Il y a dix ans, Ravage Cérébral débutait son aventure sur la toile. Le site s'intéressait à l'actualité du metal dans son ensemble, du heavy au death en passant par le thrash, le black, le grindcore et même le punk et le hardcore, avant de se spécialiser bien plus tard dans le death metal à part entière, style musical qui a pris une place prépondérante dans ma vie. Au cours de cette décennie, il y eut des hauts, des bas et même parfois des coups d'arrêt au point que le site connut des périodes durant lesquelles il resta inactif, notamment entre avril 2020 et janvier 2022. Cependant, la passion a fini par reprendre le dessus, la flamme s'est rallumée sous les braises, ce qui a permis à Ravage Cérébral de repartir pour une nouvelle aventure. Dix ans, ça commence à devenir du sérieux pour un site musical perdu dans la masse et que je ne destinais pas à une carrière aussi longue, d'autant plus que je ne gagne pas un kopeck à faire cela, ma passion pour le death et mon soutien indéfectible à la scène underground étant mes seuls moteurs. Mais, au fait, que se passait-il sur la scène death metal il y a dix ans ? Quels étaient les albums majeurs ? Ravage Cérébral a fait le tri et en a retenu dix qui ont marqué cette année 2015.
Pissgrave - Suicide Euphoria (date de parution : 4 août 2015, Profound Lore Records) :
Un must have pour tout fan de deathgrind typé old school. Tourmenté, nihiliste, rugueux et malsain jusqu'à sa pochette de légende, reconnaissable entre toutes. Le groupe de Pennsylvanie signait tout simplement un des albums les plus violents de cette année-là et n'ayant rien perdu de sa puissance et de son côté subversif dix ans plus tard. L'expérience d'écoute vous remue les tripes au plus profond et vous change à tout jamais. Un album inoubliable à ranger sans hésiter parmi les meilleurs de son époque.
Cruciamentum - Charnel Passages (date de parution : 4 septembre 2015, Profound Lore Records) :
Profound Lore Records était très en vue il y a dix ans. Le label canadien frappait un nouveau grand coup en sortant le premier album du combo anglais. Un disque sous la forme d'un uppercut, aux sonorités très lourdes, où se mélangeaient death, black et doom, le tout dans une ambiance sombre, glaciale et oppressante. Et dire qu'il faudra ensuite attendre huit ans, après ce chef-d'œuvre, pour que le groupe sorte un nouvel opus.
Undergang - Døden læger alle sår (date de parution : 10 juillet 2015, Dark Descent Records) :
Un des disques majeurs de l'année 2015, troisième album d"un groupe qui n'avait déjà plus rien à prouver tant il dominait outrageusement le créneau du death metal brutal et sans concession sur des morceaux tranchants comme des lames de rasoirs. Plus de quinze ans après sa création, Undergang demeure une référence absolue du death metal européen.
Desolate Shrine - The Heart of the Netherworld (date de parution : 13 janvier 2015, Dark Descent Records) :
Les finlandais étaient les maîtres absolus pour dépeindre des atmosphères dignes des plus grands tableaux de la mythologie. Les structures complexes et labyrinthiques des compositions rendaient l'expérience d'écoute unique en son genre, portées par un death metal dégageant une force de frappe écrasante. Chaque morceau de cet album est un voyage à l'intérieur de soi, une aventure mouvementée dont il est difficile de sortir indemne. Desolate Shrine enfonçait le clou sur ce troisième chapitre prenant et intemporel.
Iniquitous Deeds - Incessant Hallucinations (date de parution : 31 mai 2015, New Standard Elite) :
À mes yeux, la plus belle réussite de l'année 2015 dans le domaine du death technique. Brutal, massif, d'une précision chirurgicale, avec des morceaux tous plus réussis les uns que les autres où se croisaient Defeated Sanity, Inherit Disease, Deeds of Flesh, Embodied Torment et Brodequin. Je vous laisse imaginer le résultat de cette mixture si vous n'avez pas encore écouté cette œuvre majeure et malfaisante qui ne pardonne pas la faiblesse. Un album sans la moindre pitié qui n'hésitera pas à vous piétiner si vous perdez l'équilibre.
Amputory - Ode to Gore (date de parution : 10 mai 2015, Xtreem Music) :
Premier et seul album des finnois à ce jour, sur lequel ils montrent leur dextérité dans la pratique d'un death classique en apparence mais, capable aussi de s'aventurer vers des sonorités plus contemporaines. Bref, du gros death baveux et efficace soutenu par des musiciens d'expérience (avec des membres de Pestigore notamment) complémentaires les uns des autres et qui savent parfaitement où viser pour porter les coups les plus rudes.
Torture Rack - Barbaric Persecution (date de parution : 24 août 2015, Headsplit Records) :
Premier album de l'entité maléfique de Portland avec bien sûr Tony et Jason de Witch Vomit impliqués dans cette histoire, sans oublier Seth Traver de Cemetery Lust et Hemorrhoid. Tout est passé à la moulinette sur cet opus inaugural, death, thrash, black, grind, pour donner un mélange gouleyant de metal cryptique et insalubre, barbare et primitif, qui allait devenir la marque de fabrique des américains sur les albums suivants. Un disque qui permit à Torture Rack d'entrer dans la cour des grands en fracassant la porte.
Triumvir Foul - Triumvir Foul (date de parution : 11 décembre 2015, Blood Harvest) :
Une œuvre d'une noirceur terrifiante qui vous écrase et vous compacte comme si vous étiez coincés dans une benne à ordures. Voilà ce qu'était ce premier album du combo de l'Oregon. Il n'y régnait que mort et ténèbres avec un petit arrière-goût prononcé pour l'occultisme qui renforçait l'ambiance délétère et corrompue de ce pur bijou de death metal moderne côtoyant le black. Un coup de maître pour un premier essai.
Remains - Evoking Darkness (date de parution : 26 février 2015, indépendant) :
Retour aux bases avec ce second opus des mexicains qui s'inscrivait dans une veine très old school qui était propre à ce groupe, en tant que digne représentant du genre. Chacun des dix morceaux qui composent la galette était tout simplement un hymne à la vieille école du death, une déclaration vraie, sincère, respirant l'authenticité et les années 90. Du pur death metal, non dilué, et comme seule l'Amérique latine pouvait nous en faire.
Putrevore - Tentacles of Horror (date de parution : 10 octobre 2015, Xtreem Music) :
On termine par un classique du genre, projet parallèle de deux artistes mondialement réputés qu'on ne présente plus, Dave Rotten (Avulsed) et Rogga Johansson. L'influence d'Avulsed, mais aussi celle de Rottrevore, de Purtenance mais aussi, Incantation, se fait ressentir sur cet excellent troisième opus, travaillé jusqu'à l'os, entre tradition et modernité, le tout baignant dans l'atmosphère gore, horrifique et putride dans laquelle les deux lascars puisent leur inspiration. Impossible à l'époque de passer à côté de cet album jouissif, emballant et délicieusement morbide.
Mentions honorables :
Obscure Infinity - Perpetual Descending into Nothingness (16 janvier 2015, F.D.A. Records).
Abyssal - Antikatastaseis (23 juin 2015, Profound Lore Records).
Ghoulgotha - The Deathmass Cloak (13 janvier 2015, Dark Descent Records).
Vastum - Hole Below (6 novembre 2015, 20 Buck Spin).
Gruesome - Savage Land (17 avril 2015, Relapse Records).