Fondé à Stockholm en 2023, Cryptorium s'est fait rapidement remarqué avec une démo, Cryptic Bloodlust, sur laquelle le groupe nous gratifiait d'un death putride à souhait, digne des très vieilles productions old school de la fin des années 80. Le trio, composé de Fabian Larsen au chant et à la guitare, Karl Arvidsson à la basse et Albin Holgersson à la batterie, semble bien décidé à demeurer dans cette frange à l'écoute de son premier opus, Descent into Lunacy, qui paraît sur le label mexicain Personal Records. Dites-vous bien que la moyenne d'âge du combo n'est que d'à peine dix-sept ans, le plus jeune étant Larsen du haut de ses seize ans. Oui, vous lisez bien.
Si Cryptic Bloodlust avait posé les bases de leur style très old school, Descent into Lunacy ne fait que les renforcer à défaut de faire grimper Cryptorium en division supérieure. N'y voyez surtout rien de négatif dans cette assertion. Les qualités sont indéniables, tant au niveau du chant que des instruments et de l'ambiance fétide qui règne sur cet album dont l'artwork est très réussi, soit dit en passant. Des morceaux comme Inner Decay, Incarcerated ou Mournful Dawn constituent des pièces de choix qui rendent un hommage direct au vieux death scandinave des débuts à la Entombed, Gorement, Desultory, Funebre, Abhorrence et j'en passe. On n'est pas dans du death de poseur, le son est lourd, brut de décoffrage, agrémenté d'une production volontairement rugueuse qui fait songer à Massacre. Cryptorium se permet même parfois de prendre quelques risques (on aurait d'ailleurs préféré qu'ils en prennent plus encore) en s'aventurant vers le blackened death sur Horrid Exultation et en construisant d'imposantes structures très travaillées sur le morceau final (long de plus de six minutes) qui a donné son titre à l'album.
Mais, car il y en a un, et de taille, je ressors tout de même de cet album avec une impression assez mitigée. Oui, les intentions sont là ; oui, l'hommage appuyé aux glorieux anciens est une belle attention pour un groupe aussi jeune qui se lance dans l'arène ; oui, le potentiel est présent et laisse présager d'un avenir intéressant. Après l'entrée copieuse que fut la démo de 2023, cet album est un plat de résistance qui se marie très bien avec ce que le groupe nous avait déjà proposé. On peut dire à ce propos que Descent into Lunacy est la suite parfaite de Cryptic Bloodlust. C'est peut-être là que les ennuis commencent car, après une seconde écoute plus attentive, l'impression que le combo se contente du strict nécessaire est hélas grandissante. Encore une fois, il y a de la qualité mais, tout semble posé, agencé, sans véritable interconnexion, alors qu'on n'aurait pas été contre un petit supplément d'âme, de créativité et de prise de risque, comme énoncé plus haut. Au final, le sentiment qui prédomine est celui de voir un groupe qui a de l'ambition, du talent mais, qui à force de trop réciter ses gammes finit par tomber dans la banalité. Ne soyons pas sévères pour autant. Ces jeunes gens ont un long avenir devant eux et largement de quoi devenir un combo qui pourrait animer la scène death suédoise dans les années qui viennent.
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