Sublevel of Suicide, figure paternel ou enfant mort-né de l'album cité plus haut. À l'écoute, on retrouve les ingrédients qui ont servi à concevoir The Tenth Sublevel of Suicide. Des morceaux comme Scenic Solitude and Leprosy ou He Whom Shadows Move Toward ou encore Mine Molten Armor sentent la dépression à plein nez, l'envie d'envoyer tout valser et d'en finir avec l'humanité. Une impression qui se ressent également sur l'instrumental The Bitter Emblem of Dissolve, dans un style ambient que le bonhomme sait maîtriser à la perfection, avec ce qu'il faut d'atmosphère lourde et étouffante, si bien que l'on se trouve dans un état proche de la suffocation lorsque commence The Idiot Sun, morceau le plus violent de l'album, qui se charge d'anéantir toute forme de volonté en broyant ce qui reste de vous. Et dire que ce n'est qu'un début...
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