lundi 6 janvier 2025

DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE RAVAGE CÉRÉBRAL : LES DIX MEILLEURS ALBUMS DE DEATH METAL DE L'ANNÉE 2015


Il y a dix ans, Ravage Cérébral débutait son aventure sur la toile. Le site s'intéressait à l'actualité du metal dans son ensemble, du heavy au death en passant par le thrash, le black, le grindcore et même le punk et le hardcore, avant de se spécialiser bien plus tard dans le death metal à part entière, style musical qui a pris une place prépondérante dans ma vie. Au cours de cette décennie, il y eut des hauts, des bas et même parfois des coups d'arrêt au point que le site connut des périodes durant lesquelles il resta inactif, notamment entre avril 2020 et janvier 2022. Cependant, la passion a fini par reprendre le dessus, la flamme s'est rallumée sous les braises, ce qui a permis à Ravage Cérébral de repartir pour une nouvelle aventure. Dix ans, ça commence à devenir du sérieux pour un site musical perdu dans la masse et que je ne destinais pas à une carrière aussi longue, d'autant plus que je ne gagne pas un kopeck à faire cela, ma passion pour le death et mon soutien indéfectible à la scène underground étant mes seuls moteurs. Mais, au fait, que se passait-il sur la scène death metal il y a dix ans ? Quels étaient les albums majeurs ? Ravage Cérébral a fait le tri et en a retenu dix qui ont marqué cette année 2015.

Pissgrave - Suicide Euphoria (date de parution : 4 août 2015, Profound Lore Records) :


Un must have pour tout fan de deathgrind typé old school. Tourmenté, nihiliste, rugueux et malsain jusqu'à sa pochette de légende, reconnaissable entre toutes. Le groupe de Pennsylvanie signait tout simplement un des albums les plus violents de cette année-là et n'ayant rien perdu de sa puissance et de son côté subversif dix ans plus tard. L'expérience d'écoute vous remue les tripes au plus profond et vous change à tout jamais. Un album inoubliable à ranger sans hésiter parmi les meilleurs de son époque.

Cruciamentum - Charnel Passages (date de parution : 4 septembre 2015, Profound Lore Records) :


Profound Lore Records était très en vue il y a dix ans. Le label canadien frappait un nouveau grand coup en sortant le premier album du combo anglais. Un disque sous la forme d'un uppercut, aux sonorités très lourdes, où se mélangeaient death, black et doom, le tout dans une ambiance sombre, glaciale et oppressante. Et dire qu'il faudra ensuite attendre huit ans, après ce chef-d'œuvre, pour que le groupe sorte un nouvel opus.

Undergang - Døden læger alle sår (date de parution : 10 juillet 2015, Dark Descent Records) :


Un des disques majeurs de l'année 2015, troisième album d"un groupe qui n'avait déjà plus rien à prouver tant il dominait outrageusement le créneau du death metal brutal et sans concession sur des morceaux tranchants comme des lames de rasoirs. Plus de quinze ans après sa création, Undergang demeure une référence absolue du death metal européen.

Desolate Shrine - The Heart of the Netherworld (date de parution : 13 janvier 2015, Dark Descent Records) :


Les finlandais étaient les maîtres absolus pour dépeindre des atmosphères dignes des plus grands tableaux de la mythologie. Les structures complexes et labyrinthiques des compositions rendaient l'expérience d'écoute unique en son genre, portées par un death metal dégageant une force de frappe écrasante. Chaque morceau de cet album est un voyage à l'intérieur de soi, une aventure mouvementée dont il est difficile de sortir indemne. Desolate Shrine enfonçait le clou sur ce troisième chapitre prenant et intemporel.

Iniquitous Deeds - Incessant Hallucinations (date de parution : 31 mai 2015, New Standard Elite) :


À mes yeux, la plus belle réussite de l'année 2015 dans le domaine du death technique. Brutal, massif, d'une précision chirurgicale, avec des morceaux tous plus réussis les uns que les autres où se croisaient Defeated Sanity, Inherit Disease, Deeds of Flesh, Embodied Torment et Brodequin. Je vous laisse imaginer le résultat de cette mixture si vous n'avez pas encore écouté cette œuvre majeure et malfaisante qui ne pardonne pas la faiblesse. Un album sans la moindre pitié qui n'hésitera pas à vous piétiner si vous perdez l'équilibre.

