Certains groupes de death metal vont vous dire que telle ou telle formation a été pour eux une influence majeure pour la conception d'un album. D'autres, en revanche, n'auront pas besoin de le faire tant il sera aisé pour l'auditeur de savoir vers quelle source d'inspiration ils se sont tournés, rien qu'à l'écoute. C'est l'évidence même des choses chez Skulmagot, nous allons y revenir mais, d'abord commençons par les présentations d'usage. Deux copains d'Helsinki, Jaakko Forsman et Ulti-Make, ont fondé le groupe au début de l'année 2015 dans les bas-fonds de la capitale finlandaise. Les deux gars avaient déjà une solide expérience derrière eux puisque le premier avait fait partie en 1999 d'un groupe de death metal de la scène locale appelé Buried Alive, tandis que le second a passé dix ans, entre 2004 et 2014, avec un combo du nom de Tukkanuotta qui a sorti quatre EPs et dont il était le vocaliste.
En octobre 2015, Skulmagot se lance dans l'arène en dévoilant un EP entièrement auto-produit, Fascinated by Disgust. Le groupe y plante un décor simple sur fond de death metal old school à la Cannibal Corpse, période The Bleeding, dont les influences sont facilement reconnaissables sur ce premier essai discographique. Vous imaginez bien que les fans inconditionnels de la légendaire formation de Buffalo vont faire à cet EP un accueil chaleureux qui va permettre à Skulmagot de se faire un nom. Il n'en fallait pas plus aux finlandais pour se remettre au travail. Sous l'impulsion d'un label hongrois dont ils obtiennent le soutien, Old Skull Productions, ils dévoilent trois ans plus tard leur premier opus, Skulled to Death.
N'y allons pas par quatre chemins. Du premier au dernier morceau (l'album en compte huit en tout pour une durée totale d'écoute estimée à environ trente minutes), Skulled to Death sent le Cannibal Corpse à plein nez, à tel point que plusieurs compositions, comme Cum Culprit, par exemple, ou encore Furnace Tan et Terror Barn, nous ramène vraiment au CC des débuts, période Eaten Back to Life, Butchered at Birth, Tomb of the Mutilated et bien sûr The Bleeding, sans doute la plus grosse influence des finlandais, comme précisé plus haut. D'une manière plus générale, Skulmagot ne cache pas son admiration pour le death metal américain des années 90 et 2000, pas seulement Cannibal Corpse mais aussi, Torture Rack, pour des influences plus récentes, des morceaux comme Old Boy ou Body Varial Error pouvant évoquer dans leur approche le groupe de Portland, période 2015, sur l'album Barbaric Persecution. Ce sentiment est bien entendu renforcé par les thématiques abordées par le duo d'Helsinki, allant de la mort à la torture, en passant par le cannibalisme et autres thèmes horrifiques réjouissants.
Les plus exigeants verront sans doute dans cet album quelque chose qui sent le réchauffé et se diront que l'écouter fut plus une perte de temps qu'autre chose. Personnellement, je ne vois pas les choses de cette façon. Le fait que le groupe ait ouvertement revendiqué ses influences, sans faire de détour, est pour moi une preuve de sagesse et d'authenticité qui rend Skulled to Death remarquable à l'écoute sans pour autant en faire un chef-d'œuvre absolu du death metal old school. C'est là tout simplement la marque d'un groupe avant tout respectueux du genre et de ceux qui ont été pour lui une grande source d'inspiration, ce qui semble au bout du compte largement suffisant pour faire de Skulled to Death un opus attractif dont vous auriez tort de passer à côté.
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