CORPSE, AUX ORIGINES DE GRAVE.
Grave a porté bien des noms avant que sa première démo, Sick Disgust Eternal, parue en 1988, ne l'entraîne sur le devant de la scène death metal suédoise. L'un des plus connus est sans conteste Corpse. Déjà inséparables à l'époque, Jörgen Sandström, Ola Lindgren et Jensa Paulsson montent ce groupe en 1986 à Visby, sur l'île de Gotland, avec la collaboration de Jügge Oi qui en devient le bassiste. À part ce dernier, les trois autres membres utilisent des pseudonymes. Sandström se fait appeler Knot, Lindgren est Necro, tandis que Paulsson s'est octroyé le nom de Death. La même année, tout ce petit monde s'enferme pour enregistrer trois morceaux. Le fruit de ce labeur va donner en 1987 Black Dawn, une démo composée de trois titres édités au format cassette. Moi qui n'avait encore jamais écouté cette œuvre, je me suis empressé de la découvrir avec une certaine excitation car, je vous l'avoue, je suis un grand admirateur de Grave que j'ai toujours considéré, à titre personnel, comme l'un des plus grands groupes de death metal scandinave, j'irais même jusqu'à dire un des plus grands groupes de death de tous les temps. À la première écoute, il est intéressant de constater à quel point les trois morceaux sont orientés vers le thrash. Surprenant ? Pas vraiment, étant donné qu'au milieu des années 80, le death metal commence à peine à émerger et possède un lien très fort avec le thrash, lien qui va se distendre progressivement à partir de 1987 lorsque que des formations comme Death, Necrophagia, Macabre ou Necrodeath vont dévoiler leurs premiers ouvrages. Il n'en demeure pas moins frappant de noter que Corpse et Grave n'ont pas l'air d'avoir grand chose en commun, musicalement parlant en tout cas. En effet, que ce soit sur Life in Disgrace, Rise Again ou le morceau éponyme Black Dawn qui ouvre la démo, le groupe s'amuse beaucoup à faire de courtes introductions à la Slayer très caractéristiques des riffs employés par la célèbre formation de Huntington Park. Certains diront également que le Sepultura des débuts n'est pas très loin. Après tout, le premier opus des brésiliens, Morbid Visions, sortait en 1986. Corpse aurait très bien s'en inspirer tant les similitudes apparaissent évidentes entre cet album et la démo des suédois. Au niveau du chant, Jörgen Sandström révélait déjà de remarquables qualités, rappelant dans certaines intonations celui de Thomas Such (Sodom). Mais surtout, les growls de Sandström, dont l'étonnante capacité était de rendre son chant très audible au final, ne laissait planer aucun doute sur le fait que Corpse s'aventurait bel et bien vers le death metal en parvenant à créer une ambiance très malsaine typique des productions de metal extrême que l'on voyait sortir durant cette période, à tel point que nombre d'auditeurs émettent, sans doute à juste titre, l'hypothèse selon laquelle Corpse serait le premier groupe de death metal apparu en Suède, bien que d'autres considèrent que Nihilist (qui deviendra Entombed) ait la cote. Éternel débat qui ne changera rien au fait que Black Dawn était à n'en pas douter précurseur de quelque chose.
CRIMSON THORN RESTAURÉ SUR "UNEARTHED".
Crimson Thorn naquit à Minneapolis en 1991. Trois ans plus tard, le label Atomic Records édita leur premier album intitulé Unearthed. Trente années se sont écoulées depuis cette parution et force est de constater que même si l'opus apparaît comme étant toujours aussi abouti musicalement, la qualité sonore a quant à elle très mal vieilli. Plutôt que de laisser cette œuvre agoniser lentement face aux ravages du temps, un label basé à Dallas, Texas, Rottweiler Records, s'est mis dans l'idée de procéder à un remastering et à un remixage de l'album sous l'impulsion d'un producteur nommé Charles Powell, directeur de Battlefrost Productions. Une initiative bienvenue qui hérissera sans doute les poils de certains puristes estimant que l'œuvre originale n'aurait jamais dû être retouchée afin de préserver son aspect old school. Pour ma part, j'estime qu'il était sans soute nécessaire que ce travail soit accompli afin d'envisager Unearthed sous un nouveau jour, d'autant plus que je trouve la tâche très réussie. Le son apparaît incontestablement plus clair, et ce dans tous les domaines, sans que la copie originale soit dénaturée pour autant. On peut notamment mieux apprécier les vocalises très basses du chanteur Luke Renno, toujours dans le groupe aujourd'hui puisqu'il semblerait bien que Crimson Thorn soit toujours actif bien qu'il n'ait plus sorti d'album depuis 2002. Pour ceux qui ne connaissent pas la formation américaine, vous allez découvrir sur cet opus de onze titres un death metal très largement influencé par les groupes de la vieille école, de Cannibal Corpse à Dying Fetus (très forte influence au niveau du chant pour ce dernier), en passant par Morbid Angel et même des choses plus modernes comme Aborted, sans oublier la première vague du brutal death metal. Tout cet apanage aura permis finalement à Crimson Thorn de se faire une place de choix sur la scène death ô combien prolifique du milieu des années 90. Cela valait bien ce travail de restauration donnant une nouvelle vie à un disque dont il eut été fort regrettable qu'il tomba dans l'oubli.
"UNHOLY CULT", VINGT-DEUX ANS DÉJÀ...
J'ai peine à croire que Unholy Cult, cinquième album studio d'Immolation, sortait il y a vingt-deux ans, le 28 octobre 2002. C'était l'année et le mois où je rentrai dans la boîte dans laquelle je travaille toujours aujourd'hui. Bon sang, ce coup de vieux que je prends. Unholy Cult, lui, ne vieillit pas. Quand je le réécoute, j'ai le sentiment de le redécouvrir à chaque fois sous un nouveau jour comme s'il me révélait seulement maintenant des secrets si bien gardés que je n'en soupçonnais même pas l'existence. J'ai même l'impression que cet album était en avance sur son temps. C'était du death, bien sûr mais, pas dans les convenances. Chaque morceau dégageait une brutalité qui lui était propre, d'une clarté absolue mais, avec un petit truc en plus qui rendait la structure d'une rare complexité, au point que certains auditeurs se sont sans doute sentis rejetés par cet album. C'était le début des années 2000 et l'on sentait bien que Dolan et Vigna, les deux maîtres à penser du cuirassé de Yonkers, étaient désireux de franchir un nouveau cap dans leur approche en bâtissant quelque chose de différent par rapport à Failures for Gods (1999) ou Dawn of Possession, leur œuvre fondatrice. Il me semble, en effet, que Unholy Cult ait donné un nouveau sens à leur travail acharné de par son côté plus progressif, notamment sur le morceau qui a donné son titre à l'album, morceau long à lui seul de huit minutes et qui montrait bien cette volonté du groupe d'entamer un nouveau chapitre, sans compter le fait qu'il était à l'époque dans une période de créativité très intense puisque l'album Close to the World Below suivait d'un peu plus d'un an Failures for Gods et que Unholy Cult est arrivé à peine deux ans après. Chaque album d'Immolation possède un marqueur, une identité qui lui est propre. Si la réussite ne fut pas toujours au rendez-vous (Kingdom of Conspiracy en 2013 par exemple, cela restant bien sûr mon avis personnel), Immolation a toujours possédé cette édifiante qualité de nous surprendre à chacune de ses sorties. Vingt-deux ans plus tard, Unholy Cult a su garder un appareillage qui en fait un album majeur du death metal des années 2000.
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