Amputory - Ode to Gore (date de parution : 10 mai 2015, Xtreem Music) :


Premier et seul album des finnois à ce jour, sur lequel ils montrent leur dextérité dans la pratique d'un death classique en apparence mais, capable aussi de s'aventurer vers des sonorités plus contemporaines. Bref, du gros death baveux et efficace soutenu par des musiciens d'expérience (avec des membres de Pestigore notamment) complémentaires les uns des autres et qui savent parfaitement où viser pour porter les coups les plus rudes.

Torture Rack - Barbaric Persecution (date de parution : 24 août 2015, Headsplit Records) :


Premier album de l'entité maléfique de Portland avec bien sûr Tony et Jason de Witch Vomit impliqués dans cette histoire, sans oublier Seth Traver de Cemetery Lust et Hemorrhoid. Tout est passé à la moulinette sur cet opus inaugural, death, thrash, black, grind, pour donner un mélange gouleyant de metal cryptique et insalubre, barbare et primitif, qui allait devenir la marque de fabrique des américains sur les albums suivants. Un disque qui permit à Torture Rack d'entrer dans la cour des grands en fracassant la porte.

Triumvir Foul - Triumvir Foul (date de parution : 11 décembre 2015, Blood Harvest) :


Une œuvre d'une noirceur terrifiante qui vous écrase et vous compacte comme si vous étiez coincés dans une benne à ordures. Voilà ce qu'était ce premier album du combo de l'Oregon. Il n'y régnait que mort et ténèbres avec un petit arrière-goût prononcé pour l'occultisme qui renforçait l'ambiance délétère et corrompue de ce pur bijou de death metal moderne côtoyant le black. Un coup de maître pour un premier essai.

Remains - Evoking Darkness (date de parution : 26 février 2015, indépendant) :


Retour aux bases avec ce second opus des mexicains qui s'inscrivait dans une veine très old school qui était propre à ce groupe, en tant que digne représentant du genre. Chacun des dix morceaux qui composent la galette était tout simplement un hymne à la vieille école du death, une déclaration vraie, sincère, respirant l'authenticité et les années 90. Du pur death metal, non dilué, et comme seule l'Amérique latine pouvait nous en faire.

Putrevore - Tentacles of Horror (date de parution : 10 octobre 2015, Xtreem Music) :


On termine par un classique du genre, projet parallèle de deux artistes mondialement réputés qu'on ne présente plus, Dave Rotten (Avulsed) et Rogga Johansson. L'influence d'Avulsed, mais aussi celle de Rottrevore, de Purtenance mais aussi, Incantation, se fait ressentir sur cet excellent troisième opus, travaillé jusqu'à l'os, entre tradition et modernité, le tout baignant dans l'atmosphère gore, horrifique et putride dans laquelle les deux lascars puisent leur inspiration. Impossible à l'époque de passer à côté de cet album jouissif, emballant et délicieusement morbide.

Mentions honorables :

Obscure Infinity  - Perpetual Descending into Nothingness (16 janvier 2015, F.D.A. Records).
Abyssal - Antikatastaseis (23 juin 2015, Profound Lore Records).
Ghoulgotha - The Deathmass Cloak (13 janvier 2015, Dark Descent Records).
Vastum - Hole Below (6 novembre 2015, 20 Buck Spin).
Gruesome - Savage Land (17 avril 2015, Relapse Records).

LES ARCHIVES DE LA CRYPTE - ÉPISODE 28


Chaque lundi, Ravage Cérébral explore les profondeurs les plus obscures et malsaines de la scène death metal underground en évoquant la mémoire de groupes disparus, oubliés, ressuscités ou toujours en activité depuis leurs débuts.

