jeudi 9 janvier 2025

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : VENODEATH - CHAINSAW CARNAGE


Blottie dans le Golfe de Finlande, dans la région de la Vallée de la Kymi, à l'est d'Helsinki, Hamina est une bourgade d'environ vingt mille habitants à l'histoire mouvementée. Dévastée par les armées russes en 1712 puis, reconstruite et fortifiée dans les années 1720, la ville, bordée de forêts et de terres agricoles, a su garder malgré tout son charme d'antan avec ses petits quartiers historiques dont certains bâtiments datent du dix-huitième siècle. Réputée pour son port maritime, le plus grand du pays, la ville possède un des trois centres de données européens de Google que je tiens à remercier, au passage, pour tous les renseignements fournis, votre serviteur n'ayant jamais mis les pieds dans cette localité, ni même en Finlande.

Maintenant que les présentations sont faites, entrons dans le vif du sujet. La Finlande, comme vous le savez, n'est pas qu'un pays réputé pour ses forêts boréales, ses milliers de lacs ou son Père-Noël. Elle est aussi, dans le registre musical, une terre fertile de death metal où les origines du genre remontent au milieu des années 80. D'abord dans l'ombre de son voisin suédois, la scène underground finnoise s'est développée et émancipée de cette figure tutélaire, finissant par voler de ses propres ailes grâce à des groupes locaux qui font toujours l'objet d'un culte de nos jours. C'est à Hamina que naquit en 2007 une de ces nombreuses formations, Venodeath, sous l'impulsion de trois gamins qui étaient sans doute de la région bien que le voile du mystère les entoure. Les archives du metal sont d'ailleurs dans l'incapacité de nous dire à quel période a disparu le trio (peut-être l'année même de sa fondation), si ce n'est qu'il s'est rebaptisé à un moment donné sous le nom d'Old Crucifix et qu'il serait toujours en activité aujourd'hui, ce que je veux bien croire. En guise de preuve de son existence physique, subsiste une photo, une seule, montrant trois types dans la pénombre, vêtus de blousons en cuir, jeans et baskets, le visage caché par leur longue chevelure. Un rayon de soleil, à l'arrière-plan sur un mur fait de tôles, montre qu'il faisait sans doute beau ce jour-là à Hamina (si la photo a bien été prise là-bas).

Venodeath n'a qu'un seul disque à son palmarès. Une démo 3 titres parue le 21 novembre 2007 et dont on apprend qu'elle fut tirée à soixante-cinq exemplaires au format CD-R. Ce qui est assez drôle dans tout ça est que, si l'on se réfère au descriptif donné par Metal Archives, la plus grande encyclopédie du metal sur internet, Venodeath est affublé de l'étiquette black/death, ce qui n'est pas tout à fait vrai à l'écoute des trois morceaux. Chaisaw Carnage débute par un morceau éponyme très court et très nerveux, d'environ deux minutes, qui me rappelle beaucoup Leviathan, le premier groupe de Chris Barnes (ex-Cannibal Corpse) avec son death/thrash brutal et franc du collier. S'ensuit un Poison Vomit d'une redoutable puissance, très différent de Chainsaw Carnage car, nettement plus tourné vers des influences venant clairement du punk hardcore de la fin des années 70. Enfin, la démo s'achève par un Rot in Cold Tomb donnant un peu plus raison à la description faite par Metal Archives. Il s'agit en effet du morceau le plus death de l'album, plus lent, plus lourd, moins thrash, moins punk et sans doute plus black.

Autant vous le dire, c'est grâce à l'algorithme de YouTube que je suis tombé sur ce groupe que je ne connaissais absolument pas il y a quelques jours. Ce fut une bonne surprise, je dois dire, tant je reconnais en cette obscure formation tout l'héritage précieux et indispensable de cette foisonnante scène finlandaise qui fait partie intégrante de l'histoire du death metal dans l'Europe et dans le monde, à tel point que je me suis demandé au début si cette démo datait vraiment de 2007 et non pas de 1987 ou 1988. Sa saveur n'en demeure pas moins particulière et en fait incontestablement un curieux objet qui continuera sans doute à traverser les âges jusqu'à ce que les ravages du temps l'ait altéré.

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