vendredi 20 décembre 2024

CHRONIQUES DE LA FOSSE : FETID - STEEPING CORPOREAL MESS (2019)


Clyle Lindstrom et Julian Rhea sont deux hommes décidément très occupés. Le premier s'est beaucoup impliqué cette année au sein de Corpus Offal, nouvelle itération de "feu" Cerebral Rot, tout en demeurant le vocaliste de Caustic Wound, groupe de death metal grindcore qu'il monta en 2017 avec trois membres de Mortiferum, Max Bowman, Chase Slaker et Casey Moore. Quant au second, il s'investit toujours autant dans des projets death metal basés à Seattle (là où fut fondé Fetid en 2013 sous le nom de Of Corpse), notamment Cystic et Cryptic Excision, et demeure le batteur de Mortiferum, non sans avoir joué en live pour Sewercide et Hyperdontia. Toutes ces occupations n'ont pas empêché les lascars de sortir un des albums les plus aboutis de l'année 2019, Steeping Corporeal Mess, avec leur entité commune, Fetid, pour laquelle ils ont pu compter sur la bassiste Chelsea Loh, présente depuis le début de l'aventure et qui fit un bref passage chez Witch Vomit en tant que musicienne "live".

Vous l'aurez compris, nous n'avons pas affaire à une bande d'amateurs. D'ailleurs, le très réputé label de Pittsburgh, 20 Buck Spin, avait flairé le bon coup en décidant d'éditer ce premier opus du groupe, après que ce dernier ait dévoilé deux ans plus tôt chez Headsplit Records une prometteuse démo, Sentient Pile of Amorphous Rot, qui avait permis de poser les bases. Si vous avez écouté la dite démo, vous allez retrouver un univers familier sur Steeping Corporeal Mess. En un peu plus de trente minutes, le trio dévoile un death vicié et délétère, aux effluves méphitiques, porté par les vocaux abyssaux d'un Clyle Lindstrom habité par la bête des cavernes. Dès le premier des cinq morceaux, Reeking Within, le groupe nous met tout de suite dans l'ambiance avec son death viscéral, profond, glauque et lugubre, lorgnant avec le doom, oppressant dans les passages lents et terriblement écrasant lorsque le rythme s'accélère. Une impression qui se confirme sur le morceau suivant, Cranial Liquescent, véritable monolithe gore et putrescent que la ligne de basse de Chelsea Loh rend encore plus terrifiant. Les diverses influences du groupe se font sentir au fil de l'écoute. Incantation et Witch Vomit ne sont pas loin sur le pestilentiel Consumed Periphery, et bien sûr Cerebral Rot sur le redoutable et suffocant Dripping Sub-Tepidity, tandis que l'on sent que Mortiferum est passé par là sur Draped in What Was, véritable amplificateur de douleur de plus de huit minutes qui montre l'aisance et la complémentarité du trio de musiciens sur des pièces plus longues, plus complexes et plus tortueuses. On notera enfin, et c'est l'un des autres atouts majeurs de cet album, la très bonne qualité de la production assurée par quelqu'un qui est tout sauf un inconnu, Greg Wilkinson, actuel bassiste du groupe Autopsy avec lequel on sent quelques atomes crochus sur ce disque massif.

Puissant, solide, lourd et ténébreux, Steeping Corporeal Mess est à n'en pas douter une pièce maîtresse du death metal US, typique de l'école américaine avec son rythme écrasant comme un rouleau compresseur et malsain jusque dans les moindres recoins, avec son atmosphère irrespirable et ses riffs implacables. Il est la marque d'un groupe surdoué dont on attend avec impatience le prochain méfait.

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