mardi 21 janvier 2025

CHRONIQUES DE LA FOSSE : PROFANATION - SKULL CRUSHING VIOLENCE (2023)


Le format mini-album (ou extended play si vous préférez) possède certains avantages, pas seulement financiers. Non seulement il permet de mieux cerner l'identité musicale d'un groupe et de plonger plus en profondeur dans la structure des compositions mais, je trouve aussi qu'il s'adapte bien à notre temps, dans une société où tout va plus vite, où l'on est plus soumis à un rythme qui n'est pas le nôtre avec pour conséquence d'avoir moins de temps pour écouter des albums longue durée alors que l'EP est plus court, du coup plus abordable.

Fondé il y a cinq ans à Paris, Profanation a choisi cette voie du format étendu pour nous faire découvrir son univers ultra violent. Bien que le bien nommé Skull Crushing Violence soit leur seule sortie discographique à ce jour, d'abord paru en décembre 2023 en digital, avant d'être édité en vinyle et CD par Iron Bonehead Productions en mai de l'année suivante, nous n'avons pas affaire ici à des amateurs venus de nulle part. Le lineup en béton armé se compose de musiciens aguerris qui travaillent ou ont travaillé pour de solides formations françaises telles que Venefixion, Necrowretch, Regarde les Hommes Tomber, Goatspell et Sépulcre, sans oublier les australiens de Deströyer 666 (dont fait partie Kev Desecrator, le guitariste). Une telle ribambelle de "crache-le-feu" ne pouvait s'allier que dans la malfaisance la plus totale, chacun apportant sa petite touche personnelle de par le milieu musical auquel il touche (ou a touché) dans les groupes précités. Death metal, black metal, sludge metal et même punk, tout est passé à la moulinette, mâché, mastiqué, recraché, ravalé et vomi en toute insanité pour accoucher finalement de cet EP.

Il n'y a pas de compromission ici, pas de compassion pour quiconque, pas un pouce de terrain cédé. Essayez simplement d'imaginer les membres du groupe aux commandes d'un char blindé qui progresse inexorablement au milieu d'un champ de bataille jonché de cadavres, écrasant les corps, les réduisant en bouillie, pulvérisant les os jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que de la poudre que le vent diffuse dans les airs. C'est à peu de choses près cet effet-là que va vous faire ce mini-album. Là, quelque part entre la crasse sans limite des américains de Repulsion, la brutalité féroce des finlandais de Concrete Winds ou les blasphèmes véhéments d'Antichrist Siege Machine, là où le metal extrême (le terme n'étant ici pas usurpé) rencontre l'insolence et la sauvagerie du punk le plus primitif, vous trouverez Profanation. Tantôt d'une agressivité ne se cachant pas derrière les apparences (comme sur Global Terror ou Profanation), tantôt chirurgical comme un professionnel magnant le scalpel (Modern Sickness), tantôt punk/hardcore (l'énervé Graveyard Stomp), tantôt plus proche d'un death sincère ancré dans ses racines (comme sur le sublime et terrifiant Skull Crushing Violence), le combo parisien ne s'essouffle jamais, distribue les coups comme un boxeur infatigable, nous servant une soupe épaisse, consistante, sous la forme d'un pur concentré de death/punk qui tient à l'estomac et vous maintient au chaud pour un long moment. Pour ceux qui cherchent des sensations fortes, Profanation est votre sauveur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire