Très souvent, le titre d'un album peut à lui seul en résumer le contenu. C'est logiquement le cas avec Smyrtonos, dont le premier opus, Misanthropic Flame of Black Devotion, est un doigt d'honneur frontal à l'humanité. D'abord paru en indépendant au printemps dernier, l'album bénéficiait en décembre d'un pressage vinyle par les bonnes grâces du réputé label espagnol BlackSeed Productions. Il nous était donc donné l'occasion de nous plonger dans cette œuvre aussi radicale que nécrotique née dans l'esprit torturé de Todorac, activiste bulgare basé à Sofia. S'il s'agit bien de son premier album, l'homme n'en est pas pour autant à ses débuts puisqu'il sévit depuis 2022 dans le milieu très fermé du black metal underground, auteur de plusieurs démos qui ne sont pas passées inaperçues auprès des adeptes du genre et autres curieux à l'esprit aventureux appréciant les ténèbres et la noirceur.
Avec une approche directe, c'est le moins qu'on puisse, mais aussi profondément philosophique malgré la crudité dont il fait preuve, Smyrtonos entretient avec dévotion (tout est dans le titre, comme je le disais) la flamme du black metal des années 90, celui de cette époque bénie où le black était vrai de vrai, authentique, sincère et subversif. L'occultisme et le satanisme occupent comme il se doit une place prépondérante sur cet opus mais aussi, certains sujets plus sociétaux comme l'addiction ou la dépression, si bien que l'on se retrouve ici avec un ouvrage profondément ancré au cœur même des turpitudes et autres tourments de l'âme humaine. L'auditeur se doit par conséquent d'être mentalement paré à affronter de rudes tempêtes sur ce disque aux nombreux chemins escarpés et ne pardonnant pas la faiblesse.
Musicalement, nous touchons parfois au grandiose, au majestueux, avec un black très inspiré, animé d'une flamme éclairant les ténèbres. Furieusement punk sur Satanic Black Metal, une excellente entrée en matière qui annonce le fracas, ainsi que sur l'imposant Within the Layers of Time, plus long single de l'album avec ses sept minutes ; intensément thrash sur le brûlant et démoniaque Satanic Slaughter, tandis que Sacrificial Winds se pare d'une ambiance cosmique à vous filer des frissons que vous ne pourrez pas réprimer. Quant à Coldest Desolation, on y voit l'influence du Mayhem des débuts, période Deathcrush. C'est là qu'est la force de Misanthropic Flame of Black Devotion, à savoir la remarquable capacité de l'artiste à cultiver la passion du true black metal en rendant hommage à ces glorieux anciens qui ont fait vivre le style, de Sargeist à Horna en passant par Behexen, Urgehal, Gorgoroth et bien sûr le true Mayhem. Toutes ces influences nous explosent à la gueule sur cet album gorgé de haine et de désespoir absolu qui s'inscrit parmi les sorties majeures de 2024 dans le domaine du black metal old school.
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