mercredi 18 décembre 2024

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : DIX ALBUMS, EP OU DÉMOS ESSENTIELS DE DEATH METAL OLD SCHOOL FINLANDAIS


Quand le death metal déferle de Suède au début des années 90, son voisin, la Finlande, prend la vague de plein fouet. Pourtant, bien des groupes finnois vont rester sur le carreau et ne connaître qu'une courte existence en raison de l'effervescence sur la scène suédoise dont l'évolution et la domination vont aller grandissant de Stockholm à Göteborg. Un constat d'autant plus terrible que la Finlande avait clairement son mot à dire en pratiquant un death beaucoup plus sombre et malsain que la Suède grâce à des groupes au fort potentiel et qui, le temps d'un album, d'un EP ou d'une démo ont su apporter leur pierre à l'édifice. Fort heureusement, certains d'entre eux ne sont pas tombés dans l'oubli, leurs enregistrements ayant su résister aux ravages du temps au point de devenir des références absolues du death metal. Parmi ces pièces majeures passées à la postérité, en voici dix qui constituent un passage obligé pour tout passionné.

Abhorrence - Abhorrence (EP, Seraphic Decay Records, 1991) :


Le groupe fondé à Helsinki en 1989 déployait l'artillerie lourde sur cet EP avec quatre morceaux méphitiques aux guitares aussi affûtées que des couteaux. L'intro horrifique de Caught in a Vortex n'a rien perdu de son efficacité, tandis que Pestilential Mists et Holy Laws of Pain demeurent encore de nos jours de remarquables compositions cryptiques et malfaisantes que l'on peut considérer comme étant parmi les plus grands morceaux composés pour le death metal, n'ayons pas peur de le dire. Du très bel ouvrage, brutal, direct et sans concession.

Demigod - Slumber of Sullen Eyes (album, Drowned Records, 1992) :


Un immense chef-d'œuvre, il faut le dire sans détour, par un groupe qui ne fut sans doute jamais estimé à sa juste valeur. Chaque morceau est bâti sur de solides fondations, taillé dans le roc le plus dur et sans une once de pitié pour l'auditeur. Si le son faisait parfois penser à l'école suédoise, Demigod n'en possédait pas moins une identité qui lui était propre, sombre et malaisante. On trouve notamment sur cet opus un morceau d'anthologie qui n'a toujours pas pris une ride aujourd'hui, le terrifiant et majestueux As I Behold I Despise, dont les intonations et les harmonies provoquent des frissons que l'on peut difficilement réprimer. Un des plus grands albums de death metal des années 90.

Depravity - Remasquerade (EP, Adipocere Records, 1992) :


Beaucoup disent, et ils ont probablement raison, que la pièce maîtresse de Depravity est Silence of the Centuries, EP daté de 1993 et qui fut le dernier acte d'un groupe trop tôt disparu. Néanmoins, il ne faut pas oublier que les finlandais avaient déjà signé une œuvre splendide l'année précédente sous la forme d'un EP 4 titres, Remasquerade, dont le style pouvait évoquer par intermittence Morbid Angel, surtout dans les solos de guitare. La comparaison s'arrêtait néanmoins là, cette galette s'inscrivant dans la plus grande tradition du death finlandais, avec sa rythmique complexe et saccadée, son ambiance glaciale et obscure que rehaussait un clavier maléfique sur des bijoux irrévérencieux tels que The Better Be Descended... ou In Death's Embrace, dont on peut dire qu'il s'agit d'un des plus beaux morceaux composé par ce groupe pétri de talent.

Sentenced - Shadows of the Past (album, Thrash Records, 1991) :


Un bijou au style épuré, aux inoubliables solos de guitare qui donnaient un rendu très mélodique à l'ensemble (splendide morceau d'ouverture, When the Moment of Death Arrives) même si l'ambiance qui régnait sur ce disque était très cryptique. Si l'instrumentation était redoutablement efficace dans tous les compartiments, aussi bien up-tempo que mid-tempo, c'était surtout la voix puissante et régulière du regretté Miika Tenkula (décédé en 2009) qui faisait souvent la différence. Jamais on ne retrouverait par la suite une telle intensité, le groupe décidant plus tard d'abandonner le death metal pour le metal ghotique. Il nous reste heureusement ce disque hors-norme dont bien des formations se sont inspirées par la suite.

Necropsy - Indigestion (démo, 1990) :


Entre 1990 et 1992, Necropsy, fondé à Lahti en 1987, publia pas moins de six démos. La troisième, Indigestion, commençait par une intro instrumentale toute gentillette avant un déferlement de violence. Chacun des huit morceaux était une ode à la décomposition, un reflet putride de l'humanité que le groupe revendiquait en s'essayant à un death particulièrement brutal, gore et fétide où Autopsy et Abhorrence étaient invités à la table des convives. On aurait envie de dire, à l'écoute de cette démo, que le death de Necropsy était tout simplement dénué d'âme et qu'il était livré tel quel, à l'état brut, décharné et désincarné et pourtant, d'une grande créativité pour l'époque. À défaut de venir du cœur, c'était finalement des tripes que sortait ce death.

Funebre - Children of the Scorn (album, Spinefarm Records, 1991) :


Tout a déjà été dit sur cet album de génie. Alors, ne tournons autour du pot : c'est l'un des plus grands albums de death metal des années 90, tout simplement, par l'un des tous premiers groupes finlandais à avoir percé, bien qu'il ne vécut que trois petites années et bien que cet opus soit le seul qu'il ait enregistré. Et quel opus ! Pas d'artifice, pas de fioriture, pas d'agrément, c'était une mise à nu sur chaque morceau, avec des vocaux à vous filer la chair de poule, une batterie martelant sans cesse comme si le batteur mettait à chaque fois sa vie en jeu, des guitares stridentes, hurlant à la mort, dans un style agressif, une ambiance pesante, suffocante et délétère, presque toxique. Chacun des dix titres qui composent cet album est à mettre au panthéon du death.

Purtenance - Member of Immortal Damnation (album, Drowned Records, 1992) :


Sans surprise, la noirceur est omniprésente sur le premier opus des finnois. Mais alors, qu'est-ce qui en fait un disque à part et une œuvre majeure du death scandinave ? Sans doute ses passages lourds, glaçants comme l'hiver du grand nord, à moins que les mélodies, telles des sentiers tortueux, aient exercé sur nous une sorte de transe hypnotique et que des fantômes d'un autre âge soient venus hanter nos nuits et envahir notre esprit. Le malaise que l'on ressent est encore plus prégnant sur les incontestables réussites que sont les morceaux In the Misty Morning ou Reality Isn't Disappeared. On pardonnera du coup la qualité plus que douteuse de la production tant l'ambiance du death à la la finlandaise est ici parfaitement restituée.

Interment - Life Here After (EP, ComeBack, 1991) :


Quand Samppa Haapio quitte Funebre en 1990, il décide de se consacrer pleinement à son autre projet, Interment. C'est sur un EP 3 titres paru en octobre 1991 sur le petit label ComeBack, basé à Turku, que le groupe dévoile tout son potentiel. Portés par un chant d'outre-tombe qui effraierait même les plus téméraires, les morceaux révèlent des rythmiques très nerveuses et oppressantes sur lesquelles la guitare sait s'exprimer clairement sans noyer les vocalises très basses de Samppa. Il en résulte un EP très noir et très macabre, agrémenté de cette sauce finlandaise reconnaissable et donnant un goût très prononcé. Voici un groupe qui aurait sans doute pu avoir plus de reconnaissance s'il avait duré longtemps.

Convulse - World Without Gods (album, Thrash Records, 1991) :


Un cuirassé paré pour toutes les tempêtes. Voilà ce qu'était Convulse au début des année 90 avant qu'il ne vire salement vers le death 'n' roll vers le milieu de sa carrière puis finalement, le death/prog. Le 13 septembre 1991, le combo balance un brûlot à la face du monde sous la forme de ce premier album contenant dix morceaux d'un death intransigeant, rugueux et vindicatif, qui va puiser son inspiration aussi bien chez d'autres formations finnoises comme Purtenance, Funebre ou Demigod, que chez les suédois de Dismember ou les britanniques de Bolt Thrower (sans doute pour y trouver une ambiance guerrière que l'on ressent bien sur ce disque). Le côté glauque des compositions, la lourdeur et les distorsions passagères font le reste pour faire accoucher ce groupe d'un grand disque de death metal.

Putrid - God Forsaken (EP, After World Records, 1992) :


On embarque ici dans un trip différent avec un groupe qui aimait beaucoup faire du death aux sonorités doomy. Sur le seul EP de leur carrière (sous le nom de Putrid, avant qu'ils ne changent pour God Forsaken), les quatre finlandais nous livraient un death bien lourd, lent et très typé, les guitares accordées bas pour justement renforcer l'impression de lourdeur et de malfaisance. Du death bien baveux qui laisse volontairement son gras dépasser du bide avec une bonne dose d'insolence.

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