samedi 25 octobre 2025

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : LES ROIS DU NORD OU L'ÉMERGENCE DU DEATH METAL DANS LE WISCONSIN


Si historiquement les deux principaux épicentres de la naissance du death metal aux États-Unis se situent en Floride et en Californie, il ne faut pas oublier l'expansion qui s'ensuivit dans d'autres états, comme le Texas, par exemple, que nous avions évoqué dans cet article. Alors, pourquoi choisir ici le Wisconsin plutôt qu'un autre, état du nord réputé pour ses hivers très rudes et sa célèbre équipe de football américain, les Packers de Green Bay ? Deux raisons à cela, la première étant que la scène death metal du Wisconsin refait parler d'elle en ce moment grâce à des groupes comme Morta Skuld, vétéran de la scène qui a sorti un album de fort bonne facture l'an dernier (Creation Undone, Peaceville Records) et Ossuary dont le premier opus, paru au printemps de cette année (Abhorrent Worship, Me Saco Un Ojo Records) va sans doute figurer en bonne place dans les traditionnels bilans de fin d'année, sans oublier bien sûr les autres formations qui font vivre la scène du Wisconsin comme Jungle Rot, Ruin Dweller ou Outer Graves, pour n'en citer que quelques-unes ; quant à la seconde raison, il apparaît, au regard des archives dont nous disposons, que le Wisconsin a bien connu une période d'émergence du death metal que l'on peut situer au début des années 90, certes plus discrète que ne fut cette même période dans les états américains cités plus haut mais, suffisamment intéressante pour que l'on prenne le temps de s'y attarder. Nous avons pour cela sélectionné quatre groupes, disparus depuis longtemps mais, dont l'itinéraire mérite de se pencher sur leur cas.


Morbid Corpses vit le jour en 1987 à Kenosha, ville située dans le sud-est du Wisconsin. Il faut attendre l'année 1991 pour que le trio, alors composé de Mark Death au chant et à la basse, Dave Desecration à la guitare et Paul Bearer à la batterie, sorte sa première démo, Demonstration of Devastation. On y découvre quatre morceaux furieux typiquement ancrés dans le style death/thrash maléfique et brutal qui sévissait encore à l'époque, même si le genre allait finir de se faire ingurgiter par le death pur et dur déferlant des côtes est et ouest. Néanmoins, les compères savaient y faire pour déchaîner les enfers bien que l'année suivante, ils allaient tirer leur révérence sur une ultime démo, Rise, avant que Dave, le guitariste, n'aille faire un tour chez Evil Incarnate.


Natif de Milwaukee, Phantasm aurait sans doute pu devenir un très grand groupe si des problèmes de lineup n'avaient pas miné le moral des troupes. Dès sa première démo, Lycanthropy, parue en 1990, soit deux ans après sa fondation, le groupe, qui n'est alors composé que de deux membres, Tony Brandt (chant, batterie) et Scott McKillop (guitare, basse), frappe un gros coup en pratiquant un death brut de décoffrage et sans la moindre concession qui pouvait évoquer à l'écoute un mélange savant entre Autopsy, Impetigo, Master et Rottrevore, rien que ça. Il est de plus important de préciser que les deux acolytes allaient intégrer la même année une des figures de proue du death de l'époque dans le Wisconsin, j'ai nommé Dr. Shrinker.


Restons à Milwaukee avec Mortal Dread, combo formé en 1989, mort en 1993 et qui ne laissa pour seule trace de son passage sur Terre qu'une démo, Rancid Disembowelment (1990), et quelle démo ! Vingt minutes de pur death metal sans artifice, aux riffs cinglants comme des coups de fouet, avec un chant démoniaque de Todd Klug, accompagné à la base rythmique par des membres de Phantasm et Dr. Shrinker (comme on se retrouve). Dommage que l'aventure ait tourné court car, l'on sentait sur cette démo un incontestable potentiel qui aurait pu emmener ce groupe très loin. 


C'est à Appleton, à environ cent cinquante kilomètres au nord de Milwaukee, que le groupe Experiment Fear naquit en 1989. Deux ans plus tard, une démo inaugurale de sept morceaux, Choir Invisible, que beaucoup considèrent encore aujourd'hui comme une pièce de collection, fut éditée. Pourquoi un tel engouement ? Tout simplement parce qu'en plus de pratiquer un death d'une remarquable qualité qui n'était pas sans rappeler le Deicide des débuts (notamment celui de la période Amon), le combo possédait dans ses rangs un pur joyau, un tout jeune guitariste du nom de Jeff Loomis, qui allait bien plus tard partir à l'aventure avec Nevermore et Arch Enemy, et qui n'avait alors pas encore vingt ans au moment où cette démo paraissait. À l'écoute, la patte du gars était déjà reconnaissable entre toutes et prometteuse d'un avenir radieux. Bien sûr, Loomis n'était pas la seule raison de ce succès. C'est tout le quatuor qui participait généreusement à l'effort sur ces sept morceaux de death authentique que les puristes apprécieront à leur juste valeur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire