dimanche 16 février 2025

CHRONIQUES DE LA FOSSE : TYRANNI - DRÄNKT AV LIVETS SEKRET (2024)


Le bruit de la pluie qui tombe, le tonnerre qui gronde, le son lointain d'un clocher qui retentit puis, la plainte lugubre d'une orgue dans la nuit. Ainsi débute Dränkt av Livets Sekret, par l'instrumental Dunklets Öppning. Dès les premiers arpèges, Tyranni nous met dans l'ambiance, caché parmi les ombres tutélaires des grands arbres des forêts nordiques. Derrière ce nom officient deux âmes tourmentées, celles de Svartpest et Likaska, têtes pensantes de l'entité malfaisante Bekëth Nexëhmü, le premier étant également membre à part entière d'autres formations reconnues de la scène black metal scandinave comme Gnipahalan, Greve, Mystik ou Trolldom (j'en oublie). Nous avons par conséquent affaire à des artistes d'expérience, adeptes du metal noir depuis un certain temps. D'ailleurs, en plus de mener sa barque avec tous ces groupes, Svartpest s'occupe lui-même d'un label, Ancient Records, qu'il a fondé en 2010, et de sa sous-division Mysticism Productions via laquelle est paru cet opus en octobre de l'année dernière.

Avec Tyranni, tout est une question d'ambiance. Bâti la plupart du temps sur un rythme mid-tempo, le black metal des suédois s'attache à demeurer dans une veine très ambient, typiquement nordique aussi bien dans son approche que dans sa structure générale. Sur de longues compositions souvent supérieures à sept minutes, le combo arpente monts et forêts par des versants ténébreux avec un rendu quasi cinématique qui produirait incontestablement son petit effet dans un film de vampires. Ett Liv i Ruin... vous glace d'effroi dès les premières notes, suivi d'un Bortom Bortglömda Skogar dont le clavier spectral fait songer à un chœur de moines inquiétant et sinistre. L'obscurité se fait ensuite plus prégnante sur Vargama ar Samlade, morceau au tempo un peu plus rapide, avant que l'instrumental Gravens Boning ne nous entraîne dans les ruines poisseuses d'un château délabré avec son orgue cafardeuse invoquant Nosferatu. 

Tyranni sait parfaitement se mouvoir dans ce type d'ambiance aussi morne que sépulcrale. Ainsi, le funèbre Underganges Liklykta révèle des atours oppressants et glauques dans ses harmonies avant que son suivant, Vid Ättestupans Kall, ne dévoile un côté plus symphonique dans sa construction, grâce à un clavier encore mis en avant et un chant aux intonations parfois plus claires, délivré comme un psaume, révélant au passage la part plus aventureuse que possède le groupe. Enfin, un dernier morceau instrumental (celui qui a donné son titre à l'album), plus mélancolique, vient refermer ce chapitre vampirique, comme l'on refermerait un vieux grimoire rempli de malfaisance. Tyranni agite avec une certaine habileté les esprits de la nuit sur ce très bon album de black metal ambient, réveillant la créature lycanthrope qui sommeille au plus profond de nos âmes égarées.

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