dimanche 14 décembre 2025

LE CULTE DE L'UNDERGROUND : CES GROUPES QUI ONT MARQUÉ LES DÉBUTS DU DEATH METAL AU DANEMARK (1990-1993)


C'est vers la fin des années 80 et le début des années 90 que la péninsule scandinave fut le théâtre de deux événements majeurs qui allaient changer la face de l'Europe du Nord et même, pourrait-on dire, l'Europe tout court, avec d'un côté l'émergence d'une nouvelle scène black metal en Norvège, tandis que la Suède était secouée, presque au même moment, par l'apparition et l'expansion très rapide du death metal. Si l'onde de choc se propagea rapidement à la Finlande, elle mit un peu plus de temps à arriver au Danemark. Cependant, le pays ne resta pas à végéter des années en regardant placidement ses voisins participer à la fête. Dès 1990, et même un peu avant, les toutes premières formations danoises de death metal firent leur apparition, dont certaines sont toujours en activité de nos jours. Nous avons retenu six groupes que l'on peut considérer comme étant parmi les piliers les plus importants du style dans ce pays.

Defamatory (image ci-dessus) peut être considéré comme un des premiers groupes de pur death metal au Danemark. Né en 1988 à Esbjerg, ville située dans le sud-ouest de la péninsule du Jutland, ce quintette ne vécut que quatre ans avant de disparaître dans les limbes, juste le temps de publier une démo en 1991, intitulée Time, qu'un label espagnol aujourd'hui disparu, Drowned Productions, édita au format cassette. L'objet contient trois morceaux que le groupe enregistra, produisit et mixa lui-même en studio. On peut y entendre un death très rapide, corrosif, d'aspect primitif et influencé par le thrash metal mais, avec un chant très guttural. Avant de s'éteindre, la formation enregistra quatre autres morceaux qui ne virent finalement jamais le jour. Il nous reste donc ce seul témoignage musical comme preuve d'existence de cet éphémère combo.


C'est en mars 1993 que le groupe Infernal Death publie sa première démo. Née quatre ans plus tôt, la formation est alors composée de cinq musiciens au moment où l'enregistrement est dévoilé. Sur quatre morceaux, elle y pratique un death puissant, au rythme de métronome, avec des passages groovy d'une imparable qualité. Bien qu'une seconde démo, A Mirror Blackened,  soit conçue la même année, le groupe quitte la scène de façon subite en 1994 avant de revenir d'outre-tombe, à la surprise générale, presque vingt ans plus tard, avec trois de ses membres d'origine. Un baroud d'honneur qui semble s'être achevé en 2015, après que le groupe ait laissé derrière lui un unique album, Call to War.


Detest voit le jour le 12 décembre 1990 à Brøndby. Le groupe connaît des premières années prolifiques avec la parution d'une promo tape, deux démos et surtout un album, Dorval, sorti en février 1994 sur le label Progress Red Labels, et que beaucoup considèrent encore aujourd'hui comme l'une des pierres angulaires du death metal scandinave. Très inspiré par les formations suédoises et finlandaises de l'époque, Detest pouvait compter sur son imposante section rythmique et son chanteur Peter Jorgensen (qu'on peut entendre aujourd'hui au sein d'Alkymist, formation sludge doom metal basée à Copenhague) dont les vocalises avaient de quoi impressionner, tantôt gutturales, tantôt plus criardes. Deux ans avant cet album, en 1992, le combo en imposait déjà sur la démo DeathBreed dont les quatre morceaux annonçaient la couleur. Mais, le sort en décida autrement puisque Detest implosa en 1996. Il fallut attendre 2013 pour assister à sa résurrection, avec un lineup presque intégralement renouvelé à l'exception de John Petersen, le bassiste et guitariste. Deux autres albums parurent dont le dernier en date, A World Drowning in Detest, l'année dernière.


Véritable institution du death metal européen dont le nouvel album, Serpent Devourment, est sorti en début d'année, Maceration a une histoire qui débute en janvier 1990 sous l'impulsion de Jakob Schultz et Jacob Hansen qui officiaient alors tous deux chez Invocator. Dès octobre 1992, le groupe lance un premier jet fondateur avec A Serenade of Agony, premier album d'une remarquable maîtrise ancré dans un death metal sincère aux riffs tranchants avec des parties mélodiques à vous retourner le cerveau. Hélas, les danois connaissent un énorme passage à vide après la parution de cette œuvre majeure avant de renaître de leurs cendres en 2021 grâce à Schultz et Lars Bangsholt qui embauchent de nouveaux musiciens. Si le groupe a beaucoup changé aujourd'hui (Jakob Schultz étant le dernier membre d'origine), il n'a rien perdu de sa verve légendaire.


Bien avant qu'il ne rejoigne Illdisposed, le bassiste et guitariste Jakob Batten, a fait partie d'un groupe très éphémère appelé Undertaker (comme le célèbre catcheur). Fondé à Silkeborg en 1990, le trio ne laissa qu'une démo comme seule trace de son existence en 1991. Eternal Dormancy était un objet étonnant composé de cinq morceaux baignant dans une étrange ambiance aux accents psychédéliques et reposant sur un death mid-tempo au rythme perturbant construit sur une structure pouvant faire songer à un labyrinthe. Le potentiel était immense mais, eut hélas à peine le temps d'être exploité avant que le groupe ne s'éteigne rapidement.


En 1992, alors qu'il est encore un groupe de thrash metal, Abhorrence accomplit une mutation totale en se dirigeant vers le death pur et dur, profitant de l'occasion pour changer de nom et devenir Moratorium. C'est la même année que paraît une démo enregistrée en novembre, Imature Massacre, sur laquelle le groupe originaire de Roskilde délivre un death metal d'une splendeur absolue, où se télescopent Entombed, Dismember et Grave. Il est hélas à regretter qu'il s'agissait là de la seule et unique parution du combo danois avant que celui-ci ne disparaisse corps et âme en 1993. Pour la petite histoire, sachez que Jon Larsen, le batteur, a fait partie d'Infernal Death en 1994 avant de rejoindre Volbeat en 2001 (il y est toujours aujourd'hui).

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