Varathron - Genesis of Apocryphal Desire (1990) :
Le groupe athénien, qui possédait un lineup d'exception à l'époque, signait une seconde démo d'anthologie composée de quatre morceaux très inspirés, situés entre black metal occulte et death metal mystique. Il en résultait une ambiance qui pouvait être à la fois sombre, épique et mystérieuse, baignant dans des harmonies au rythme changeant, tantôt lent, tantôt plus rapide et pouvant lorgner vers un speed/thrash exécuté à la perfection. Alors qu'il n'était que dans la première ère de sa longue existence, Varathron bâtissait déjà sa légende. Trente-cinq ans plus tard, cette démo demeure une référence absolue en la matière sur laquelle le temps ne semble avoir aucune emprise.

Amon - Sacrificial (1989) :
Une démo de très grande classe, en avance sur son temps et qui préfigurait Deicide. Un Glen Benton bestial et démoniaque au chant et à la basse, un Steve Asheim déjà au sommet et bien sûr les frères Hoffman, Erik et Brian, aux guitares, tellement complémentaires et ne pouvant aller l'un sans l'autre au point qu'ils reformèrent le groupe en 2007 après que Benton les ait virés de Deicide. Chacun des six morceaux sur cette démo est un hymne death metal dans la plus pure tradition du genre. Du très grand art noir et subversif, un disque indéboulonnable gravé à tout jamais dans l'histoire du metal extrême.

Treblinka - Crawling in Vomits (1988) :
Première démo du groupe suédois, avant qu'il ne se fasse appeler Tiamat. Quatre morceaux comme autant de coups portés sous la ceinture. Violent, saignant, sans la moindre concession, c'était du death/black précurseur qui ne disait pas son nom, un doigt d'honneur au monde entier directement en provenance des bas-fonds les plus nauséabonds, du metal extrême tout ce qu'il y avait de plus... extrême dans tous les sens du terme, avec notamment un Cadaverous Odour qui s'achève de la plus belle des manières. Une démo à jamais dans la légende.

Sorcery - Unholy Crusade (1989) :
Sans doute la démo la plus aboutie du groupe suédois. Puissance, précision, audace, des riffs très lourds, un chant de métronome, un rythme très soutenu qui ne faiblit jamais. Les scandinaves avaient trouvé leur identité deux ans avant la parution de leur premier album. Au final, on peut dire que cette démo était dans l'air du temps, tellement la Suède dominait outrageusement les débats à cette époque en matière de death metal. Il n'y avait vraiment pas photo.

Expulsion - Veiled in the Mists of Mystery (1989) :
On reste en Suède avec la seconde démo de ce groupe qui pratiquait avec beaucoup de justesse et de rigueur un death/doom de facture classique. Un rythme exécuté la plupart du temps en mid-tempo, lourd, parfois brutal mais, agrémenté par intermittence de parties plus mélodiques donnant une vraie consistance aux compositions. Cela est sans réel surprise mais suffisamment bien structuré pour qu'on s'y attarde.

CHRONIQUES DE LA FOSSE : PVRGATORII - MARCHING THROUGH THEE NIGHT GUIDED BY A BLACK FIRE (2024)


Depuis qu'il a commencé à émerger en Europe au milieu des années 80, le black metal a subi de nombreuses mutations, pas toujours du meilleur goût pour certaines. Le genre a clairement évolué lorsque des éléments symphoniques et médiévaux sont venus se greffer aux compositions avec, il faut le dire, un résultat non dénué d'intérêt. Hélas, les choses ont commencé à partir dans tous les sens lorsque le style s'est aventuré vers la musique folk et l'electro ambient qui donnèrent notamment cette soupe indigeste qu'est le dungeon/synth, pendant que d'autres groupes s'essayaient au metal atmosphérique avec l'étiquette post-black metal bien visible sur le dos. Avant tout cela, la deuxième vague de black metal qui avait déferlé de Norvège au début des années 90 nous avait ramené à quelque chose de plus cru, plus primitif et plus authentique et s'il ne reste aujourd'hui quasiment rien de cette période pourtant novatrice, malgré les scandales qui l'ont traversée, il en ressort un héritage que quelques groupes tentent de conserver. Des groupes qui, pour quelques-uns d'entre eux, semblent rebrousser le temps pour revenir vers ce que le black metal pouvait avoir de meilleur dans ses origines stylistiques venant du thrash, du speed et du punk.

