dimanche 28 décembre 2025

CHRONIQUES DE LA FOSSE : SECRETS - TOWARDS THE NIGHTSIDE... (2024)


À quel moment peut-on qualifier un groupe de "super-groupe" ? Par définition, en se référant rigoureusement au dialecte musical, un "super-groupe" est l'association de plusieurs artistes expérimentés appartenant ou ayant appartenu à des formations réputées. Nous en avons un exemple flagrant avec Secrets, et pour cela, il suffit de citer ne serait-ce qu'un nom pour se faire une première idée : Swartadauþuz. L'homme est une sommité dans le milieu du black metal en étant le mentor de plusieurs projets dont vous avez sans doute déjà entendu parler si vous connaissez l'underground sur le bout des doigts, comme par exemple Bekëth Nexëhmü, Daudadagr, Gnipahalan, Azelisassath, Greve, Mystik ou Muvitium, parmi d'autres. N'oublions pas de préciser qu'il est aussi le gérant du label Ancient Records et de sa sous-division, Mysticism Productions. C'est d'ailleurs sur ce label qu'est paru en 2024 l'album Towards the Nightside... de son projet parallèle Secrets, sur lequel il ne travaille pas seul puisque l'artiste s'est associé à Alexander Poole, alias Esoterica (Chaos moon, Krieg), Likpredikaren (Nattfärd, Ringarë), Laszlo Juhos (Greve, Coldflesh) et Sortilege (qui collabore déjà avec Swartadauþuz sur le projet black metal Gygath). Pas de doute, c'est bien à un "super-groupe" que nous avons affaire. Restait à savoir quelle serait la qualité du contenu qui allait nous être proposé sur Towards the Nightside... 

D'abord, il est intéressant de savoir que l'usage de trois claviers a été nécessaire pour concevoir cet album. On s'en rend compte très vite à l'écoute tant les morceaux débordent de nappes de claviers sirupeuses. Attention, l'adjectif est ici employé dans le sens élogieux car, il n'y a ni facilité, ni mièvrerie dans l'emploi des claviers sur ces morceaux. Les instruments servent ici à ouvrir des portes sur des dimensions mystérieuses, chaque composition révélant son propre monde, une identité qui lui est spécifique. Dès les premières notes de Pagan Dreams, les chevaux de l'apocalypse sont lancés à vive allure, le groupe dévoilant une aisance majestueuse à la pratique d'un black metal mélodique et symphonique (entêtants claviers décidément) qui nous ramène à la magnificence du style tel qu'il s'exprimait dans les années 90. On remarque également que plus les morceaux sont longs, plus le groupe laisse se développer une instrumentation pouvant acquérir une envergure stratosphérique malgré l'obscurité qui règne. Des plages plus contemplatives comme Spawn of the Thousandth Moon, Towards the Nightside ou l'épique Bleeding Black Sacrament avec ses imposantes structures à la Sacramentum, en sont le révélateur parfait. Il y a ici une intensité remarquable empruntant aussi bien à la radicalité du black metal qu'à ses atours les plus atmosphériques, que Swartadauþuz sait superbement restituer dans un autre de ses projets, Trolldom.

Bien sûr que l'influence d'Emperor se ressent fortement, celui des débuts notamment, période In the Nightside Eclipse. Tout le mysticisme et la mythologie du groupe culte norvégien nous explose au visage sur Towards the Nightside.... Cependant, n'allez surtout pas croire que nous sommes en présence d'une vague resucée d'Emperor. Secrets n'est pas dans la parodie, bien au contraire. Il développe avec beaucoup de créativité un univers s'inscrivant dans la continuité d'un black metal ancestral prenant sa source aux origines du genre et s'enracinant au cœur même de ce qui fait la légende du black metal scandinave. C'est cela qui fait de cet album un ouvrage majeur dont vous auriez tort de vous priver.

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