mercredi 17 décembre 2025

CHRONIQUES DE LA FOSSE : MORTIS DEI - THE BRINGERS OF DEATH (2025)


Parler de Mortis Dei revient à faire un bond dans le temps, comme si l'on était à bord de la DeLorean du docteur Emmett Brown. Le saut est vertigineux puisqu'il nous fait remonter près de trente-cinq ans dans le passé, en 1992 pour être précis, année de naissance du groupe polonais dans la ville de Bydgoszcz, au nord-ouest de Varsovie. Fidèle, dès le début de sa carrière à un death metal de la vieille école, Mortis Dei n'allait pas tarder à se tailler une solide réputation dans le milieu underground, même s'il aura fallu attendre dix ans pour qu'un premier album paraisse en indépendant, The Loveful Act of Creation, reconnaissable à sa pochette représentant le dos d'une femme nue. Le groupe allait ensuite transformer l'essai sur deux autres albums plus sombres, My Lovely Enemy en 2006 (où l'on retrouve la femme nue, cette fois-ci allongée devant la porte d'un four crématoire) puis, Last Failure en 2009. Mortis Dei va alors entrer dans une période de turbulences à cause d'incessants changements de lineup, notamment au chant, au point qu'aujourd'hui, Grzegorz Zaremba, le bassiste, est le dernier membre originel de la formation. Si un quatrième opus, Salvation Never Comes, a pu voir le jour en 2014 sur le label Metal Scrap Records, un silence de plomb s'est installé par la suite jusqu'à ce mois-ci où The Bringers of Death est arrivé via Black Flame Rebellion.

Dès la première écoute, le verdict est sans équivoque. Mortis Dei a vieilli et, pas forcément en bien. Il faut dire que le défi était redoutable après un hiatus de onze ans. Avec une base rythmique totalement renouvelée au début des années 2020, tandis que Miroslaw Harenda, le guitariste arrivé en 2004, a endossé le rôle de chanteur (le précédent ayant quitté le groupe en 2024), il s'agissait, en gros, de repartir sur du neuf tout en essayant de conserver cet esprit old school présent depuis le début. Disons-le sans détour, la sauce met du temps à prendre sur The Bringers of Death. Peu inspirés, assez mous et répétitifs, les deux premiers morceaux sont pénibles à écouter avant que The Hunters Conquest ne commence à lancer les hostilités. Mortis Dei retrouve alors, par intermittence, de sa superbe, comme à la glorieuse époque, en distillant un death old school solide et sincère, plus consistant, plus épais, sur des morceaux bien composés comme Ruthless Annihilation, Redemption et Sacrifice. On y retrouve toute la noirceur qui a construit la réputation du combo.

Hélas, ces élans de générosité ne sont que parcimonieux, rendant l'album très inégal dans son ensemble. Si la base rythmique demeure plus que correcte globalement, surtout les guitares qui sont mises en avant dans la production, le chant manque parfois de puissance et de profondeur, faisant ainsi retomber le soufflet. Les lots de consolation n'étant que trop rares sur un album court n'affichant qu'une trentaine de minutes d'écoute, on en sort plutôt déçu avec un sentiment d'inachevé qui prédomine. Une copie à revoir, au final mais, que voulez-vous, tout le monde vieillit et le temps assassin poursuit son travail de sape.

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