Né en 2018 à Barcelone, Pvrgatorii pratique un black metal qui pourrait le situer chronologiquement quelque part entre la première et la seconde vague du genre. Pas de corpsepaint ici, ni de thématiques ayant attrait au satanisme ou à tout autre imagerie traditionnellement véhiculée dans le black metal, ce duo catalan préférant officier dans un registre pouvant s'apparenter à des sujets qui vont de l'anarchie à la critique de l'humanisme en passant par les doctrines ésotériques. Des thèmes qui peuvent ici surprendre alors que tout semblerait à première vue indiquer que le combo baigne dans tout ce que le black a de plus classique avec un titre et une pochette d'album suffisamment parlants pour savoir à quoi on a affaire. Pourtant, nous sommes loin d'un black metal tel que les groupes norvégiens de la deuxième vague l'exécutaient, Marching Through Thee Night Guided by a Black Fire empruntant des sentiers qui nous ramènent aux prémices du style. L'album est black metal sur le fond, aucun doute là-dessus, tandis que sur la forme, les influences venant du punk hardcore sont très présentes, suintant sur chaque morceau, notamment sur les brûlots incendiaires que sont Serpents Show No Mercy et For Thee Witches. Black metal et punk rock font bon ménage sur cet album, le deuxième du groupe. Ce dernier sait bien jongler entre les deux styles, son aisance étant parfois déconcertante, et ce dès le morceau d'ouverture, Esoterik Antihuman Noise Militia, qui nous entraîne tout de suite dans le vif du sujet. De plus, la production est bien assurée, franche et directe, comme une série d'uppercuts qui touchent leur cible, même si les vocaux pourraient éventuellement en déconcerter certains de par les effets produits dessus (c'est un peu comme si le chanteur avait carrément le micro dans la bouche). Cependant, rien de rédhibitoire, la mixture opère et le groupe arrive même encore à nous surprendre sur un dernier morceau, l'éponyme Marching Through Thee Night Guided by a Black Fire, sur lequel les éléments punk sont un peu délaissés pour laisser plus d'espace à un black metal old school qui vient des tripes. On regrettera juste que l'opus soit aussi court, six morceaux pour moins de vingt-cinq minutes d'écoute mais, c'est sans doute le style pratiqué ici qui veut ça. Qu'à cela ne tienne, Pvrgatorii nous a pondu un sacré bon album, sincère, insolent et dans l'air du temps, tel un crachat à la face de la bien-pensance.

dimanche 5 janvier 2025

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : MERCILESS - BEHIND THE REALMS OF THE DARK

Merciless en 1987 durant les sessions d'enregistrement de "Behind the Black Door" avec, à gauche, le premier chanteur du groupe, Kalle Aurenius, qui décédera en 2017.

Continuons à scruter les parutions du label Darkness Shall Rise Productions. Après Desultory et leurs trois démos légendaires que nous évoquions dans un précédent article, place à un autre groupe suédois ayant marqué de son empreinte la fin des années 80 et le début des années 90 (et toujours en activité aujourd'hui), j'ai nommé Merciless. Grâce à un gros travail de restauration mené par le musicien et ingénieur du son allemand Patrick W. Engel, qui est passé par pas mal de groupes comme Cenotaph, par exemple, et Impending Doom, le combo né en 1986 voit ses deux premières démos rééditées sur un même disque que le label teuton précité va faire paraître le 27 février sous son empreinte en trois versions physiques allant du CD au vinyle, en passant par la cassette audio, selon la même formule, tout compte fait, que pour le Darkness Falls (The Early Years) de Desultory.

La différence par rapport à Desultory est que nous rentrons ici au cœur même de ce qui fait l'histoire du death metal suédois, Merciless étant apparu pour la première fois en 1986, trois ans avant Desultory. Si ces derniers ont apporté leur pierre à l'édifice, Merciless a ceci de particulier qu'il peut être considéré comme un des tous premiers groupes underground de death metal à s'élever au pays du death, la Suède. Quand le groupe conçoit ses premiers morceaux, il reçoit le soutien d'un certain Øystein Aarseth, alias Euronymous, qui les signera plus tard en tant que premier groupe sur son label Deathlike Silence Productions sur lequel il éditera en 1990 le cultissime The Awakening, premier album de la formation et chef-d'œuvre intemporel, n'ayons pas peur de le dire.

On retrouvait sur ce premier opus des morceaux sur lesquels Merciless avait déjà travaillé trois ans plus tôt. En effet, à l'été 1987, le groupe se faisait connaître sur une démo 4 titres que beaucoup considèrent encore aujourd'hui, à juste titre, comme une référence absolue du death metal des origines, Behind the Black Door. Empreinte d'une bestialité sans nom, concentré de haine viscérale et ode d'un nihilisme sous-jacent que chaque morceau dévoilait dans toute son abominable splendeur, cette démo inaugurale s'inscrivait d'ores et déjà dans la marque des plus grands de par son approche extrêmement brutale, sombre comme le fond d'un puits aux relents de putréfaction et servie par un death pouvant aller aussi bien vers un black de la vieille école digne d'un Mayhem des débuts que vers un thrash à la sud-américaine baignant à la fois dans le death et le black metal, à l'image d'un Sarcofago du temps de Satanic Lust ou de The Black Vomit. Mais, les suédois n'allaient pas en rester là. Forts de ce premier essai convaincant, ils poursuivaient leur macabre entreprise en dévoilant en 1988 une seconde démo encore plus mémorable, Realm of the Dark, avec toujours cette même envie, ce même objectif de proposer un death/thrash très noir, féroce et qui malgré ses lacunes en terme de qualité sonore, ce que l'on pardonnera aisément pour l'époque, était avant tout l'œuvre d'un jeune groupe porté par un enthousiasme communicatif et même pas échaudé par le fait qu'un changement de vocaliste s'est produit entre les deux démos. Aujourd'hui remises au goût du jour grâce à un travail de restauration ne dénaturant pas ce qui fut à l'origine, ces deux démos de légende représentent plus que jamais une part de l'histoire musicale que le temps a su garder intact.


LE COIN DES DÉMOS (05/01/25)


Chaque dimanche, Ravage Cérébral ouvre les portes de l'enfer et s'enfonce dans les bas-fonds les plus insalubres pour y rechercher des groupes récents de metal extrême tapis dans les profondeurs de l'underground.

Infinte Misery - Lacerated Viscera (2024) :
Ce groupe du Connecticut, composé de deux musiciens, s'inspire beaucoup de Cannibal Corpse, surtout dans l'imagerie. Musicalement, par contre, les deux morceaux figurant sur cette démo, bien que très old school dans l'esprit, s'orientent vers du death de bonne consistance avec quelques parties techniques pas inintéressantes. Rien de novateur à tirer de cet objet, donc, si ce n'est une vraie dévotion pour un death metal sincère et franc du collier.

Cadaverine - Disdain (2024) :
Ce combo en provenance de Finlande nous sert ici un death particulièrement rugueux et d'un instinct primitif que viennent renforcer quelques sections un peu plus mélodiques dans les chorus, surtout sur des morceaux comme A Dead Spirit of Disdain et Morbid Realm, tandis que Rat Race et Syringe Gods sont beaucoup plus brutaux dans leur approche, un peu à l'image de ce que les groupes finlandais proposaient au début des années 90. Excellente démo qui devrait permettre à ce groupe de s'extraire assez vite du peloton.

Myocardectomy - Carnophage (2024) :
Projet canadien originaire de Colombie Britannique, mené par un musicien multi-instrumentiste qui pratique ici du brutal death metal très classique pas vraiment digne d'intérêt puisqu'une simple boîte à rythmes est utilisée pour la batterie. Inutile de s'attarder davantage sur cette démo qui ne laissera aucune trace.

Cacodemon - Deposition (2024) :
Nous voici dans un projet parallèle porté par deux membres du groupe Fleshmass, dont nous parlions dans un précédent coin des démos. Le principe est à peu près le même mais, avec un rendu encore plus crasseux qui donne un vrai côté méchant et malsain au blackened death old school pratiqué par cette formation. Si les ambiances horrifiques vous intéressent, cette démo devrait probablement répondre à vos attentes.

Mercenary - Black Tapes (2024) :
Direction l'Uruguay avec cet artiste qui a sans doute écouté beaucoup de heavy, de speed et de thrash metal quand il était plus jeune. Il a réuni tous ces ingrédients sur cette démo de cinq morceaux démoniaques se vautrant dans le black metal de la vieille école. Un mélange déjà entendu des milliers de fois mais, qui a tout de même le mérite de conserver son authenticité et son aspect true et raw. À écouter avant tout pour le plaisir, sans attendre quelque chose de particulier.

jeudi 2 janvier 2025

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : DESULTORY - DARKNESS FALLS (THE EARLY YEARS)


Il est toujours intéressant de pouvoir suivre l'évolution d'un groupe au fil du temps. Prenez Death, par exemple. Album après album, nous avons assisté à la lente maturation d'une formation qui, entre 1987 et 1998, a su accomplir une remarquable métamorphose en délaissant les thématiques horrifiques propres au death metal qu'elle pratiquait à ses débuts pour s'aventurer vers un death aux éléments plus progressifs, introduit sur l'album Human en 1991 et que Individual Thought Patterns viendra parachever deux ans plus tard. En Europe, Desultory a suivi, pour ainsi dire, un cheminement à peu de choses près similaire, bien que dans un style différent de Death. Une trajectoire rendue possible grâce à trois démos majeures qui ont construit la légende du groupe suédois, l'amenant à concevoir l'un des albums de death metal les plus aboutis des années 90, Into Eternity

À ses débuts, Desultory n'est pas si différent de Death. D'ailleurs, on peut même dire que la ressemblance entre les deux combos est assez frappante lorsque la première démo des scandinaves, From Beyond, surgit en 1990. On peut y entendre quatre morceaux d'un death metal directement issu du thrash, à l'interprétation solide, grâce à un lineup de musiciens très complémentaires qu'emmène le chanteur et guitariste Klas Morberg (qui devient rapidement un vocaliste réputé), accompagné de Thomas Johnson à la batterie, Jens Almgren à la basse et Stefan Pöge à la guitare. S'inspirant beaucoup de ses compatriotes de Merciless, le quatuor signe un premier acte étonnant de lucidité pour une introduction, forgé dans un death metal qui ne cède pas un pouce de terrain et reposant sur des fondations que le temps n'a pas érodé, même quand on réécoute cette démo trente-cinq ans plus tard.

Cependant, aucun des quatre morceaux enregistrés sur From Beyond ne figurera sur l'album inaugural qui arrivera en 1993, Desultory décidant d'opérer un changement dont les effets vont être constatés dès leur démo suivante, Death Unfolds, qui paraît en février 1991. Avec un lineup inchangé, le groupe se fond dans des rythmiques plus lourdes mais, en même temps plus promptes à tolérer des éléments mélodiques qui occuperont une place encore plus prépondérante sur Visions, la troisième démo datée de 1992. Sur Death Unfolds, des morceaux comme Passed Away et The Chill Within deviennent de telles références que Klas Morberg et ses acolytes n'hésitent pas à les réenregistrer pour les ajouter plus tard à la tracklist de Into Eternity. En janvier 1992, Visions enfonce le clou grâce, entre autres, à une production beaucoup plus robuste qui va rendre des morceaux comme Forever Gone et Depression intemporels à tel point qu'eux aussi figureront en bonne place sur le premier album. Il n'est donc pas surprenant, au final, que Into Eternity ait été accueilli avec autant d'engouement le 3 février 1993 quand on voit le long travail de gestation accompli en amont depuis From Beyond. Un travail sans doute éreintant qui conduira hélas le groupe vers l'éclatement en 1996 avant une renaissance inespérée treize ans plus tard puis, une seconde mort, définitive celle-ci, en 2017. Il n'en demeure pas moins que Desultory demeure un marqueur important de notre époque dans l'évolution du death metal, au point qu'en avril de l'année dernière, un label allemand, Darkness Shall Rise Productions, eut la brillante idée de préserver la légende en rassemblant sur un même disque, Darkness Falls (The Early Years), les trois démos mythiques de ce groupe hors du commun. Passer à côté d'un tel trésor discographique serait impardonnable.