Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.
Ancient - Eerily Howling Winds (1993) :
En des temps immémoriaux où il allait asseoir sa légende à tout jamais, Ancient, alors emmené par Aphazel et Abyssus, posait les fondations de son black metal mélodique sur cette première démo passée à la postérité. Le premier assurait avec brio une section rythmique soutenue et inspirée, tandis que le second posait sa voix maléfique sur des mélodies sombres et planantes portées par des chorus touchant au sublime, notamment sur le morceau qui donnait son titre à la démo. L'authenticité et le côté subversif du black metal de la seconde vague, servie ici dans les aspects les plus distordus de ses harmonies, n'avaient plus qu'à fournir le carburant essentiel pour que le moteur tourne à plein régime et le tour était joué. Une des plus grandes démos de BM de l'époque, toujours au sommet plus de trente ans plus tard.
Putrefaction - Inside the Crypt (1994) :
Restons en Norvège avec un groupe de death metal entouré d'un voile impénétrable de mystère puisqu'on ne connait ni sa date de fondation, ni sa date de disparition et encore moins ce qui est arrivé à son vocaliste, décédé à une date inconnue dans des circonstances qui le sont tout autant. Plus étrange encore, cette seule démo laissée en héritage comporte six morceaux sans titre, simplement numérotés. Ce que l'on sait, en revanche, est que tout cela fut enregistré en 1993 dans un village du nom de Skoppum dans le comté de Vestfold et que le groupe, qui était un trio, pratiquait un superbe death metal, lugubre et soutenu, porté notamment par une section rythmique très lourde résolument ancrée dans le son scandinave (en particulier finlandais) qu'on entendait à cette époque. Une démo d'une malfaisance terrifiante par un projet qui semblait apprécier son errance dans les brumes de l'underground. À écouter impérativement.
Cerebral Hemorrhage - Demo 1999 (1999) :
Alors que le label Comatose Music vient de rééditer dans une version restaurée Exempting Reality, l'album culte (le seul à ce jour) sorti en 2001 chez Mutilated Records, c'est l'occasion idéale de se replonger dans les débuts du groupe new-yorkais en se repassant dans les conduits auditifs la démo sortie deux ans plus tôt. Tous les ingrédients qui feront le succès de Cerebral Hemorrhage étaient déjà sur ces quatre morceaux jouissifs de brutal death metal livré à l'état pur. Des influences hardcore de Amongst the Tombs au death charnu d'un Dying Fetus des débuts sur Rejoice of the Brutal, en passant par les breakdowns à décorner les bœufs de Sacrilege et les rythmiques old school d'un Resulting in Homicide proche d'Internal Bleeding et d'Eternal Suffering, le groupe distribuait les mandales en y mettant l'art et la manière, donnant au genre ses lettres de noblesse. Une performance rarement égalée depuis.
Threnodist - The Vomitous Demo (1991) :
Les archives du metal nous montre une photo sur laquelle trois gamins prépubères au regard menaçant, dont deux portant une cassette retournée, prennent la pose dans un cimetière rempli de verdure, une grande croix juste derrière eux. On a du mal à croire que ces gosses, dont l'un d'eux n'est autre que Dario J. Derna, toujours actif aujourd'hui dans ses deux gros projets, Krohm et Ritual Chamber (et qui passa aussi par Evoken, Funebrarum et Drawn and Quartered) allait pondre trois ans plus tard un des plus grands et plus brutaux albums de death metal de tous les temps, To the Depths, in Degradation, sous le nom d'Infester. Ce qui est remarquable ici est que l'on retrouvait déjà sur The Vomitous Demo des éléments qui allaient constituer la sève de cet album culte. Tout dans les arrangements et les structures était bâti sur un socle solide et puisé dans ce que le death metal avait de plus malsain et glauque, à tel point qu'on a l'impression d'entendre un groupe qui semblait avoir des années d'expérience derrière lui alors qu'il ne s'agissait que d'un premier jet lancé à la face éberluée du monde. On touche vraiment ici à quelque chose tenant du culte, un diamant noir gravé dans les annales du genre.
Genital Putrefaction - The Inside Anxiety of Soul (Rock'n'Roller, 1992) :
Derrière ce nom d'une poésie à se damner officiait un groupe polonais qui s'installa par la suite à Berlin où il réside toujours aujourd'hui dans ses activités malgré deux séparations, dont une survenue tôt, en 1993, juste après la parution de cette démo (qui était leur troisième). Sur ces cinq morceaux, tous les ingrédients étaient réunis et parfaitement agencés pour la pratique d'un brutal death metal efficace et sincère qui n'hésitait pas, sur certains passages, à s'aventurer vers des territoires grindcore sans pour autant dénaturer l'aspect purement brutal et direct de la chose. L'agressivité n'en était au final que plus mise en avant mais, une agressivité maîtrisée donnant un vrai style, bestial et authentique, à cet objet.
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