mardi 14 janvier 2025

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : TORTURE ETERNAL, VERMINOUS, OU LE CÔTÉ SCABREUX DU DEATH SUÉDOIS


La Suède a toujours été considérée, fort justement, comme le berceau du death mélodique avec des groupes comme Edge of Sanity, à la fin des années 80, puis In Flames, Dark Tranquillity et At the Gates qui popularisèrent le genre aux débuts des années 90. Cependant, pour d'autres formations de ce pays, le death de Göteborg, comme on avait coutume de l'appeler en référence à la ville où le style s'est le plus développé, était loin d'être une priorité. Leur but était clairement de privilégier une approche moins orthodoxe, plus frontale et plus fidèle aux origines stylistiques du death venant du thrash, du hardcore et du black metal de la vieille école. C'est un peu par hasard, au fil de mes pérégrinations sur la toile, que j'ai découvert deux formations du début des années 2000 qui, durant un temps, ont perpétué à leur manière cette tradition du death metal le plus extrême forgé dans les années 80.

Torture Eternal apparut en 2003 dans une localité de Suède située dans la banlieue nord de Stockholm. Certains membres du groupe possédaient déjà une bonne expérience de la scène metal extrême, notamment Rikard Bjernegård, le chanteur, qui depuis la fin des années 90 traînait dans le milieu fermé du black metal underground. En 2005, le quatuor fit paraître ce qui allait être son seul et unique album, Mentally Killed Before the Birth. De son introduction aux sonorités industrielles jusqu'au dixième et dernier morceau, l'opus était un gros rouleau-compresseur au rythme très soutenu, froid et agressif, typiquement dans la tradition old school fin années 80, début années 90, qu'un chant menaçant et lourd rendait plus malsain encore. L'influence de la scène américaine de Tampa n'était jamais loin sur certains morceaux, comme Alone in Hell Cold, Fuck You et Christianity Denied (grosse inspiration venant des premiers enregistrements de Massacre notamment), même si le groupe était capable de nous surprendre en ralentissant le tempo (Grey Distorted Playgrounds, The Last Gate of Despair), nous entraînant alors au cœur d'un amplificateur de douleur réglé au maximum de ses capacités. L'album dans son ensemble dégageait une telle dureté, une telle rugosité, qu'il était ensuite difficile d'y retourner sans s'être permis un temps de récupération. Une démo du même acabit suivit l'année d'après avant que le groupe ne s'éteigne.


Durant à peu près la même période, en 2002 pour être précis, Verminous apparut dans le sud de la Suède sur les rivages de la Mer Baltique. Né des cendres d'une formation de death metal prénommée Delve, Verminous fut dès ses débuts déterminé à faire trembler les murs avec son death ultra agressif aux racines thrash, proche de formations comme Repugnant, Bastard Priest mais aussi Grave période Corpse. 2003 fut, on peut le dire, la grande année, la plus prolifique en tout cas, de Verminous, avec d'abord un EP sulfureux, Smell the Birth of Death, extrêmement brutal et corrosif, suivi la même année d'un premier opus, Impious Sacrilege, paru le 15 juillet chez Xtreem Music (alors que l'EP était sorti via Nuclear Winter Records). Le quatuor n'amusait pas la galerie. Au-delà du pur aspect musical, violent, vindicatif et brut de décoffrage, son but était clairement de choquer l'opinion en agitant le thème du sentiment anti-religieux. D'ailleurs, Verminous n'hésita pas à pousser plus loin cette rhétorique en dévoilant des pochettes d'albums allant droit au but, notamment sur son second opus, The Unholy Communion, où l'on pouvait voir sur l'artwork une version revisitée de la Cène avec un Jésus et des apôtres comme zombifiés, crachant du sang. L'album sortit en 2013 après un hiatus de huit ans durant lequel le chanteur dût soigner des problèmes d'audition. Ce fut l'un des derniers méfaits du combo suédois avant sa disparition définitive.

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