PANTALGIA - AN INTERNATIONAL DEATH METAL COMPILATION, 1992.
En 1992, un label allemand basé dans le Bade-Wurtemberg nommé M.B.R. Records, qui n'existe plus de nos jours, dévoilait une compilation intitulée Pantalgia - An International Death Metal Compilation. Le titre était suffisamment évocateur pour savoir dans quoi on mettait les pieds, le terme anglophone Pantalgia pouvant se traduire par une souffrance affectant le corps tout entier, d'un point de vue médical. Bien entendu, il est à prendre au sens figuré dans ce cas précis puisqu'il s'agit d'une compilation de death metal et que la seule douleur que cela pourrait occasionner est celle que vous ressentiriez éventuellement au niveau des tympans à l'écoute de ce monument sonore. Pour le reste, le label avait voulu frapper fort en allant chercher des groupes basés aux quatre coins du monde, des États-Unis à la Grande-Bretagne en passant par l'Australie, la Norvège, un petit crochet par le Mexique puis, bien entendu les incontournables que sont la Suède et la Finlande. C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai pu réentendre des groupes que je n'avais pas écouté depuis longtemps. Dès le premier des dix morceaux que compte cette compilation, God Macabre m'a littéralement soulevé avec son puissant et vindicatif Ashes of Mourning Life. L'enchaînement qui suit avec Longterm Result de Malediction, extrait de la démo Framework of Contortion parue en octobre 1991 et Disembodied de Rottrevore, titre que l'on retrouve sur la toute première démo du groupe américain, The Epitome of Pantalgia (juin 1990), sont de saisissants témoignages de ce que qu'était le death metal du début des années 90 en terme d'authenticité et de subversion. Globalement, la compilation reste d'un grand classicisme pour tout passionné et ne rebutera sans doute pas tout néophyte désireux de découvrir le death. Extracted Nails de Disembowelment, Evoked Doom de Cenotaph et Mastication de Crematory (on parle ici du légendaire groupe suédois actif de 1989 à 1993), extrait de la sublime démo Wrath from the Unknown (1991) font partie de ces "instant classics" qui ont marqué le style de leur empreinte et qui peuvent constituer un bon point de départ pour tout amateur. Cependant, la compilation révèle aussi quelques trouvailles intéressantes sortant de l'ordinaire, comme les suédois de Pan. Thy. Monium, formation très avant-gardiste de death progressif, les norvégiens de Hydr Hydr et leur death méphitique, ou encore le Therion de la grande époque, fin des années 80 et début des années 90, quand le groupe pratiquait du très beau death, loin de la bouse symphonique qu'il produit aujourd'hui. Bref, cette compilation vaut vraiment le coup qu'on s'y attarde.
MORBID ET L'INCLASSABLE "DECEMBER MOON".
Morbid débarque dans le paysage du metal extrême alors que la scène est en pleine effervescence avec l'apogée du thrash metal. Fondé à Stockholm en 1986, le groupe perd rapidement son batteur et son bassiste avant de trouver une certaine stabilité qui va l'amener à enregistrer sa première démo, qui deviendra ensuite un mythe, December Moon. Le lineup est alors impressionnant avec Ulf Cederlund (qui allait rejoindre Entombed en 1989), L-G Petrov (lui aussi de l'aventure chez Entombed et qui fut emporté par un fichu cancer en 2021), sans oublier Per Yngve Ohlin, plus connu bien sûr sous le nom de Dead, qui finit par quitter le groupe en 1988 pour rejoindre Mayhem et dont on sait le funeste destin. December Moon parut en décembre 1987. Presque quarante ans plus tard, cette démo suscite toujours autant de discussions dans le milieu du metal extrême. À quoi a-t-on affaire au juste ? S'agit-il de thrash metal, de death metal ou des réminiscences de ce qui allait se passer trois ans plus tard en Scandinavie lorsque la seconde vague du black metal allait déferler ? Personnellement, j'opterais pour la solution de facilité en répondant qu'il y a un peu de tout ça sur cette démo. Si vous prenez un morceau comme My Dark Subconscious, par exemple, l'on sent clairement des influences venant du thrash dans l'introduction avant que le rythme et les vocalises de Dead ne nous entraînent en territoire plus sombre. Néanmoins, dans sa dernière minute, le morceau change de tonalité pour adopter de nouveau des rythmiques plus proches du thrash. S'ensuit un Wings of Funeral avec sa courte introduction mélodique virant dans la foulée vers du black/thrash sans concession et lorgnant parfois vers le death lorsque le tempo ralentit lors d'un passage instrumental. Et que dire de From the Dark, longue plage de six minutes, saisissante de noirceur et de beauté crasse, où tant d'influences viennent se télescoper. Ce que je crois, au bout du compte, c'est qu'il est sans doute temps de clore les débats autour de cette démo de légende en disant les choses simplement, à savoir qu'à sa manière, Morbid a sans doute participé à forger la deuxième vague du black metal, tout en s'inspirant du thrash, du heavy metal et de ceux qui furent aux prémices du black metal, comme Bathory, Hellhammer et Sarcofago. Bouclons la boucle une bonne fois pour toute et réécoutons avec l'esprit libre ce bijou à l'état brut qu'est December Moon.
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