vendredi 17 janvier 2025

CHRONIQUES DE LA FOSSE : PORTA DAEMONIUM - SERPENT OF CHAOS (2016)


Depuis la nuit des temps, pour ainsi dire, l'Amérique du Sud s'est toujours employée à repousser un peu plus loin les limites de l'extrême dans le domaine du death metal en y incorporant de multiples éléments venant aussi bien du thrash metal que du black metal. Bien des groupes du continent sud-américain s'engagèrent dans la saillie laissée par Sepultura, Sarcofago et Vulcano, notamment au Chili qui allait devenir un des foyers les plus actifs du metal extrême. Porta Daemonium sortit du bois en 2011, bien décidé à apporter sa contribution à cette scène survoltée et subversive.

Toujours en activité aujourd'hui, le groupe de Santiago nous a pour le moment légué un album, Serpent of Chaos, paru le 12 mai 2016 chez Iron, Blood and Death Corporation. De prime abord, et sans grande surprise, on retrouve sur ce disque tout ce qui fait la spécificité et la malfaisance du death metal old school sud-américain. La voix très basse et très gutturale du chanteur, le dénommé Avitchi (qui n'appartient plus au groupe de nos jours) se pose sur des rythmiques à la fois rapides et syncopées selon les morceaux. Porta Daemonium, par exemple, s'attache à gratifier la grande tradition du blackened death de la vieille école comme les formations sud-américaines savent si bien le pratiquer, tout comme To the Left of God, tandis que nous entrons en territoire un peu plus doomy sur A las primordiales serpentes del caos, seul morceau chanté dans la langue de Cervantès. Jusque-là, rien de nouveau, la solidité des compositions étant largement à la hauteur pour compenser l'effet de déjà entendu.

En revanche, le groupe parvient à nous surprendre en déguisant son death metal sous un aspect plus abrupt et bourru sur d'autres morceaux. Ainsi, quand la batterie se fait plus véloce et plus agressive, c'est tout près des frontières du brutal death metal, voire slamming, que nous nous retrouvons à l'écoute des titanesques monolithes de douleur et de ténèbres que sont Via Sinistra, The Blood of the Dark Madness et The Apep's Chaotic Dreams. Très à l'aise dans tous les registres, le groupe se permet même de refermer l'opus par un Under the Sigils of the Fallen Angels dans lequel il mélange toutes ses influences, du death, au black en passant par le doom. Inutile de vous préciser que l'ambiance qui règne dans ce labyrinthe est évidemment très sombre, délétère, les incantations occultes proférées par le vocaliste y étant sans doute pour beaucoup. L'on obtient au final un album qui, bien qu'étant typique de la scène chilienne dans son apparence, révèle des sentiers cachés qui le rendent attractif dans sa conception.

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